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Pouvez- vous vous présenter à nos lecteurs ?
J'ai aujourd'hui 33 ans et cela fait 6 ans que je participe à l'aventure de Mosaïque du Monde dont je suis le co-fondateur. J'ai suivi des études de lettres modernes et me suis intéressé très tôt aux nouvelles technologies de façon complètement empirique. Mon rapport au voyage, comme à l'Afrique remonte à des amitiés d'enfance, à des lectures. Aujourd'hui, en marge de Mosaïque du Monde, nous avons créé avec Blaise Mercier une société de conseil en développement informatique.
Quel est l’historique de la création de Mosaïque du Monde (MoM) et quels sont ses fondateurs ?
Pour mettre en place sur le Net la plate-forme pédagogique et culturelle utilisable par tous les élèves et enseignants des classes primaires de la Francophonie, l’association Mosaïque du Monde traverse l’Afrique francophone de 1998 à 1999 afin de raccorder à Internet des établissements scolaires pilotes des pays du Sud : Sénégal, Mali, Burkina Faso, Togo et Côte d’Ivoire bénéficièrent de cette mission appelée "Les Fruits du Baobab".
L’installation des salles informatiques devait impliquer l’ensemble des partenaires locaux (fournisseurs informatiques, autorités éducatives, co-éducateurs, élèves, etc.) et sensibiliser la société civile à l’arrivée de l’outil Internet dans la communauté afin d’engager les prémisses d’une future autonomie technologique. Cette initiative personnelle couronnée de succès fut soutenue par de nombreux partenaires autant dans les domaines logistiques, institutionnels que financiers.
L’association fonctionne maintenant sur programme en fonction des besoins et réalités de chaque pays et de chaque centre. Les solutions sont personnalisées non seulement selon l’économie nationale mais aussi au contact des personnalités rencontrées sur place. Pour mener à terme son action, MoM recherche des partenaires sensibles à la notion de développement durable. Formant des comités de pilotage locaux, ce sont des institutions ou collectivités, associations ou ONG internationales, qui participent activement à l’orientation et à la politique de chacun des centres. Ainsi chacun évolue de façon autonome et le dénominateur commun de tous ces points d’accès reste la pédagogie en ligne, but de l’opération depuis 1998.
En partenariat avec l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie et son programme de Fonds Francophone des Inforoutes, l’association MoM développe alors son réseau à travers trois nouveaux pays : le Bénin, le Cameroun et Madagascar, ils sont connectés en 2000.
Dans les cinq premiers pays connectés l’équipe de MoM et l’Agence Universitaire de la Francophonie coordonnent leur action afin d’assurer un suivi logistique et matériel grâce au déplacement sur place de techniciens spécialisés. En 2003, Mosaïque du Monde travaille encore à élargir son réseau d’accès Internet scolaire pour permettre aux enfants du monde entier de mettre leurs savoirs et leurs cultures en partage grâce à l’outil informatique. La participation d’écoles françaises et étrangères est fidélisée sur le site par l’intervention d’une coordinatrice pédagogique Mosaïque du Monde qui offre un suivi personnalisé et de multiples outils pédagogiques.
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Madagascar, formation avec l’ISOC Society malgache, Antananarive 2001, école primaire publique Bernard Canut
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Quelle philosophie est au centre de votre action et quels en sont les objectifs ?
Mosaïque du Monde a pour ambition de promouvoir le dialogue des cultures en donnant les moyens d’un échange multilatéral via les nouveaux médias et les autoroutes de l’information et par la diffusion de l’enseignement du et en français.
L'Objectif Général est de :
- Raccorder des établissements pilotes dans les pays les plus défavorisés du Sud,
- Impliquer l’ensemble des partenaires locaux (Education nationale, acteurs de l’éducation et des nouvelles technologies, parents d’élèves, etc.) afin de sensibiliser la société civile à l’arrivée de l’outil Internet dans la communauté,
- Apprendre aux enseignants à intégrer l’outil multimédia dans la démarche pédagogique. Leur donner les outils pour organiser l’échange autour d’ateliers en classes et dynamiser les correspondances avec des pays tiers. Inciter à l’échange multilatéral Nord-Sud mais aussi Sud-Sud.
