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Dee Dee Bridgewater répond aux questions de la rédaction
18/04/2004
 

On ne présente plus cette grande dame du jazz, mais pourtant, la rédaction a fait comme si, et de bonne grâce, elle a accepté de revenir sur ses débuts, ce qui l'a poussée à devenir musicienne, les femmes qui l'ont inspirée, dont Ella Fitzerald, son engagement aux côtés de la FAO, tout en réaffirmant son caractère de "traditionnaliste"
 
Par Hervé Mbouguen
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Dee Dee Bridgewater  
Dee Dee Bridgewater
© deedeebridgewater.com
 

Comment êtes-vous devenue une musicienne de jazz?

J'ai toujours eu le jazz en moi, mon père était un trompettiste pendant des années, et quand j'étais encore un bébé, il enseignait la musique dans un lycée de Menphis dans le Tennessee, j'ai donc toujours vécu dans le jazz. Même quand nous sommes allés plus au nord dans le Michigan, où j'ai grandi, le jazz était omniprésent à la maison. Ma mère écoutait des chanteuses comme Ella Fitzerald, Diana Washington pour ne citer que les plus connues, j'ai toujours écouté ce type de musique comme tout le monde alors, et quand j'ai commencé la musique j'ai naturellement choisi le jazz.

Vous avez joué avec de très grands musiciens comme Sonny Rolins, Dizzie Gillespie, Max Roach et d'autres, quel effet cela vous fait-il maintenant qu'ils sont tous partis, et qu'en un sens vous avez participé à leur riche carrière?

J'ai eu énormément de chance de travailler avec Dizzie, Sonny, Dexter, Max Roach, j'ai été une personne assez chanceuse. Bien sûr, maintenant qu'ils sont morts, ce qui est très triste, c'est difficile pour moi parce qu'ils étaient mes pères spirituels, mais c'est aussi une motivation supplémentaire pour moi pour faire de mon mieux en tant que musicienne, de façon à continuer à porter la tradition et, je l'espère, inspirer de jeunes musiciens de la même façon qu'ils m'ont inspirée.

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Ella Fitzerald  
Ella Fitzerald
© fezocasblurbs.com
 

Vous avez parlé d'Ella Fitzerald que votre mère écoutait quand vous étiez jeune, et à qui vous avez consacré un "tribute album" quand elle est décédée. Vous avez joué le rôle de Billie Hollyday au théatre. Pouvez-vous parler de ces ladies qui vous ont inspirée?

J'ai fait un album en hommage à Ella Fizerald en 1997, un an après sa mort. Album qui a été très bien reçu, avec deux grammy awards, une victoire de la musique, une nomination pour l'équivalent allemand des grammy.
C'est un album qui a été beaucoup célébré.
J'ai eu l'occasion de rencontrer et de discuter avec Ella Fitzerald, et je dirai que ce qui m'a le plus influencée chez elle c'est sa simplicité et sa générosité et le fait qu'elle était considérée comme notre ambassadrice numéro un pour le jazz partout dans le monde. Sa musique était omniprésente, même si ce n'est pas une musique que j'écoutais tous les jours, et je n'ai possédé un album d'elle qu'après m'être installée en France en 1986. Celui qui m'avait embauchée pour mon premier job professionel m'avait appris à ne pas écouter les autres chanteurs, pour développer ma propre sensibilité. Je pense que c'est ce qui explique que je me considère comme une musicienne avant d'être une chanteuse, parce que mon approche de la musique est plus celle d'une musicienne.

Billie Hollyday  
Billie Hollyday
© billie-holiday.com
 

J'ai lu la biographie de Billie Hollyday à 20 ans, et j'ai été transportée par son histoire. Je n'avais pas non plus particulièrement écouté sa musique, et c'est lorsqu'on m'a demandé de jouer sa vie dans "Lady Day" en 1986 que j'ai dû faire énormément de recherches pour préparer mon rôle, et c'est à cette occasion que j'ai vraiment écouté Billie Hollyday, mais elle n'est pas quelqu'un que j'aime écouter, parce que je trouve sa musique déprimante. Je ne peux pas l'écouter sans me souvenir des histoires qu'elle raconte, sans faire de liens entre différentes périodes très difficiles de sa vie.

Quand j'ai commencé à chanter, ma musique était souvent comparée à celle de Billie Hollyday, parce que j'adore chanter derrière le beat, même si maintenant je fais plus du off-tempo, mid-tempo.

Je pense que l'influence de ces femmes est quasiment subconsciente pour moi. Ella Fitzerald était omniprésente comme je l'ai dit, et Billie Hollyday aussi était omniprésente. Billie a été une référence pour beaucoup de musiciens aux backgrounds variés, spécialement dans la musique black, en jazz, en soul, en RNB, elle a traversé toutes les frontières.

