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Elle est jeune, « black », séduisante, mais refuse d’être vue à travers ce prisme, cette jeune antillaise passionnée par la culture noire et refusant les clivages que notre communauté sait souvent offrir. Découverte par le grand public français en tant que « Miss Météo » de Canal+, Vanessa Dolmen a accepté de présenter son « parcours » aux grioonautes, revenant sur ses débuts à la télévision, et sur ses ambitions. |
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Vanessa Dolmen
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vanessadolmen.com |
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Pouvez-vous vous présenter à nos internautes?
Bonjour, je m'appelle Vanessa Dolmen, j'ai 26 ans. J'ai un parcours finalement assez classique. Après le lycée et un bac littéraire je suis allée à la Faculté, où j’ai étudié l’anglais. J'ai une maîtrise d'anglais ,je me destinais au départ à l'enseignement, mais pendant mon cursus, je me suis aperçue que si j'appréciais énormément l'anglais l'enseignement n'était pas vraiment fait pour moi. Je me suis peu à peu dirigée vers la traduction et l'interprétation, et en fait c'est d'une manière assez hasardeuse que je me suis retrouvée dans le milieu de l'audiovisuel. J’ai rencontré un groupe de personnes qui montaient une boîte de production, Makandal, à l'époque, j’étais encore étudiante, je préparais mon mémoire qui portait sur « l’influence de la Blaxploitation sur le cinéma de Spike Lee ».
Pouvez-vous revenir sur votre mémoire de maîtrise sur "l'influence de la Blaxploitation sur le cinéma de Spike Lee" et sur ce que vous avez retiré de ce travail d'écriture?
Le temps d'écriture a été bien plus rapide que les recherches. J'avais déjà en tête la perspective que je voulais donner à mon mémoire. L'écriture fut un vrai plaisir puisque c'était l'aboutissement des recherches. J'avais choisi ce thème parce que je voulais faire un travail sur la représentation des noirs dans le cinéma, c'est un sujet qui m'intéressait vraiment. Faisant des études d'anglais, mon mémoire devait avoir un lien direct avec le monde anglophone. Je me suis tournée vers Spike Lee parce qu'il représentait pour moi l'un des réalisateurs les plus importants du cinéma noir de cette époque là, le plus polémique aussi, on se souvient encore de films comme "Do The Right Thing" qui avait eu l’effet d’ une véritable bombe, ou "Jungle Fever" et même "Malcolm X" plus tard. C'est un réalisateur très important avec qui la plupart des acteurs noirs américains ont commencé, de Samuel L Jackson à Denzel Washington, en passant par Wesley Snipes, Halle Berry (dans "Jungle Fever"), Martin Lawrence et d'autres.
Pourquoi ai-je voulu faire le lien avec la "Blaxploitation"? Tout simplement parce que c'était la période, de 1970 au tout début des années 80, même s'il y en a eu par la suite, où on a vu émerger des héros dans le cinéma noir. Je trouvais intéressant de mettre les deux en perspective, et de voir que de toute façon, s'il y a un Spike Lee aujourd'hui, c'est parce qu'il y a eu un Melvin Van Peebles hier (NDLR: il est considéré comme l'un des pères de la "Blaxploitation"). |
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Vanessa Dolmen présentant la météo sur Canal +
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http://membres.lycos.fr/capstv |
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Une rencontre anodine plus tard, et vous faites votre entrée dans le monde de l’audiovisuel ?
Makandal production projetait de tourner un pilote qui s’appelait Shakara, une émission culturelle dont le but était de trouver des passerelles entre le monde africain, le monde antillais et le monde afro-américain. C'était évidemment un sujet qui m'intéressait puisque les rivalités qui existent depuis longtemps entre les africains et les antillais, entre les antillais de la Guadeloupe et ceux de la Martinique, etc..., sont des rivalités auxquelles je n'adhère pas du tout, et ça m'intéressait de créer un lien entre ces différentes cultures. Il se trouve que ces personnes cherchaient quelqu'un parlant le français et l'anglais pour présenter cette émission, ce qui tombait bien ! Je leur ai parlé de ce que je faisais à l'époque (mon mémoire), ce qui rejoignait un peu la thématique de l'émission, et c'est de cette façon que l'aventure a débuté, et que j'ai commencé à présenter des émissions.