La Philosophie étant de :
- Permettre aux écoles, la découverte de l’autre par le dialogue des cultures. Donner aux enseignants, où qu’ils soient, les outils pour ouvrir leurs élèves au monde,
- Sensibiliser dans les pays du Nord les parents, les enseignants et les élèves à la vie et à la culture des populations du Sud dans le but de créer une réelle solidarité,
- Permettre au Sud l’appropriation des savoirs et des méthodes pédagogiques nouvelles grâce à ce mode d’accès à l’information,
- Développer les échanges multilatéraux et/ ou bilatéraux, créer des cyber-jumelages. Impliquer les ressources locales dans l’échange.
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Signature du protocole d’accord de fontionnement de la salle d’informatique de l’école des coccinelles, Yaoundé, Cameroun, 2003, Monique Zanga
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Quelle est aujourd’hui l’étendue de votre réseau et quels critères vous ont conduit à choisir les pays dans lesquels vous êtes aujourd’hui présents ?
Mosaïque du Monde est présente dans les pays suivants : France, Sénégal, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin, Cameroun, Haïti, Madagascar, Jordanie, Liban, Maroc et Algérie. Des établissements du Canada, de Belgique, de Suisse, d’Italie, du Mali, du Burkina Faso participent aux échanges.
Pour ce qui est du choix des pays dans lesquels nous sommes présents, il s'agissait au départ de nous implanter dans des pays de la Francophonie, travaillant avec des écoles primaires, la langue était un facteur de facilitation des échanges. Au fur et à mesure, les projets furent aussi des commandes d'Institutions, comme en Haïti, de Fondations privées, comme en Angola ou de collectivités locales (Alger, Annaba).
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Visio-conférence entre une école de Paris et la médiathèque Rachid Kouache, Bab El Oued, Alger 2003
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Quelles sont vos relations avec les autorités locales dans ces pays ?
Elles sont systématiquement très bonnes dans la mesure où nous préparons les projets en collaboration avec elles. Que ce soit les ministères de l'éducation nationale, les collectivités locales ou des associations locales, nous les intégrons des le début de la rédaction des dossiers afin de les impliquer et de construire avec eux les projets. Les autorités locales s'investissent alors soit financièrement soit en prenant en charge les travaux de gros œuvres ou les moyens humains.
Ainsi il n'est pas rare que nous ayons à notre disposition du personnel pour la gestion et l'animation des espaces, c'est le cas par exemple au Togo où le Ministère de l'Education nationale à détaché un enseignant qui a en charge l'accueil et la formation des élèves, enseignants et directeurs d'école. Cela permet à moyen terme de diffuser le projet sur d'autres établissements, puisque l'acquisition de matériel informatique est de moins en moins une difficulté, les prix chutant et les parcs des entreprises étant changés régulièrement.
Quelles sont les difficultés majeures que vous rencontrez sur le terrain ou dans la préparation de vos actions ?
Les problèmes rencontrés sont souvent dûs, par expérience, à une non implication des partenaires et / ou à une mauvaise définition des rôles de chacun. Pour y remédier, il est envisagé plusieurs opérations :
Sensibilisation de l’ensemble des partenaires de la société civile,
Création d’un comité de pilotage multipartite qui assure une gestion transparente du projet,
Prise en compte des réalités de terrain, coût d’accès à la salle, des transports, etc.
Pour les formations, la création de poste d’animateur informatique assure un compte rendu d’activité hebdomadaire. La validation par le comité de pilotage permet alors de garantir une politique rationnelle en accord avec les objectifs pédagogiques et sociaux.
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Médiathèque de la reine Rania, élèves en cours, Amman 2002
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Quelles sont vos réalisations de référence et quel est votre calendrier d’actions à venir ?
La plus prestigieuse de nos réalisations restera sûrement la création de la Médiathèque de la Reine Rania, à Amman en Jordanie, sur une commande du Cabinet de la Reine et de la Fondation hachette Lagardère. Mais la plus grande réussite est de voir que les centres montés avec beaucoup moins de moyens il y a cinq ans continuent de fonctionner et même de s'étendre puisque comme à Haïti, de nombreux établissements profitant des formations offertes dans l'école pilote ont aujourd'hui rejoint le réseau.
