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Jean-Bertrand Aristide
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Jean-Bertrand Aristide a réaffirmé lundi à Bangui qu'il demeurait le "président démocratiquement élu" de Haïti malgré son départ le 29 février sous la pression de la communauté internationale et de la rébellion armée. Il a appelé à la "résistance pacifique" contre "l'occupation" du pays, où Boniface Alexandre a été officiellement investi à la tête de l'Etat. Au cours de sa première conférence de presse publique à Bangui, capitale de la République centrafricaine où il se trouve depuis le 1er mars, Jean-Bertrand Aristide a souligné qu'il est le "président démocratiquement" et "le reste". Le président déchu a plaidé pour "la restauration de la démocratie à Haïti".
Il a qualifié les rebelles à Haïti de "trafiquants de drogue" et de "terroristes" et de nouveau dénoncé les conditions de son départ, dont il rend responsable les Etats-Unis: "C'était en fait un enlèvement politique. Cet enlèvement politique a malheureusement ouvert la voie à une occupation" de Haïti. Les militaires américains, affirme-t-il, l'ont fait partir "non seulement par la force", mais aussi "par le mensonge". Jean-Bertrand Aristide croyait ainsi qu'on allait le conduire "devant la presse", pour "parler à la Nation". En fait, "je me suis retrouvé dans leur avion pour y rester vingt heures sans savoir où j'allais atterrir", a-t-il ainsi expliqué dans un entretien téléphonique diffusé par RTL.
Interrogé par les journalistes à Bangui sur son exil, Jean-Bertrand Aristide est resté évasif. "Où j'irai dépendra des circonstances. Pour le moment, je suis ici et je suis très bien", a-t-il déclaré en précisant que ses hôtes centrafricains "s'occupaient bien" de lui. Après une série de déclarations à la presse la semaine dernière pour dénoncer son départ en exil, le président déchu s'était fait plus discret, apparemment pour ne pas gêner les autorités centrafricaines.
Jean-Bertrand Aristide n'a pas fait mention des violences à Port-au-Prince, où des tirs ont éclaté dimanche lors d'une manifestation pour célébrer son départ et réclamer son procès pour corruption. Six personnes ont été tuées et une trentaine d'autres ont été blessés lors de ces affrontements, les plus sanglants depuis le départ de l'ancien président haïtien et l'arrivée de la force multinationale intérimaire composée de soldats américains, français, canadiens et chiliens.
Lundi, les marines américains ont reconnu avoir ouvert le feu sur un homme armé qui s'en prenait à eux lors de la manifestation de dimanche. L'assaillant a été tué. "Il avait une arme et il tirait sur des marines", selon un porte-parole de l'armée américaine, le colonel Charles Gurganus. Le chef des rebelles Guy Philippe, a réagi en affirmant qu'il appellerait de nouveau ses hommes à prendre les armes si la force multinationale ne désarmait pas les Chimères, ces miliciens sur lequel s'appuyait le régime de Jean-Bertrand Aristide.
Bandes armées et pillards continuent pendant ce temps de sillonner les rues de Port-au-Prince où une zone industrielle près de l'aéroport, à moins d'un kilomètre du QG des Marines, a été dévalisée. Les voleurs ont fait main basse sur tout ce qu'ils pouvaient trouver: cartons et sacs de marchandises, planches, moulage plastique représentant Mickey et même une cuvette de WC.
Des partisans d'Aristide ont par ailleurs manifesté devant le Palais national de Port-au-Prince où Boniface Alexandre, président de la Cour suprême et successeur constitutionnel d'Aristide depuis sa chute a été officiellement investi lundi président par intérim. La cérémonie s'est déroulée sous étroite surveillance de la force multinationale. Boniface Alexandre, qui n'a pas commenté les déclarations de Jean-Bertrand Aristide, a lancé un appel au calme. "Nous sommes tous frères et soeurs. Nous sommes tous dans le même bateau, et s'il coule, il coule avec nous tous", a-t-il déclaré.
Source : AP |