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Sommaire |

Biographie
Interview |
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BIOGRAPHIE |

La prochaine superstar du rap hardcore s’appelle 50Cent. A 27 ans, ce rapper aux rimes venimeuses, signé par Eminem sur son nouveau label Shady Records, est e nouvel espoir de la nation hip hop. Si toutefois il arrive à survivre à la sortie de son premier album, simplement titré « Deviens riche, ou alors meurs en essayant de le devenir » (Get rich or die tryin'). Tout un programme.
Au rayon « martyrs », le hip hop a été généreux : de Tupac à Notorious B.I.G en passant par Big L, Eazy-E et Jam Master Jay, nombreux sont les icônes du rap à nous avoir quittés, tués par les armes, le sexe non protégé ou le deal de drogues de drogues dures. 50 Cent, le premier artiste signé sur le déjà prestigieux label d’Eminem Shady Records, est la sensation annoncée de la nouvelle armée. Déchireur patenté de mixtapes, ce New Yorkais au doux sourire est aujourd’hui celui qui allie le venin des lyrics qui tuent avec la crédibilité de la rue. Certains rappers sont influencés par le film Scarface, lui en a vécu une scène en live : c’était le 24 Mai 2000.
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Cette nuit là, 50 Cent roulait en jeep dans le quartier du Queens vers minuit lorsqu’un assaillant inconnu tira sur lui de nombreux coups de feu avec un 9 mm. Le tueur laissa 50 Cent avec neuf balles dans le corps et fila dans la nuit. Le rapper américain recracha une dent et du sang avant de rouler à tombeau ouvert en direction du Jamaica Hospital. Là, au lieu de le soigner en urgence, une infirmière lui plaça un sac en papier sur les mains afin de déterminer si 50 Cent avait lui-même tiré au pistolet. Ca se passe comme ça aux USA quand vous êtes noirs et blessé par balles dans le ghetto. Résultat des courses : 13 jours d’hospitalisation, et un exécuteur toujours en liberté.
Il ne faudrait pourtant pas croire que 50 Cent est un martyr. Il est toujours vivant et n’a rien perdu de son talent insolent malgré la balle en acier qui lui a traversé la joue en explosant une dent. Dans ses lyrics gravées sur mixtapes (celles de Whoo Kid, Funkmaster Flex, Absolut, Doo Wop et Stretch Armstrong notamment), 50 Cent n’a jamais eu peur de crucifier verbalement ses collègues MC, qu’ils se nomment Jay-Z ou Ja Rule. « Ja Rule s’est fait braquer et il m’a vu avec les gens qui l’ont braqué. Du coup, son attitude envers moi a changé », expliquait le rapper au magazine The Source en Septembre dernier.
« Es-tu prêt à rentrer dans l’Histoire ? » aurait demandé Dr Dre à 50 Cent le jour ou il signa son contrat avec Shady Records/Aftermath. Il était prêt.
Quelques semaines avant de finir l’enregistrement de son premier album « Get Rich Or Die Trying », 50 Cent était de passage en Europe, à Barcelone plus exactement, pour les MTV Europe Vidéo Music Awards qui rassemblaient une pléthore de stars parmi lesquelles Puff Daddy, Marylin Manson, Whitney Houston, Redman, Moby, et bien sûr, Eminem, celui qui fût le premier fan de 50 Cent avant de le signer sur son nouveau label, confirmant ainsi son statut de « next big thing », comme disent les Américains. Quelques heures plus avant de grimper sur scène aux côtés d’Eminem (qui récolta trois Awards ce soir-là), 50 Cent a répondu aux questions de Radikal sur sa vie, sa mort et son art.
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INTERVIEW |

