
Au moins 60 personnes asphyxiées dans un conteneur hermétiquement fermé, des exécutions sommaires: un rapport préliminaire des Nations unies détaille les éléments et témoignages réunis après la découverte de charniers dans le nord de la Côte d'Ivoire.
Les trois charniers ont été localisés le mois dernier par des enquêteurs de l'Onuci, la mission de l'Onu en Côte d'Ivoire, dans le secteur de Korhogo, fief des ex-rebelles des "Forces nouvelles" qui contrôlent la moitié nord du pays.
Ils renfermaient les corps d'au moins 99 personnes tuées lors d'accrochage entre factions rivales les 20 et 21 juin.
Le document, que Reuters a pu consulter mardi, n'est qu'un rapport préliminaire et la version finale, attendue dans un proche avenir, pourrait être différente, a précisé un porte-parole de l'Onu.
Il ne fournit notamment aucun élément sur les responsabilités de ces massacres et indique que des enquêtes complémentaires sont nécessaires.
Citant des survivants, le rapport préliminaire écrit que plusieurs dizaines de personnes ont été enfermées sans eau ni vivres dans au moins deux conteneurs de transport.
Soixante à 70 d'entre eux auraient péri asphyxiés dans l'une de ces prisons métalliques sans aérien et exposées en plein soleil.
"Pour boire, les détenus ont léché leur propre sueur ou celle d'autres prisonniers", rapportent les enquêteurs de l'Onu.
A sa sortie, un prisonnier rescapé ne pouvait plus marcher, ses pieds étant infectés après avoir été bloqués plusieurs jours sous des corps en décomposition, ajoutent-ils.
D'autres témoins parlent de trois groupes d'une quinzaine de détenus emmenés et exécutés.
Les rebelles ivoiriens, qui ont refusé de commenter les révélations de la mission d'enquête de l'Onu, ont déclaré que les affrontements du mois de juin avaient éclaté à la suite d'une tentative d'assassinat contre leur chef politique, Guillaume Soro.
Ils ont accusé des combattants liés à Ibrahim Coulibaly, un ex-rebelle qui vit à Paris, d'être à l'origine de ces combats.
Coulibaly a pour sa part mis en cause la direction des "Forces nouvelles" et affirmé que "les tueries de Korhogo sont l'un des effets de l'épuration menée par la direction des Forces nouvelles".
Les éléments réunis par les enquêteurs de l'Onu confirment en partie des informations fournies par Amnesty International, qui déclarait au début du mois que plusieurs dizaines de personnes avaient été placées dans des conteneurs et étaient mortes asphyxiées.
L'organisation non gouvernementale basée à Londres ajoutait que ces exactions étaient le fait de partisans de Guillaume Soro
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