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La conférence de l'Organisation internationale de la francophonie qui s'est achevée hier à Brazzaville était la première manifestation de cette instance depuis l'intervention militaire d'une coalition essentiellement anglo-saxonne en Irak. Mais l'occasion de rappeler la cohésion qui s'était manifestée à Beyrouth en octobre dernier lors du sommet de l'OIF n'a pas été saisie. La position française défendue par Jacques Chirac avait rallié alors la quasi-totalité des 55 pays qui composent cette nébuleuse ayant «le français en partage».
A Brazzaville, où la réunion a été placée par tous les orateurs sous le patronage pratique mais quelque peu abusif du discours du général de Gaulle traçant en janvier 1944 les perspectives d'une nouvelle donne en Afrique, il s'agissait plus prosaïquement de débattre des droits de l'homme et des moyens à mettre en oeuvre par la francophonie pour les consolider, sinon les créer. Les deux Congo – le nouveau secrétaire général de l'OIF, Abdou Diouf, s'est rendu samedi en visite à Kinshasa – constituaient un symbole et une gageure, tant il est toujours périlleux de parler de corde dans la maison du pendu.
La conférence des «structures gouvernementales chargées des droits de l'homme dans l'espace francophone» – tel était son nom officiel – s'est déroulée dans le monumental palais des Congrès de Brazzaville où les plaies de dix ans de guerre civile sont toujours vives. Un immeuble inauguré, comme l'affirme toujours la plaque vissée sur l'un des murs «le 24 juillet 1984 par le camarade Denis Sassou Nguesso, président du comité central du Parti congolais du Travail, président de la République, président du Conseil des ministres avec la participation de la délégation chinoise du parti et de l'État».
C'est le même Denis Sassou Nguesso qui est toujours aux rênes de l'Etat. Mais le «camarade» s'est converti aux vertus du multipartisme et les amis chinois ont été remplacés par les experts du Fonds monétaire international. Une évolution aussi spectaculaire que celle de Mathieu Kerekou au Bénin, lui aussi passé du marxisme léninisme affiché à l'économie de marché avec dans les deux cas l'onction du suffrage universel. Ce n'est pas la girouette qui tourne mais le vent qui change ; les illusions communistes des années 70 ont cédé la place au libéralisme économique. Ballottées, les populations n'ont guère vu le changement ni d'un point de vue économique ni sur le terrain du respect des droits de l'homme et du citoyen.
La diplomatie a son propre cheminement dont le pas peut sembler désespérément lent. Les efforts qualitatifs de l'OIF pour passer du stade d'amicale linguistique à celui d'organisation politique soudée par l'acceptation d'un cadre commun ont été affirmés en 1997 à Hanoï. En novembre 2002, la «déclaration de Bamako» était adoptée.
Par ce manifeste ambitieux, les gouvernements s'engageaient à consolider l'état de droit, garantir la tenue d'élections libres, fiables et transparentes, favoriser une vie politique apaisée et promouvoir la culture démocratique et le plein respect des droits de l'homme. Un catalogue qui peut prêter à l'ironie sur les berges du Congo. Le serment a été depuis renié tant en Côte d'Ivoire qu'en République centrafricaine, pour ne prendre que les exemples récents. «S'agissant de démocratie et de respect des droits de l'homme, ce ne sont pas les grands principes qui font difficulté», a amèrement constaté à Brazzaville Pierre-André Wiltzer, le ministre français de la Coopération. Le problème est de donner un contenu à un texte qui a le mérite d'exister et surtout de prévoir dans un chapitre, la mise en oeuvre de mécanismes de suivi et d'intervention.
Au-delà de la nécessité formelle, le ministre français a souligné que «bien souvent, lorsqu'un pays enfreint les droits de l'homme, c'est parce que son appareil d'Etat est trop faible pour les faire respecter». Le problème n'est pas tant celui des textes juridiques mais de leur application. Il ne s'agit pas de trouver, pour parodier Platon, de «bons juges pour rendre supportables de mauvaises lois», mais de faire progresser l'idée que «l'état de droit est non seulement une nécessité éthique mais encore et surtout un facteur essentiel du développement dans le domaine économique et social».
Cette approche pragmatique défendue par Pierre-André Wiltzer est partagée par le nouveau secrétaire général de l'OIF. Ancien président du Sénégal, Abdou Diouf n'a pas caché «les insuffisances et les échecs» de la marche vers la démocratie mais il a aussi mis l'accent sur le lien entre démocratie et investissement.
Dans l'euphorie de la conférence, Denis Sassou Nguesso a annoncé la prochaine ratification de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements inhumains ou dégradants et à parachever la procédure de ratification du statut de Rome portant la création de la Cour pénale internationale...
D'après Le Figaro |
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