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Pouvez-vous vous présenter à nos internautes?
Je suis Lise-Laure Etia, journaliste sur la chaîne TV5 depuis mars 1993 où je présente un magazine bimensuel sur l’actualité africaine. Je suis camerounaise et, je peux le dire, le 19 octobre prochain, j’aurais 40 ans.
Comment êtes vous arrivée à TV5?
C’est un concours de circonstances, rien de plus! Au départ, je ne me prédestinais pas à une carrière de journaliste. J’ai fait un DEUG de droit et comme depuis le lycée je m’intéressais beaucoup aux relations internationales, j’ai poursuivi mes études dans ce domaine.
J’ai commencé le journalisme par simple curiosité. Comme mon père, j’aime la politique, comprendre comment les gouvernements fonctionnent. Et puis surtout, j’avais tout à portée de main! En France, en milieu universitaire, vous avez accès à tous les journaux. Le Monde est gratuit à la bibliothèque.
Lorsque que j’étais à la fac, j’ai fait une bonne rencontre : Mactar Silla, qui allait devenir plus tard, directeur de TV5 Afrique. J’avais déjà fait de la radio et de la presse écrite et lui me propose carrément de présenter les actualités sur TV5! Je n’y croyais pas mais il m’a bel et bien rappelée. Et c’est ainsi que tout a commencé. |
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Lise-Laure Etia est une admiratrice d'Anne Sinclair
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aatelevision.fr.fm |
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Jusqu’au point d’avoir votre propre émission, ce n’est pas rien!
Il a fallu que je me batte pour cela. Lorsque j’ai commencé sur la chaîne, on ne me voyait pas à l’image, on entendait ma voix, c’est tout. Un jour, j’ai eu un déclic. J’étais au musée Grévin et en voyant la poupée de cire représentant Anne Sinclair - que j’admirais beaucoup - je me suis dit : "Mais finalement, c’est une femme comme les autres". Après cela, j’ai demandé à un caméraman de me filmer et lorsqu’il m’a dit que je passais bien, ça m’a donné le courage de me lancer. Il fallait que je fasse une émission sur l’Afrique, c’était devenu un défi. En 1993, j’y suis arrivée.
Mais est-ce qu’être une femme et être noire vous a rendu les choses plus difficiles?
Dans mon métier de journaliste à TV5, je n’ai jamais eu de problèmes de racisme. C’est dans ma vie de tous les jours, d’étrangère en France puisque je n’ai pas la nationalité, que je le subis. Je sais que je suis noire, je n’ai pas besoin qu’on me le rappelle, surtout que c’est rarement pour me dire des mots doux…
Il y a un vrai problème de représentation des Noirs et des Arabes dans les médias. Lorsqu’on va Roissy et que l’hôtesse Air France est noire, on ne s’étonne pas. Cela devrait être pareil pour le journaliste du 20h. Au stade de France, pour n’importe quel match, il a y des Noirs et des Arabes dans le public, comme sur la pelouse. Pourquoi ne voit-on qu’une partie de la tribune et de l’équipe à la télévision? |
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Interviewer Omar Bongo ou un agriculteur? C'est pareil pour Lise-Laure Etia
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http://us-africa.tripod.com |
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La France c’est aussi les Antillais, les immigrés et leur enfants. Et la diversité culturelle ne doit pas seulement être une belle expression valable que pour l’art. Laisser les personnes issues de minorités prendre des places n’en enlèverait aucune aux autres et permettrait à tout le monde de s’enrichir. Mais en tout cas, je ne suis pas pour les quotas. La compétence doit être l’unique critère.
Etre une femme est plutôt un plus. Je ne suis pas féministe dans l’âme. Je suis pour le droit de l’Homme avec un grand H, femme, enfant, Noir, Blanc ou Rouge.