Le Jazzset  
Le Jazzset
© http://www.jazzset.org/
 

Vous avez remplacé l'un des frères Marshalis à la tête du Jazzset, est-il important pour vous de garder le contact avec des jeunes jazzistes du monde entier?

Les musiciens avec qui je travaille sont jeunes au sens où ils sont plus jeunes que moi qui suis au début de ma cinquantaine, ils ont entre vingt et quarante ans. Il est important pour moi de garder le contact avec ces musiciens parce que quand vous êtes une artiste établie, vous devez aider les plus gens à être exposés. Je vais travailler en Décembre avec David Sanchez, un jeune saxophoniste porto-ricain de trente trois ans.
C'est très important de partager son savoir et son expérience et son savoir-faire avec de plus jeunes artistes, et travailler avec des musiciens qui pourraient tirer profit de cette exposition pour saisir leur chance. Cela a toujours été ma philosophie.
Le show que je fais dans "Jazzset" est basé sur des performances "live" des musiciens et des chanteurs tout autour des Etats-Unis, diffusées par 165 radios aux Etats-Unis.

Norah Jones à gauche, et Lizz Wright ne sont pas des chanteuses de jazz pour Dee Dee Bridgewater  
Norah Jones à gauche, et Lizz Wright ne sont pas des chanteuses de jazz pour Dee Dee Bridgewater
 

Vous avez mentionné le fait que vous êtes plutôt une "traditionnaliste", mais comment voyez-vous la nouvelle génération, nous pensons à des gens comme Norah Jones ou Lizz Wright considérées comme des étoiles montantes du jazz? Quels types de rapport avez-vous avec ces artistes, et que pensez-vous de cette évolution du jazz?

Je ne considère aucune des personnes que vous avez citées comme des musiciens de jazz. Norah Jones a eu l'occasion de dire qu'elle n'est pas une jazziste. Le fait qu'elles soient toutes les deux sur des labels très prestigieux de l'histoire du jazz n'en fait pas pour autant des chanteuses de jazz. Al Greene est aussi sur Blue Note (NDLR: le label de Norah Jones et l'un des plus anciens du jazz).
Les maisons de disques tentent de changer la définition du jazz afin qu'elle corresponde aux intérêts de leur porte-monnaie, elles ne veulent signer que des artistes dont elles estiment qu'ils peuvent leur faire gagner beaucoup d'argent, et c'est tout.
Des chanteurs qui peuvent réellement improviser, qui ont une expérience de différents styles musicaux et qui peuvent l'adapter d'une façon "jazzy" sont pour moi les vrais jazzmen
Dee Dee Bridgewater
Les femmes que je considère comme mes pairs, et qui sont définitivement des chanteuses de jazz sont pour moi Diane Reeves, Cassandra Wilson, Nina Freeland. Il y a une chanteuse nettement moins connue en Europe Vanessa Ruben, Patricia Barber, il y a des chanteurs qui pour moi sont enracinés dans le jazz, et qui sont pour moi les vrais chanteurs de jazz d'aujourd'hui. Des chanteurs qui peuvent réellement improviser, qui ont une expérience de différents styles musicaux et qui peuvent l'adapter d'une façon "jazzy" sont pour moi les vrais jazzmen.


De gauche à droite, Dee Dee Bridgewater, la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba, le Prix Nobel de Médecine Rita Levi Montalcini, l'actrice Gina Lollobrigida, ambassadeurs de bonne volonté de la FAO  
De gauche à droite, Dee Dee Bridgewater, la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba, le Prix Nobel de Médecine Rita Levi Montalcini, l'actrice Gina Lollobrigida, ambassadeurs de bonne volonté de la FAO
© ginocovili.com et fao.org
 

En 1999 vous êtes devenue ambassadeur de la FAO. Comment avez-vous rempli ce rôle? L'Afrique étant l'une des régions du monde où l'on souffre le plus de la faim, cela vous a-t-il donné l'occasion d'entrer en contact avec ce continent?

J'étais l'une des premières ambassadrices de la FAO. Nous sommes des ambassadeurs de bonne volonté dont le travail consiste à amener le public à une meilleure compréhension, une meilleure connaissance de la FAO, et de ses actions dans le monde. J'étais l'un des ambassadeurs à avoir insisté pour faire un voyage dans l'un des pays où l'organisation était établie, j'ai accompagné le Directeur Général, Jacques Diouf du Sénégal. En trois jours j'ai visité vingt-deux villages du Sénégal où la FAO était présente.

