
Le Soudan s'est engagé samedi à se conformer à la résolution du Conseil de sécurité de l'Onu l'enjoignant à rétablir d'ici un mois la sécurite dans le Darfour sous peine de sanctions.
L'armée française a, par ailleurs, lancé depuis le Tchad un pont aérien humanitaire pour venir en aide aux populations de cette province de l'ouest du Soudan en proie à la violence et à la rébellion.
"Le Soudan n'est pas content de cette résoluttion mais il la respectera autant faire que peut", a déclaré l'ambassadeur de Khartoum auprès de l'Union africaine, Osman al-Saïd, lors d'une conférence de presse à Addis-Abeba, siège de l'UA.
"Nous sommes conscients que si nous ne le faisions pas, nos ennemis n'hésiteraient pas à prendre d'autres mesures contre notre ays", a ajouté le diplomate.
"Le Soudan accepte la décision du Conseil de sécurité concernant le Darfour parce qu'il est membre des Nations unies et qu'il n'a pas d'autre choix. Le Soudan ne sera pas un nouvel Israël, qui n'a aucun respect pour les décisions de l'organisation internationale", a souligné l'ambassadeur.
Dans un premier temps, le gouvernement de Khartoum avait qualifié de "fâcheux" le texte voté par 13 des 15 membres du Conseil de sécurité.
Le représentant de Khartoum auprès de l'UA a cependant dénoncé l'attitude des Etats-Unis, initiateur du texte adopté à l'Onu et donnant un mois à Khartoum pour désarmer les milices arabes "djadjaouid" progouvernementales accusées de terroriser la population africaine de la province.
"Le Soudan rejette totalement les mobiles qui inspirent le gouvernement américain auteur de ce texte, pour la bonne raison que cela n'a rien à voir avec la situation des populations du Darfour ou de l'Afrique", a déclaré Al Saïd, qui a accusé l'administration Bush de visées électoralistes dans cette affaire à l'approche du scrutin du 2 novembre.
L'ambassadeur a enfin exhorté les 53 Etats membres de l'UA de proposer leur médiation pour trouver une solution au Darfour. "C'est un problème africain, qui devrait être réglé par les Africains", a-t-il souligné.
Lors d'une escale au Koweït, Colin Powell a exhorté samedi le Soudan à mettre à profit le délai d'un mois pour rétablir la sécurité au Darfour et soulager les souffrances des centaines de milliers de personnes déracinées par le conflit.
"Ils (les Soudanais) peuvent raconter ce qu'ils veulent. Le Conseil de sécurité s'est exprimé à ce sujet avec fermeté", a confié aux journalistes le secrétaire d'Etat américain.
"J'espère que le gouverement soudanais utilisera le délai accordé dans cette résolution pour faire tout son possible pour mettre au pas les 'djandjaouid'", a-t-il ajouté.
Pour les Nations unies, le Darfour, où plus d'un million de personnes ont été déplacées par les combats et les exactions, constitue la plus grave crise humanitaire du moment dans le monde.
L'armée française a commencé samedi un pont aérien à partir du Tchad voisin pour acheminer de l'aide humanitaire aux populations du Darfour. Deux-cents militaires français doivent en outre être déployés côté tchadien de la frontière pour "sécuriser" la zone.
Dans un communiqué se félicitant de la résolution de l'Onu, l'Union européenne a annoncé qu'elle enverrait une équipe d'experts militaires et civils dans la région la semaine prochaine pour étudier de manière urgente comment soutenir la mission que l'UA envisage de monter au Darfour.
A Khartoum, le ministre soudanais des Affaires étrangères, Moustafa Osman Ismaïl, a annoncé samedi que la rébellion de Darfour gagnait l'est du pays.
Selon lui, l'un des deux groupes rebelles du Darfour, le Mouvement pour la justice et l'égalité (MJE), a forgé une alliance avec l'Association des lions libres du Soudan, une organisation opérant dans l'est du Soudan, lors d'une réunion de l'opposition organisée il y a deux semaines en Erythrée.
"Nous disposons d'informations émanant de services de renseignement selon lesquelles ils (le MJE et les Lions) se livrent déjà à des activités militaires avec le concours du gouvernement érythréen", a déclaré aux journalistes le chef de la diplomatie soudanaise.
Pour le moment, les rebelles n'ont pas réagi à cette accusation, qui n'a pas pu être corroborée de source indépendante
|