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Dix jours après son coup d'Etat, le général François Bozizé est installé au pouvoir à Bangui sous la protection du Tchad, du Congo-Kinshasa et de la France, dont les soldats sont revenus, quatre ans après avoir "définitivement" quitté la Centrafrique et y avoir fermé leurs bases militaires.
Tous les partis politiques - même celui du président déchu Ange-Félix Patassé, en exil au Togo - sont prêts à collaborer avec le nouveau régime, qui a promis une "transition consensuelle" pour le retour à l'ordre constitutionnel.
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La tenue d'élections est toutefois hypothéquée par les nombreux problèmes d'un pays ruiné, "non pas au bord, mais dans le gouffre", selon l'expression du nouveau premier ministre, l'opposant de toujours, Abel Goumba. Et l'équilibre régional retrouvé, au détriment de la Libye et du chef rebelle congolais Jean-Pierre Bemba, pèsera de son poids sur la volonté affirmée du nouvel homme fort à Bangui de remettre son pouvoir en jeu au fond des urnes. A supposer que cette volonté soit sincère, François Bozizé en étant à sa troisième tentative pour se hisser à la tête de l'Etat centrafricain.
C'est l'armée tchadienne qui, désormais, fait régner l'ordre à Bangui. Envoyés par N'Djamena à la demande du général Bozizé, quelque 200 soldats tchadiens ont mis fin, manu militari, aux vagues de pillages dans la capitale centrafricaine. C'était d'autant plus facile que les plus brutaux parmi les pillards étaient leurs compatriotes, ces "supplétifs tchadiens" à qui la rébellion centrafricaine doit sa victoire et qui ne voulaient pas repartir chez eux sans butin de guerre. Depuis jeudi, tout individu - civil, rebelle ou militaire - convaincu de vol est abattu sur le lieu de son interpellation. Après avoir ainsi sonné la fin de la razzia, les forces de l'ordre ont passé, dès le week-end dernier, plusieurs quartiers populaires de Bangui au peigne fin, pour y récupérer des "biens mal acquis" et, en principe, les restituer à leurs propriétaires. Même relatif, ce rétablissement de la sécurité vaudra un état de grâce au nouveau régime.
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En même temps, la menace d'un retour des rebelles congolais de M. Bemba a été écartée. Pour éviter que ceux-ci ne traversent à nouveau le fleuve Oubangui, dans le but de rétablir au pouvoir M. Patassé et de préserver ainsi la base arrière de leur fief dans le nord-ouest du Congo-Kinshasa, un sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cemac) a décidé, samedi 22 mars, non seulement de maintenir à Bangui son contingent de 300 soldats de la paix, mais de "renforcer les effectifs"de cette force régionale en y intégrant les militaires tchadiens.
Il n'y avait guère d'alternative à cet engagement : dans tous les cas de figure, le Tchad aurait militairement soutenu le "régime ami" qu'il vient d'installer à Bangui, pour sécuriser ses champs pétroliers à proximité de la frontière centrafricaine, où l'or noir doit jaillir à partir de cet été.
Contre l'avis initial du président gabonais, Omar Bongo, le "doyen" de l'Afrique centrale, la Cemac s'est résolue à "régionaliser" le protectorat tchadien qu'est devenue la Centrafrique, la France se portant caution de cette solution. Venus pour évacuer quelque 600 étrangers de Bangui, les militaires français - actuellement 300 hommes - resteront dans la capitale centrafricaine, "en soutien" à la force de la Cemac.
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Les grands perdants de cette nouvelle donne sont, outre M. Bemba, le colonel Kadhafi et M. Patassé. Ayant retiré son contingent militaire de Bangui en décembre 2002, sous la pression conjuguée de la France, de l'Afrique centrale et, en particulier, du Tchad pris en étau, le maître de la Jamahirya libyenne voit son influence définitivement limitée aux terres arides du Sahel. Quant à M. Patassé, son ex-ministre de l'intérieur, Jacquesson Mazette, a fait allégeance au "président Bozizé", promettant de contribuer avec d'autres "éléments intègres" de l'ancien régime à la "reconstruction du pays". A la veille de la chute de Bangui, le même Jacquesson Mazette avait assuré aux habitants de la capitale qu'ils pouvaient "dormir tranquilles"...
Vendredi 21 mars, le président déchu de la Centrafrique, après cinq jours d'attente dans un hôtel au Cameroun, est arrivé au Togo, où il avait déjà vécu en exil, alors qu'il était opposant, de 1982 à 1992. Comiquement cruelle, Radio-Lomé a salué son arrivée en soulignant que "le Togo a su demeurer cet asile où l'on peut trouver refuge"...
D'après Le Monde
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