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Entrevue avec Cheick Oumar Sissoko
12/04/2003
 

Cheick Oumar Sissoko, ancien cinéaste nommé ministre de la Culture au Mali au mois d'octobre dernier livre à RFO sa vision de la culture comme facteur de développement économique.
 
Par Hervé Mbouguen
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Cheick Oumar Sissoko  
Cheick Oumar Sissoko
© rfo.fr
 

Vous avez été nommé récemment ministre de la Culture au Mali, quelle est votre conception d’un poste tel que celui-là dans un pays comme le vôtre ?

Cheik Oumar Sissoko : Quel que soit le pays, le département de la culture est le parent pauvre de tous les départements ministériels, c’est pourquoi avec mes collaborateurs artistes et les acteurs culturels, je souhaite changer cette vision. J’aimerais montrer que la culture peut être un facteur de développement et surtout aujourd’hui dans l’Afrique déchirée, un facteur de stabilité et de paix. Il faut arriver à organiser l’économie de la culture pour que nous puissions assurer la diffusion et la circulation des biens culturels et élargir un marché qui est un peu trop étroit. Pour arriver à cela, il faut dans cette explosion de créations artistiques et culturelles, arriver à professionnaliser les artistes et opérateurs culturels.


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Une scène de "Guimba" un des films de Cheick Oumar Sissoko  
Une scène de "Guimba" un des films de Cheick Oumar Sissoko
© http://www.france.diplomatie.fr
 

Quels sont les grands chantiers culturels auxquels vous souhaitez donner une impulsion ?

Cheik Oumar Sissoko : Je pense que la première priorité c’est certainement la circulation et la diffusion des biens culturels. Chaque pays a des produits culturels. Si nous créons des réseaux, nous pouvons développer une plus grande capacité de diffusion de ces biens.

Le deuxième point, c’est celui de la défense des droits des artistes et la protection de la propriété intellectuelle et artistique. Il faut empêcher que les œuvres soient piratées. Et ma priorité aujourd’hui à Bamako est de montrer aux artistes comment monter les projets, préparer les événements culturels, bien gérer les structures qui existent et savoir à quelle porte frapper pour avoir les financements.

Troisièmement, il faut leur offrir des lieux de spectacle. Pour le moment, Bamako n’a pas de lieu de spectacle professionnel pour les grands comme Salif Keita, Ali Farka Touré, Habib Koité, Oumou Sangaré, Rokia Traoré. C’est toujours la salle du Palais de la culture de 3000 places qui est utilisée alors qu’elle n’est pas insonorisée et mal équipée en ce qui concerne le son et la lumière. Nous travaillons à la doter de moyens permettant des rencontres professionnelles d’envergure.
Dans le même temps, je souhaite transformer ce Palais de la culture en une « cité des arts ». Aujourd’hui, il s’étend sur quinze hectares avec un bâtiment gigantesque et magnifique mais utilisé à moins de 15%. Mon souhait serait d’en faire un lieu de dialogue et de création, avec la possibilité pour les artistes d’avoir des salles de répétitions et des cyber-cafés pour communiquer. J’envisage également d’exploiter l’espace extérieur pouvant contenir de 6000 à 7000 places pour faire des grands spectacles. Aussi, comme ce Palais de la culture est situé au bord du fleuve, il serait intéressant d’aménager cet endroit pour leur permettre de se récréer. La ville tourne le dos au fleuve, alors qu’il apporte de l’air, de l’oxygène, de la santé, mais surtout c’est un lieu d’inspiration et de repos ce bord de fleuve.

Si nous arrivons à réaliser cela à Bamako avec le Palais de la culture, en y ajoutant un musée de 1700m² dirigé par Samuel Sidibé contenant également une salle de spectacles de 500 places, nous pourrons alors dire aux grands artistes du continent : « A Bamako, vous pouvez venir, vous pouvez diffusez, vous pouvez continuer ce dialogue que vous construisez avec votre public à travers vos œuvres ».


Actrice de "Guimba"  
Actrice de "Guimba"
© http://www.sea.fi/
 

Comment envisagez-vous de structurer vos initiatives sur le plan régional ?

Cheik Oumar Sissoko : Il faut construire à l’intérieur du pays, dans chaque capitale régionale. A Ségou, Mopti, Gao, Tombouctou, Kidal, Kay, des initiatives existent déjà. Comme à Bamako, il y a des lieux de culture, mais ils sont mal entretenus. Ce qui manque c’est le matériel son et lumière et des techniciens qualifiés. On a besoin de former les ressources humaines. Il faut former des techniciens sons et lumières pour les grands spectacles, des managers, dans le domaine du cinéma, des gérants des salles de cinéma, des exploitants, des projectionnistes.

Je reste convaincu qu’avec un matériel performant et des techniciens compétents, ces artistes, musiciens, peintres, cinéastes vont pouvoir faire des œuvres de qualité, conquérir le marché national et africain et s’attaquer au marché international. La musique est le domaine artistique qui rencontre le moins de problème. Cette musique a enrichi la world music par son style, son rythme, ses voix, mais il faut qu’elle puisse conquérir le marché africain. Les industries culturelles ne peuvent qu’aider au développement.


"La genêse", un autre film de Cheick Omar Sissoko  
"La genêse", un autre film de Cheick Omar Sissoko
© http://babillacine.com
 

Quelles sont les initiatives qui vous allez privilégier ?