Nous débutions tous dans le métier à ce moment-là, que ce soit les gens de la production qui venaient de la post-production et débutaient donc dans la production, de mon côté malgré quelques petits rôles dans des films institutionnels, je faisais également mes débuts comme animatrice. C'est vrai que l'aventure m'a enthousiasmée je continuais tranquillement mes études en parallèle.
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"Business Africa" et "Initiative Africa", deux émissions que Vanessa Dolmen a présentées
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vanessadolmen.com |
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Après Shakara, vous devenez présentatrice d’une émission pour le groupe « People Télévision ». Comment s’est opérée la transition avec Shakara ?
Le réalisateur de Shakara a présenté sa bande-démo à un groupe de presse People Télévision, basé à Saint-Ouen. People Télévision travaillait sur le concept d'une émission Business Africa. Ils m'ont vue sur la bande-démo en français et en anglais, et comme ils et cherchaient quelqu'un parlant les deux langues pour présenter cette émission, ça tombait bien. Je les ai rencontrés, ils m'ont présenté leur projet, qui était une fois de plus sur l'Afrique, et c'est comme ça que j'ai commencé à travailler pour le continent africain puisque Business Africa a été diffusée en Afrique subsaharienne, et je crois que l'émission est toujours diffusée même si je ne travaille plus pour eux depuis presque deux ans.
Le principe de cette émission était de montrer que le continent africain ne se résume pas à la famine, au SIDA, à la pauvreté et à la corruption, mais de montrer qu'il y a des gens en Afrique qui créent des entreprises, et tentent de faire avancer les choses. Il y avait des associations de femmes qui allaient dans les villages faire de la sensibilisation concernant l'éducation ou les soins médicaux. Le principe de cette émission était de présenter à chaque fois le portrait d'un homme d'affaires, d'une femme ou d’ étudiant(e) qui justement venait de créer sa propre entreprise et essayait de valoriser le continent.
J'ai présenté cette émission pendant deux ans, en français et en anglais, tout en continuant mes études : le principe de l’émission me plaisait car il était en harmonie avec mes convictions.
Après cette émission on a créé sur le même principe « Initiative Africa » qui traitait l'éducation, le social, le culturel et le médical . J'ai animé Initiative Africa moins longtemps. J'ai fait le « pilote » pour le premier numéro, et je suis ensuite retournée à mes premières amours car j'avais envie de faire autre chose. |
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Ziauddin Sardar, Joseph Stiglitz, Reza Baraheni et Ethan Hawke
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Vous décidez alors de mettre votre bilinguisme au service de l'éditeur Fayard et de la Table Ronde. Pouvez-vous partager cette expérience avec nos internautes, et s'est-elle déroulée comme vous le pensiez, vous qui disiez en début d'interview que la traduction vous intéressait à vos débuts?
Pour Fayard ce n'était pas de la traduction mais de l'interprétation, c'est-à-dire qu'à chaque fois qu'un auteur étranger arrivait et devait rencontrer des journalistes, faire un plateau télé ou une radio, je servais d'interprète. Je rencontrais bien sûr l'auteur en amont pour faire connaissance et avoir une meilleure prise sur son travail. J'avais naturellement lu ses livres avant. C'était (..)très intéressant car on passait continuellement d'un milieu culturel à un autre, du monde d'un auteur à celui d’un autre !
Le premier auteur avec lequel j’ai collaboré était Reza Baraheni, un auteur iranien au parcours impressionnant, il est l'un des fondateurs du premier bureau de lutte contre la censure dans son pays, il s'est battu pour les droits des femmes et a été emprisonné pour ses idées.
J’ai aussi travaillé avec Joseph Stiglitz, prix Nobel d'Economie, ça n'avait donc rien à voir. Il y a également eu Ziauddin Sardar qui était venu présenter son roman " Pourquoi le monde déteste-t-il l'Amérique ? " peu de temps avant l'anniversaire du 11 Septembre 2001. Dans le cas de Ziauddin Sardar, nous avons fait plusieurs radios ce qui était intéressant c'est qu'il commentait la politique étrangère des Etats-Unis depuis un siècle au travers des séries télé. Il était intéressant de voir comment « l'Autre » était représenté dans ces séries américaines (pour la plupart de gros succès commerciaux) et comment de telles conséquences avaient pu se produire !
J’ai également eu l’occasion de travailler avec Alan Parker ou Ethan Hawke lors de leur passage à Paris.