Ce qui m'a plu dans le mouvement de la FAO, c'est c'est qu'ils amenaient des gens d'autres pays pauvres apprendre à des habitants d'autres pays pauvres à s'en sortir en ne comptant que sur eux-mêmes, sans dépendre de l'étranger
Dee Dee Bridgewater
Ce qui m'a plu dans le mouvement de la FAO, c'est c'est qu'ils amenaient des gens d'autres pays pauvres apprendre à des habitants d'autres pays pauvres à s'en sortir en ne comptant que sur eux-mêmes, sans dépendre de l'étranger. J'ai aussi apprécié le fait que la FAO mette des femmes à la tête de ces coopératives, parce que dans d'autres expériences où les financements étaient gérés par des hommes, ils dépensaient l'argent pour eux-mêmes et non pour leurs villages.
Je suis allée dans des villages africains où des boliviens venaient leur apprendre à faire leurs propres silos pour stocker leurs graines. Il y avait des vietnamiens apprenant de meilleures techniques de pêche aux villageois, et ce qu'ils pouvaient tirer du poisson au lieu de le consommer uniquement, comment créer des fermes pour poissons. Ils leur ont appris à mettre au poids de meilleurs systèmes d'irrigation pour leurs cultures.
Certains villageois ont appris à cette occasion à travailler avec des vétérinaires, ce qui leur a permis d'offrir une meilleure hygiène à leurs animaux, et à déterminer ceux qui sont malades et mieux s'occuper d'eux.
J'ai adoré cette expérience de ces opérations de la FAO qui ont redonné de la fierté à certains villageois, ainsi qu'une plus grande indépendance, et j'ai eu le privilège d'observer tout cela.

Comme chanteuse, avez-vous déjà eu l'occasion de chanter en Afrique ou prévoyez-vous de le faire?

Pas en Afrique noire. Si les opportunités se présentent, pourquoi pas?

Dans le sens des aiguilles d'une montre: Josephine Baker, Richard Wright, James Baldwin, Miles Davies  
Dans le sens des aiguilles d'une montre: Josephine Baker, Richard Wright, James Baldwin, Miles Davies
 

Plusieurs artistes afro-américains, comme vous-même, comme Joséphine Baker, ont quitté les Etats-Unis pour l'Europe, pensez-vous qu'il était plus facile pour eux de connaître le succès en Europe?

Je dirai que Joséphine Baker n'aurait jamais eu la carrière qu'elle a connue si elle était restée aux Etats-Unis. Ce qui est intéressant en Europe, notamment en France, c'est que les africains-américains, même si je déteste ce terme parce que mes racines vont au delà de la seule Afrique, même c'est le dernier terme qu'on nous a donné, même si je m'en tiendrai à "black" (NDLR: l'interview a été réalisée en anglais).
Quand vous arrivez dans un pays où on ne vous juge pas à cause de la couleur de votre peau, comme c'était le cas aux Etats-Unis, vous vous sentez mieux. Les noirs ont dû se battre pour avoir l'égalité.
Joséphine Baker est venue ici, l'écrivain James Baldwin est venu ici, Richard Wright un autre écrivain est venu ici, plusieurs peintres, plusieurs musiciens comme Sydney Bechet, Kenny Clark. Miles Davis a vécu en France pendant un certain temps, et ma carrière a certainement fleuri en France d'une France d'une manière qui aurait été difficile aux Etats-Unis.
J'ai eu une émission de télévision ici, ainsi qu'une émission de radio, j'ai participé à un opéra de Georges Bizet. Ce sont des choses qui, peut-être, peuvent arriver aujourd'hui, mais qui étaient impossibles dans les années 80.

Dee Dee Bridgewater et sa fille China (à gauche)  
Dee Dee Bridgewater et sa fille China (à gauche)
© mllechina.net
 

Votre fille China vient de sortir son troisième album. En tant que mère, et en tant que mère que pensez-vous de sa carrière?

Je suis très fière de China, elle joue depuis qu'elle a 18 ans, et je suis responsable du fait qu'elle ait décidé de devenir chanteuse. Si je pensais qu'elle n'avait pas le talent, je ne l'aurais pas poussée à le faire, je ne suis pas ce type de parent. Je pense qu'elle a suffisamment de talent pour réussir sur ses qualités propres, sans aucune association avec moi.
Je pense que le fait que je sois sa mère est plutôt un inconvénient pour elle, parce que j'ai l'impression que les français sont plus protectionnistes qu'ils ne veulent l'admettre, et qu'ayant connu moi-même le succès, ils ne sont pas prêts à avoir deux chanteuses noir-américaines vivant en France connaisant un succès fort.
Je pense qu'elle est une artiste suffisamment douée et qu'elle trouvera sa place, c'est une "survivor", même si je ne suis pas sûre que sa place soit en France. J'aimerais la voir en Angleterre ou aux Etats-Unis, parce que je pense que sa musique est un peu trop progressiste pour les radios françaises.
Mais je suis très fière d'elle. Elle a vraiment dû se battre pour que ses labels la soutiennent.

Nous vous remercions.

       
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