Cheik Oumar Sissoko : La culture est facteur de développement parce que les industries culturelles sont un réel potentiel économique. Il n’y a aucune raison que la musique apporte des millions de dollars aux industries américaines et européennes et que ça ne rapporte pas chez nous. Il y a une capacité de création, une intelligence et un génie artistique, mais il faut créer un terrain favorable. Pour permettre des découvertes de talents et d’oeuvres, nous reprenons la biennale artistique du Mali du 6 au 16 septembre. La biennale artistique est un moyen de permettre aux jeunes de Kay de rencontrer les jeunes de Kidal alors qu’une distance de 2000 à 2500 km les sépare.

Le Mali est un pays de stabilité et de paix parce que c’est un carrefour de civilisations, il a pu bénéficier du brassage des communautés qui le constituent. Nous cherchons par là à consolider la cohésion nationale et à créer une conscience panafricaine. C’est pourquoi nous allons inviter d’autres pays à cette biennale.
Aussi, à la frontière du Mali, du Burkina, de la Côte d’Ivoire, nous allons créer un festival de balafon, instrument commun à ces trois pays. Il s’agit de développer des activités d’intégration qui existaient bien avant la période coloniale.
Enfin, nous avons un grand festival dans le désert où nous faisons venir des gens de Mauritanie, du Niger et de l’Algérie.


L'affiche de "Guimba"  
L'affiche de "Guimba"
© http://www.1worldfilms.com/
 

Qu’envisagez-vous de faire pour qu’il y ait une reconnaissance juridique du statut d’artiste au Mali ?

Cheik Oumar Sissoko : J’ai rencontré les artistes maliens et africains vivant en France, lors de mon passage à Paris à la fin du mois de mar. Je les considère comme des ambassadeurs de la culture africaine, il faut donc que nous travaillions ensemble à soutenir la création de la maison de l’Afrique à Saint-Denis et aussi à la mise en place d’un Institut du monde noir à Paris. La reconnaissance de l’artiste passe par la reconnaissance de nos richesses culturelles. Nous avons besoin d’avoir une vitrine à Paris, c’est un carrefour incontournable. Par ailleurs, le continent africain n’étant visible que par les catastrophes, les jeunes immigrés en arrivent à avoir honte de leur continent ignorant le riche héritage humain et spirituel qu’il possède. Cet institut servira à leur montrer cela et à développer la compréhension entre les européens et les africains.

Quels sont les moyens dont vous disposez pour la mise en œuvre de ces projets ?

Cheik Oumar Sissoko : C’est avec le soutien des partenaires que je parviendrai à réaliser ce programme. C’est pourquoi, je suis actuellement en contact avec les ministères français de la Culture et des Affaires étrangères. Je suis aussi en rapport avec les municipalités d’Angers, Lyon et Bordeaux. Enfin, le Mali et d’autres pays africains bénéficient aujourd’hui d’un programme de soutien aux initiatives culturelles grâce à un partenariat avec l’Union européenne. Moi j’y ajoute un partenariat avec la France qui existe déjà sous la forme d’un Fond de solidarité prioritaire sur les métiers d’art.


Scène de lutte dans "Guimba"  
Scène de lutte dans "Guimba"
© http://www.und.ac.za/
 

Avez-vous des partenariats avec des ministères de la Culture dans la sous-région ou sur le continent ?

Cheik Oumar Sissoko : La première porte ouverte est le Burkina Faso et ma collaboration avec Mohamoudou Ouedraogo, le ministre de la culture burkinabé. Quand je me suis présenté au Fespaco (Festival panafricain de cinéma et de télévision de Ouagadougou), nous avons signé un accord de coopération culturelle que nous allons approfondir. Plus tard, notre souhait serait de l’élargir à d’autres pays.
Par ailleurs, j’ai l’intention au mois d’avril de rendre visite les homologues de l’UEMOA ( Union économique et monétaire ouest africaine) pour que nous parlions de l’harmonisation de nos politiques culturelles.
Dans le même temps, nous sommes en train de préparer la rencontre des ministres de la culture ACP (Afrique Caraïbes Pacifique), qui aura lieu à Dakar au mois de juin. Avant cela, j’aimerais rencontrer les artistes ACP pour qu’ils puissent apporter leur contribution et nous interpeller sur des points importants.
Le budget du gouvernement est très serré même si le soutien du président et du premier ministre sont réels. Le ministre des finances étant lui aussi un homme de culture, il est disposé à me soutenir.


Cheick Omar Sissoko  
Cheick Omar Sissoko
© http://www.france.diplomatie.fr
 

Vos initiatives sont-elles totalement neuves ou existe-t-il des antécédents sur lesquels s’appuyer ?

Cheik Oumar Sissoko : Un pays comme le Burkina Faso est pour moi un modèle, il a toujours développé une réelle politique de soutien à la culture. Il a développé des secteurs réels qui ont permis à ce pays d’engrenger un mouvement de créations à travers des manifestations comme le Fespaco, le SIAO, le festival de contes, les deux festivals de théâtre, une biennale artistique, sans oublier la direction nationale du cinéma qui est dotée de moyens pour faire face aux besoins des cinéastes. Le gouvernement burkinabé soutient réellement et concrètement la création artistique et culturelle. Aussi, et son ministre de la culture utilise avec beaucoup d’intelligence les moyens mis à sa disposition. Je vais donc essayer de suivre cet exemple.

Interview reprise de RFO


       
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afrique   burkina-faso   mali   mauritanie   senegal   
 
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