
La première conférence nationale sur le sida s'est achevée vendredi au Zimbabwe par un appel à l'unité dans la lutte contre la pandémie, qualifiée par le président Mugabe de "l'un des plus grands défis" à relever pour le pays, dont un quart de la population adulte est séropositive.
Réunis depuis mardi à Harare, quelque 700 délégués, représentant le gouvernement, le secteur de la santé et la société civile, sont convenus lors de cette conférence de la nécessité de coordonner leurs actions pour éviter le gâchis des faibles moyens disponibles dans la lutte contre le VIH-sida. "Ne nous battons pas les uns contre les autres. Ne nous battons pas entre nous. Combattons le VIH-sida", a notamment lancé le ministre de la Santé, David Parirenyatwa, aux participants, parmi lesquels figuraient des députés de l'opposition et des membres d'organisations non gouvernementales.
L'accès aux traitements a été l'un des principaux thèmes de cette conférence, des participants ayant exprimé leur pessimisme concernant l'objectif du gouvernement de fournir des anti-rétroviraux (ARV) à près de 200.000 personnes d'ici fin 2005. Seul 5.000 personnes bénéficient actuellement des ARV au Zimbabwe, où 24,9% de la population adulte est séropositive, un chiffre en légère baisse par rapport à 2000 et 2001, mais que beaucoup considèrent comme sous-évalué.
Sostain Moyo, militant de la lutte contre le sida, a souhaité lors de la conférence que le gouvernement garantisse la "transparence" dans la distribution de ces médicaments, craignant qu'ils ne soient fournis qu'à des privilégiés. Robert Mugabe, s'adressant mercredi à la conférence, avait admis l'énormité et l'omniprésence du sida au Zimbabwe, tout en affichant son optimisme dans la capacité du pays à lutter contre la pandémie.
"Il n'y a pratiquement aucune communauté ou famille dans notre pays qui n'a pas été touchée ou concernée (...) par le VIH-sida et cela inclut la famille élargie du... président lui-même", avait-il déclaré. "Il n'y a aucun doute que le VIH-sida est l'un des plus grands défis auxquels notre nation doit faire face", avait-il ajouté, estimant qu'il ne s'agissait pas "d'un défi insurmontable".
"Nous pouvons et nous devons y répondre et gagner ce combat", avait-il estimé, soulignant que "l'amélioration de l'accès aux traitements" était "une des priorités du gouvernement". Assistant jeudi à la conférence, l'ancien président zambien, Kenneth Kaunda, dont le fils est mort du sida en 1986, avait appelé les Zimbabwéens à laisser de côté leurs divisions politiques et à s'unir pour lutter contre le sida.
"Je ne vous dis pas d'oublier vos idées ou votre religion (mais) de vous rassembler, de lutter ensemble pour détruire cette chose avant qu'elle ne nous détruise", avait notamment déclaré M. Kaunda, qui a 80 ans. Le VIH-sida tue chaque semaine 3.000 personnes au Zimbabwe.
138.000 Zimbabwéens sont morts en 2003 du VIH-sida et au moins 761.000 enfants sont orphelins du fait de la pandémie, ont indiqué des représentants du ministère de la Santé lors de la conférence.
Trois quarts de la population du Zimbabwe vivent sous le seuil de pauvreté, selon les derniers chiffres des Nations unies.
Le pays connaît une grave crise économique, politique et sociale.
Depuis trois ans, plusieurs millions de Zimbabwéens dépendent de l'aide alimentaire internationale, conséquence de sécheresses consécutives mais aussi des effets désastreux sur la productivité de la réforme agraire imposée par la force à partir de 2000 par le régime du président Robert Mugabe.
Avec AP |