En tant que femme, j’aborde certains sujets différemment. Même par rapport à mes invités cela ne me désavantage pas. Je sais très bien gérer ceux qui s’imaginent faire ce qu’ils veulent d’une femme journaliste qui a l’air plutôt jeune et pas spécialement méchant. Généralement dès la première question, ils reviennent sur cette idée…
Dans mon émission, je reçois tous types de personnes. Interviewer Omar Bongo ou un agriculteur dans son champ, pour moi c’est la même chose. Les titres et fonctions ne m’impressionnent pas. Les beaux discours, non plus. Ce qui compte, c’est ce que la personne fait. |
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Lise-Laure Etia adorerait interviewer Nelson Mandela
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Votre émission est bimensuelle, comment organisez-vous votre travail?
Généralement, une semaine sur deux, je suis l’actualité, dans tous les domaines : politique, économique, culturel, sportif… A la fin de cette semaine, je définis mes sujets et la suivante je tourne. Le montage est fait le vendredi et le samedi la casette est prête pour la diffusion de l’émission.
J’ai une liberté totale. Bien sûr, je soumets mes idées au directeur de l’information qui donne son point de vue. Mais jamais on ne m’a empêchée de traiter un thème.
Quel est votre plus beau souvenir sur « Continent noir »?
Mes grandes joies sont des rencontres. Je pense à une, particulièrement. Celle d’un monsieur, d’au moins 80 ans maintenant, qui soigne les habitants le long du fleuve Niger. Il n’a pas de diplôme de médecine, n’a jamais fait d’études et pourtant, il dirige un cabinet médical, sait détecter un "palu" et le guérir. Il est une formidable leçon de vie à lui tout seul.
C’est que j’aime dans mon travail : rencontrer des gens ordinaires qui sont extraordinaires. La personne que je rêverais d’inviter sur mon plateau, c’est Nelson Mandela. Il est un demi dieu pour moi. Il a défendu ses convictions jusqu’au bout, il doit être un modèle pour tous.
Et votre plus mauvais souvenir?
Je ne peux pas parler de plus mauvais souvenirs, mais plutôt de déceptions. Celles d’invités qui ne viennent pas, surtout. C’est d’ailleurs mon principal stress. Chaque vendredi d’enregistrement, c’est l’angoisse. Mes invités ne sont souvent que de passage en France. Je les prends entre deux vols. Il m’est déjà arrivé que la personne ne vienne pas et cela m’arrivera sûrement encore. Dans ces cas là, on trouve toujours une solution. |
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Lise-Laure Etia lit "L'Equipe" tous les jours
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L'Equipe |
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Avez-vous des regrets par rapport à votre carrière professionnelle?
Un, peut-être. Si j’avais su dès le départ que je ferais ce métier, j’aurais tout de suite essayé le journalisme sportif. Je suis passionnée de sport. Cela en étonne certains, mais je lis L’équipe tous les jours. Au Cameroun, j’ai pratiqué le volley-ball pendant dix ans. Les tournois m’ont d’ailleurs permis de voyager et de découvrir mon pays.
Mais moi, mon truc, c’est le foot. Seulement, à l’époque, impossible de faire passer cette idée auprès de mes parents. Une fille en crampons, c’était inimaginable pour eux. C’est en France que je m’y suis mise, en 1990. Jusqu’à l’année dernière je faisais partie d’un club, allais aux entraînements, participais à des matches. La vie de Zidane, quoi! Mais en amateur... A mon grand regret, une rupture des ligaments croisés m’a empêché de continuer.
Le sport m’aide pour ma vie. Le volley, le foot transmettent des valeurs essentielles. Et puis cela me permet de décompresser. Et surtout, de toujours garder un esprit d’enfant. C’est le côté ludique qui m’attire. |

Aujourd’hui, quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut devenir journaliste?
Faire ce qu’il aime. Il est branché Formule 1? Qu’il se lance dans le domaine, l’environnement l’intéresse, c’est pareil. Si c’est la politique, tant mieux, mais il ne faut pas croire que le journalisme, ce n’est que cela et que le reste ne compte pas, ou moins.
Autre chose, qu’il n’ait pas peur de tomber. Parce que des chutes, il en fera. Mais il faut que ce soit pour toujours mieux se relever.
Nous vous remercions.
« Continent noir», magazine de l’actualité africaine sur TV5 Afrique, deux samedis par mois à 12h15. |
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