L’interprétation est un métier qui continue à me plaire énormément parce qu'il faut être réactif c'est dans l'instant qu'il faut trouver la formule juste, que ce soit pour une interview ou un plateau télé. |
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Vanessa Dolmen présentant la météo sur Canal +
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http://membres.lycos.fr/capstv |
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Un casting plus tard vous vous retrouvez dans un rôle qui peut sembler étroit pour vous quand on vous écoute parler de vos passions, celui de présentatrice de la météo sur Canal +. Que répondriez-vous aux mauvaises langues qui pourraient dire que votre physique ou le fait que vous soyez "black" vous aient permis de décrocher ce poste?
J’ai eu vent du Casting Canal par Richard Joffo qui dirige une association regroupant des personnes qui ont fait soit de la télé soit de la radio, ou qui aspirent à en faire, et c'est lui qui m'a parlé de ce casting, à un moment où j'étais en (..) break par rapport à l'audiovisuel, me demandant si ça m'intéressait.
Je me suis dit « pourquoi pas ? », et j'y suis allée.
Pour ce qui est des mauvaises langues qui diraient que j'aurais pu être embauchée pour ma couleur de peau à un moment où l’on parle de la représentation des minorités visibles à la télévision, je tiens à dire que la question de la "représentation des minorités visibles" à la télévision ne date pas d’aujourd’hui , elle était déjà d’actualité à l’époque où je tournais Shakara, il y a donc 5 ans de cela , je me souviens avoir rencontré Calixthe Beyala qui dirigeait déjà « le collectif "Egalité" » !
En outre, si Canal+ cherchait particulièrement une jeune femme ou un jeune homme noir, je pense que nous aurions été beaucoup plus nombreuses à passer le casting! Il se trouve que nous n'étions que deux, moi incluse, le jour où je suis passée!
Vous avez donc été tout simplement meilleure que les autres le jour où vous avez été auditionnée?
Disons que je correspondais à ce qu'ils cherchaient. Canal+ voulait changer l'image de la chaîne d'une part et de la météo en particulier. Le ton devait être assez sobre, ils cherchaient quelqu'un qui avait un profil de journaliste, ce qui correspondait à ce que j'avais fait jusque là.
Si j'ai accepté ce poste c'est précisément parce qu'il y avait un revirement de la chaîne à ce moment là, et qu’elle sortait du côté un peu loufoque qui ne me correspondait pas. |
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Vanessa Dolmen
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vanessadolmen.com |
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Des gens comme Alain Julot Pétré sur TF1 ou Evelyne Dheliat sur France Télévisions ont pu présenter d'autres émissions après être ‘‘passés’’ par la météo. Voyez-vous votre poste actuel comme un moyen de présenter d'autres émissions dans le groupe Canal+, ou comme un tremplin vers d'autres types de perspectives?
Les deux! (rires). C'est vrai que le principe de la météo a permis à d'autres animateurs sur les chaînes que vous avez citées de faire autre chose. C'est également vrai pour Canal+ où il y a eu beaucoup de "Miss Météo" qui ont pu faire autre chose (...) que ce soit au sein de Canal+ ou ailleurs. L'une d'entre elle est par exemple sur France 2, une autre présente StarMag sur TPS, Mademoiselle Agnès est encore à l'antenne où elle a son émission de mode, ça dépend énormément de la personnalité, des opportunités aussi évidemment. Maintenant il est un peu tôt pour que je vous dise ce qui va se passer, mais c'est vrai que la météo sur un support comme Canal+ est une bonne carte de visite, j'en suis consciente. Et j'aspire à autre chose.
Avez-vous des contacts avec d'autres journalistes afro-antillais du monde des médias?
Depuis que je fais la météo je n'ai pas vraiment eu de nouveau contact, mais j'en avais avant. Je connais par exemple Amobe Mevegue qui est l'un des premiers que j'ai rencontrés. J'ai croisé Cathia Barillo qui a également présenté la météo sur Canal+, Florence Dini du magazine Amina. Richard Dimosi de Vanza Production. Je connais aussi des personnes qui ne sont pas nécessairement journaliste ou animateur, je veux parler de personnes comme Imane Ayissi qui est un fabuleux styliste ! Lolita Babindamana, qui est danseur et chorégraphe ou encore Rido Bayonne qu’on ne présente plus !
Quel conseil donneriez-vous à un jeune ou une jeune afro-antillais qui voudrait percer dans le monde des médias?
Le seul conseil que je pourrais leur donner si tant est qu’il y en ait un, serait de rester curieux de manière à avoir suffisamment de « biscuits » lorsqu’ils se seront en situation ! Apprendre ...toujours ! |
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