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Il est nigérien, résident français depuis plus de 10 ans, et a choisi l'humour comme moyen d'expression.
Lui, c'est Mamane, un humoriste très talentueux, qui fait son show tous les Lundis à la Comédie-Bastille à Paris.
Il n'est pas encore très connu au sein de notre communauté mais gagnerait assurément à l'être, et si vous voulez rire pendant une heure en vous mettant dans la peau d'un africain débarquant en France, plutôt que de subir le regard des autres "humoristes" sur notre communauté, allez voir Mamane, vous nous remercierez certainement. |
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L'affiche du spectacle, le "One Mamane Show"
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Pouvez-vous vous présenter aux internautes ?
Je m’appelle Mamane, humoriste, citoyen du monde, né au Niger et Africain de France depuis treize ans. Dans mon spectacle, le One Mamane Show, je donne à entendre la France, l’Afrique, la mondialisation, l’immigration vues par un Africain.
Qu’est-ce qui vous a poussé d’une part à devenir comédien, et d’autre part à l’être aussi loin de chez vous ?
Quelqu’un a dit que l’humour « est la politesse du désespoir » ; c’est le meilleur médium pour qui veut dénoncer les injustices du monde dans lequel nous vivons. C’est un espace de liberté extraordinaire, probablement le seul qui reste dans les « pays démocratiques ». Je profite donc de cette tribune pour dire tout haut ce que je ruminerais tout seul chez moi devant ma télé.
Je suis venu en France pour faire un troisième cycle en physiologie végétale ; un copain comédien a lu les textes que j’écrivais pendant mon temps libre et m’a poussé sur les planches. J’y suis allé presque par inconscience. J’ai instantanément été accro. Le public a suivi. J’ai continué.
Avez-vous été particulièrement inspiré par certains comiques ?
Non. Mon influence vient de la bande dessinée dont je suis un grand amateur et surtout des dessinateurs politiques, les caricaturistes. Je suis admiratif devant ces artistes doués d’un sens de l’observation hors du commun : en un seul dessin ils arrivent à être drôle, passer un message et porter une attaque tout en finesse. Ils sont en première ligne dans le combat pour la démocratie notamment en Afrique où ils risquent gros à chaque dessin. Gros « Big up » à tous les caricaturistes Africains !
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Pouvez-vous présenter votre spectacle, le One Mamane Show ?
C’est tout simplement un Africain qui donne sa vision du monde : la France, l’Afrique, la mondialisation, l’immigration, la malbouffe, la politique en essayant d’éviter misérabilisme et esprit revanchard.
De façon symptomatique votre spectacle s’ouvre sur un Mamane en tenue « propreté Ratp » où vous parlez ensuite des noirs qui viennent en France ramasser les crottes de chien. Une vue bien particulière de l’immigration ?
J’ai choisi d’incarner un balayeur Africain pour rendre hommage à tous ces hommes qui quittent leurs villages, leurs familles, leurs champs aux prix de sacrifices douloureux pour venir travailler en Europe et envoyer de l’argent au village. Ils font tous les sales boulots dont les français ne veulent plus, subissent le racisme et la précarité. Tout ça par la faute de nos dirigeants politiques en Afrique qui ne pensent qu’à leurs poches et à leurs proches. Ces migrants méritent d’être la fierté des Africains : ils ne volent pas, ne dealent pas, ne friment pas. Ils bossent dur ! D’ailleurs, contrairement à beaucoup d’Africains, je persiste à penser que l’émigration est une chance énorme pour l’Afrique de rester dans la course mondiale : plus les Africains « sortiront », plus ils apprendront et plus ils apporteront à l’Afrique. A condition de ne pas oublier l’Afrique. Une diaspora puissante ne sera jamais un mal.
Vous réussissez ensuite à fustiger l’ignorance de certains européens avec un pays imaginaire, le Gondwana, situé « au sud de l’Algérie et au nord de l’Afrique du sud », en même temps que l’attitude des dictateurs africains au travers d’une personne vêtue en peau de léopard…
Pour beaucoup d’européens l’Afrique est un pays peuplé d’Africains qui se ressemblent tous, parlent l’africain et mangent des blancs quand ils ont un petit creux. Dans ce sketch du Gondwana j’essaie de mettre à bas ces préjugés qui font mal aux Africains. Quant aux dictateurs j’ai l’intime conviction qu’ils ne pourront pas indéfiniment bloquer l’aspiration des peuples à l’émancipation.
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Finalement, politiciens, accros du portable, Tarzan « l'immigré sans papiers », les religieux de tous bords, la langue française, en prennent pour leur grade chez vous : qu'apprécie donc Mamane ?
Merci pour votre question car je ne voudrais pas que les « grioonautes » pensent que je suis un indécrottable râleur. D'ailleurs râler, n'est-ce pas un cri d'amour ? J'aime passionnément l'Afrique dans toutes sa diversité géographique et culturelle ; mais ce qui me fascine, c'est l'Histoire de ce continent insubmersible. Les grands empires du Mali, Zulu, Dahomey, l'Egypte ancienne pas celle de Moubarak, les grands hommes comme Soundiata, Dan Fodio, la reine Pokou. L'Afrique est toujours là malgré les invasions diverses, l'esclavage, la colonisation, le néocolonialisme ; ce continent est un Highlander :IMMORTEL malgré tous les négrologues et les afropessimistes.
On sait que vous n'êtes pas raciste, mais quel effet cela vous fait-il d'avoir si peu d'Africains dans votre public, et quel message particulier leur feriez-vous passer ?
Je ne suis pas surpris d'avoir si peu d'Africains et d'Antillais dans mon public parce qu'ils ne savent tout simplement pas que j'existe. C'est grâce à des médias comme le vôtre que je dois m'efforcer d'aller vers eux, me faire connaître pour les amener à venir rire avec moi au théâtre de la Comédie Bastille. Certains prétendent que la communauté afro-antillaise n'est pas un public de spectacle d'humour ou de théâtre ! Quelle méconnaissance de notre Histoire et de notre culture. Si les Africains et les Antillais de France ne vont pas en masse dans les spectacles d'humour, c'est parce qu'il n'y a pas une offre assez variée et surtout parce que beaucoup d'humoristes ont fait leur fonds de commerce des préjugés sur les noirs et les minorités. Il faut être sacrément masochiste pour aller écouter les autres rire de soi. J'ai une fois assisté à un spectacle ou le comédien ( très connu en France mais dont je tairais le nom) a dit sur le ton de la blague à un noir du public « Souris que je puisse te voir ». Le pauvre était tellement sonné que c'est sa compagne, une blanche, qui a protesté.
D'autre part le syndrome du noir Banania pèse sur moi en tant qu'humoriste noir : ne pas faire honte, ne pas être le noir de service, le rigolard, l'insouciant, le « oui, Bwana ». Les spectateurs afro-antillais ont souvent peur de venir payer pour un énième spectacle Banania. Je les comprends et je fais tout pour éviter ce piège.
Jusqu'à quand serez-vous visible à la Comédie Bastille, et où le serez-vous après ?
Je suis à la Comédie Bastille tous les lundis à 21h jusqu'au 14 juin 2004. Je ferai quelques dates en province cet été ; en octobre je pense reprendre toujours à la Comédie Bastille. J'aspire passer à une salle plus grande mais, comme disent les Congolais, il faut avancer « malembé malembé » !
Note: Le spectacle de Mamane est diffusé tous les lundis à 21 heures au Théatre de la Comédie-Bastille, 5 rue Nicolas Appert 75011 PARIS, métro Richard Lenoir.
Les informations de réservation peuvent être obtenues au 01 48 01 00 90 |
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