Fin 2003, pour réfléchir sur nos réalisations et sur l'apport des nouvelles technologies dans l'enseignement du français, nous avons organisé, à l'Université Senghor et à la Bibliotéca Alexandrina, des Assises. Ce fut l'occasion de réunir des enseignants et des chercheurs d'une quinzaine de pays différents afin de présenter les différentes actions et projets menés et de créer des synergies entre elles.
En association avec une autre association, Omar Le Chéri, nous avons obtenu un nouveau financement du Fonds francophone des Inforoutes, ainsi, cette année, nous organisons des sessions de formation à l'intégration des nouvelles technologies en Egypte, au Maroc et au Gabon où nous mettrons en place un espace informatique pilote pour l'accueil des enseignants et de leurs élèves.
Nous travaillons aussi, avec le soutien de la Ville de paris, à la création d'un journal collaboratif qui mettra en valeur les différentes cultures qui font Paris. Ainsi, des établissements seront mis en binôme et travailleront avec l'aide de médiateurs sur les relations des diasporas et de leurs pays d'origines vus par les enfants. La Cité des Sciences de la Villette, comme d'autres associations travaillant sur les primo arrivants sont partenaires de cette action.
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Formation des directeurs d’école à Gbegarney, Cotonou, Bénin, 2002
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Comment financez-vous votre action et quels sont vos partenaires ?
Nous bénéficions de deux emplois jeunes pour le bureau de Paris, ainsi, une responsable pédagogique et une webmestre sont salariées de l'association. Le Ministère de l'Education Nationale finance quant à lui le développement de la plate forme pédagogue. Pour ce qui est de la création de points d'accès ou pour la formation, nous travaillons essentiellement sur projet, nous appuyant alors sur les différents fonds de coopération des organismes publics comme le Ministère des Affaires Etrangères, l'Agence Intergouvernementale de la Francophonie ou des collectivités locales comme ce fut le cas à Alger. MoM a ainsi bénéficié d’un soutien du Fonds francophone des inforoutes pour la mise en place de centres scolaires au Bénin, au Cameroun et à Madagascar.
D'autres partenaires privés ont aussi apporté leur soutien financier à l'association comme la Fondation Hachette ou France Telecom, ou un soutien matériel dans la fourniture de solutions logicielles (Microsoft), d'ordinateurs ou de climatiseurs (sociétés locales).
Enfin, les différents centres jouissent de l'appui technique de l'Agence Universitaire de la Francophonie qui a créé des Campus numériques dans de nombreux pays du Sud. Elle est souvent la garantie de pérennité des centres que nous créons. Je souligne que l'adhésion, la participation et tout les services que nous offrons sont entièrement gratuits pour les écoles.
Pour nos lecteurs qui seraient intéressés par votre engagement, comment pourraient-ils s’impliquer ?
Mosaïque du Monde recherche toujours des compétences, que ce soit dans l'accompagnement des écoles, au nord comme au sud, dans l'appui technique ou dans la rédaction de documents pédagogiques. Nous envoyons ainsi régulièrement des étudiants ou bénévoles auprès des établissements, soit pour des formations complémentaires, soit pour un accompagnement des enseignants dans leurs travaux. Les personnes qui partent pour Mosaïque du Monde sont logées et défrayées par l'association, en général ce sont des missions de trois mois. Il reste à leur charge le transport.
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Classe de "l’Ecole Publique du Libéria", Port au Prince, Haïti 2001. Première école publique connectée en Haïti
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Pour finir, avez-vous un message particulier à faire passer au lectorat de Grioo ?
Nous espérons les accueillir sur le site de Mosaïque du Monde, et que leurs enfants, leurs écoles rejoindront la mosaïque, y apporteront leur pierre.
Grioo vous remercie.
Pour en savoir plus, vous pouvez visiter le site Internet de Mosaïque du Monde :
www.mosaiquedumonde.org
Ou les contacter directement en écrivant à l’adresse :
30 rue au Maire
75003 PARIS
Ou par e-mail : info@mosaiquedumonde.org
Ou encore par téléphone au 01 44 61 73 85.
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