
Une goutte de sang prélevée au bout du doigt, passée ensuite sur un révélateur. Grâce à cette méthode indolore, rapide et pratique, le gouvernement du Lesotho espère que, d'ici un an, tous les adultes du pays, soit un million de personnes, auront effectué un test de dépistage du sida.
Lors du lancement de ce programme, samedi 6 mars, le premier ministre, M. Pakalitha Mosisili, a choisi de donner l'exemple. C'est la première fois qu'un pays veut organiser un "test universel" du sida.
Ce petit royaume montagneux, enclavé en Afrique du Sud, cumule les fléaux. Un adulte sur trois est au chômage, il ne pleut presque pas depuis trois ans, et le taux de prévalence du sida serait, selon les données actuelles, de 31 %. Jusqu'ici, la prévention de la maladie au Lesotho était basée sur des "distributions de T-shirts et de chapeaux", selon le docteur Bertrand Desmoulins, de l'Unicef. Désormais, le gouvernement ne veut plus laisser les individus seuls face au test, dans un pays où tous les problèmes sont gérés de façon communautaire. C'est en groupe, sous l'égide de chefs traditionnels ou religieux, que les Lesothans iront se faire tester. Volontairement.
L'objectif de ce programme est moins de venir en aide aux séropositifs que de pousser les séronégatifs à le rester. "Il ne faut pas oublier que 70 % de la population sont encore séronégatifs. Il faut que les gens connaissent leur statut et apprennent à se protéger", note Bertrand Desmoulins. Car il n'est pas question de fournir des antirétroviraux. Le royaume n'en a pas les moyens. Un traitement coûte actuellement 500 dollars par personne et par an.
Pour le moment, rien n'est prévu pour les personnes contaminées, ou si peu : un soutien psychologique et des conseils de nutrition et d'hygiène, qui risquent de tomber à plat. Plus de 350 000 personnes, au Lesotho, ne se nourrissent que grâce à l'aide alimentaire internationale. Pour le premier jour de ce "test universel", le roi du Lesotho, Letsie III, ne sera pas présent. La Constitution de cette monarchie parlementaire ne lui confère "aucun rôle de mobilisation sociale".
source : Le Monde |