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Il faudra des générations pour effacer les traces du génocide au pays des mille-collines
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lynn waldron |
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Dix ans après le génocide, de nombreux adolescents rwandais qui étaient enfants au moment du drame sont toujours hantés par les massacres et ont besoin d'une prise en charge psychologique, souligne Handicap International. A l'occasion du 10e anniversaire du début du génocide rwandais, l'organisation non gouvernementale française rappelle "la nécessité de continuer à venir en aide à un pays toujours profondément marqué par ce terrible épisode".
"Il faudra du temps, plusieurs générations sans doute, pour effacer les conséquences psychologiques des dramatiques événements de 1994", souligne l'ONG. "Les enfants qui ont assisté aux massacres constituent un groupe particulièrement vulnérable." Ces jeunes ont souvent perdu au moins un de leurs parents dans la tragédie. Beaucoup manifestent des signes d'une grande souffrance psychologique: repli sur soi, désocialisation, échec scolaire, crises d'angoisse et de larmes, cauchemars, insomnies...
On constate depuis plusieurs années la résurgence de séquelles psychologiques à l'adolescence. Les manifestations en sont diverses et touchent particulièrement les jeunes filles. Il n'existe pas de statistiques sur l'ampleur du phénomène. Mais selon Déo Butera, directeur de programmes de Handicap International au Rwanda, on l'observe dans de nombreuses familles et écoles, surtout dans les établissements du secondaire.
"Ils commencent à se poser des questions sur le passé. Certains se rappellent certains événements et se trouvent dans une situation de crise psychique", souligne M. Butera dans un entretien avec l'Associated Press. L'action de Handicap International en faveur de ces jeunes prend plusieurs formes: travail avec des associations locales, formation de certains personnels au soutien psychologique, coopération avec le ministère rwandais de la santé...
L'ONG française a ainsi mis en place des "activités de soutien psychosocial". Des ateliers thérapeutiques de dessin et de théâtre permettent de favoriser l'expression des douleurs enfouies. Les cas les plus graves sont orientés vers les trop rares services de soins psychologiques. Handicap International travaille avec le service de consultations psychosociales mis en place depuis quatre ans par le ministère rwandais de la santé "pour renforcer les compétences des équipes et des associations locales dans la prise en charge des enfants fortement atteints psychologiquement", précise Déo Butera.
"On constate aujourd'hui une forte demande d'appui et de formation de la part de centres scolaires à travers le pays", note l'ONG dans un dossier consacré à cette question. "Il apparaît également que les souffrances psychologiques sont très peu prises en compte dans les campagnes, où un travail spécifique reste à mener." Jusqu'à récemment, la souffrance psychique n'était pas reconnue au Rwanda, mais après le drame du génocide, les mentalités ont profondément évolué dans le pays, note Handicap International
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