Pourquoi ce surnom monétaire, « cinquante centimes » ?
Mon vrai nom est Curtis Jackson, alias 50 Cent (prononcer fifty cent, NDR), signé sur Shady Records/Aftermath. J’ai pris mon nom d’un gangster de Fort Greene Projects à Brooklyn, là d’où je viens. C’était pas un gros caïd, donc vous ne pouvez pas le connaître.
Vous êtes très lié à Jam Master Jay…
Je n’ai pas rappé sérieusement avant de rencontrer Jay. C’est avec lui que j’ai pour la première fois enregistrer ma musique dans un studio d’enregistrement. J’ai beaucoup appris avec JMJ. Au début, je ne savais pas comment structurer mes morceaux, je faisais des raps de cent mesures ! Jay m’a appris les trucs du métier.
(NDLR: grioo a consacré un article à Jam Master Jay).
Après vos débuts en compagnie de Jam Master Jay, on vous retrouve notamment en featuring avec Onyx…Ouais, et après ça j’ai voulu avancer, j’ai rencontré Corey Rooney (actuellement producteur de Jennifer Lopez, NDR) qui à l’époque était exécutif chez Columbia, et il m’a présenté aux Trackmasters avec qui on a fait affaire. Je suis resté un moment, j’ai posé environ 36 morceaux mais je n’avais pas un bon contrat, et le disque n’est jamais sorti. J’avais eu 65000 dollars d’avance mais j’ai dû négocier mon départ de chez Jam Master Jay alors je lui ai donné 50000 dollars. Vu que l’avocat a pris 10000 dollars pour faire le deal ça me faisait tout juste 5000 dollars ! Je n’avais pas le choix, je devais continuer à vendre du crack vu que c’est ce que je faisais avant de me lancer dans le rap. A l’époque du disque « Power Of The Dollar », je dealais toujours, j’étais coincé entre le deal et le rap. Je voulais juste rapper mais du coup je crevais la dalle. Comment peut-on être signé sur un major et ne peut pas avoir un rond ? Donc je vendais de la drogue. Des fois j’allais direct en studio après avoir dealé. J’ai eu quelques emmerdes, les premiers quand j’étais jeune donc ça ne compte pas, mais plus tard ça m’a valu de faire quelques allers-retours en taule.
On a lu le récit incroyable de votre traque par des assassins qui vous ont tiré dessus et vous ont touché de neuf impacts de balles. Vous savez qui est derrière ce guet-apens ?
Si je vous le disais de qui il s’agit, la police viendrait vous poser quelques questions… Je sais mais je sais pas.
Un détail m’a choqué : quand vous êtes arrivé aux urgences de l’hôpital, on a vérifié que vous n’aviez pas vous-même tiré avec une arme à feu avant de vous soigner. Comment expliquer ça ?
Eh bien, disons qu’ils voulaient me sauver bien sûr, mais il y’a une procédure : tu vois si tu arrives aux urgences avec des blessures par balles, ce que se demandent les médecins c’est « est-ce que d’autres gars avec des flingues vont débarquer ? ». Ils n’ont pas envie de transformer les urgences en un bain de sang ! Alors ils se renseignent pour savoir s’ils ont juste un gars qui s’est fait tirer dessus ou un gars qui a participé à un règlement de comptes.
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Qu’est ce que vous aviez en tête quand vous rouliez vers l’hôpital avec neuf balles dans votre corps ?
Quand un truc pareil arrive, l’adrénaline commence à vous gonfler les veines, on est excité à fond et sur le coup on ne sent même pas la douleur, tu vois ?
Oui. Enfin non, j’imagine, plutôt…En fait, c’est après avoir vu le docteur, après qu’on a soigné les blessures, quand on vous dit que vous allez vous en sortir, que commence la vraie souffrance.
Comment vous êtes vous retrouvé signé sur Shady Records, le label d’Eminem ?
Je n’avais jamais été à Detroit avant de rencontrer Eminem. Je faisais tourner ma musique dans la rue via les mixtapes, et il se trouve, que l’une de ces tapes là s’est retrouvée chez Paul Rosenberg, du staff de management d’Em’. Paul lui a fait tourner la cassette en plein pendant les sessions de The Eminem Show. Et il a fallu attendre la première semaine de sortie de son album, quand il s’était déjà vendu à 1,3 millions d’exemplaires, pour qu’il me fasse appeler. Ca le branchait tellement de me signer qu’il disait sur les radios que j’étais son rapper favori ! J’ai été à Los Angeles, j’ai rencontré Dr Dre et quand je suis revenu à New York, les propositions ont commencé à affluer. Il n’y a pas de leaders que ça dans le musique biz, alors tout le monde veut faire ce qu’ils font : « Eminem et Dre se sont intéressés ? Alors moi aussi ! ». Et j’ai eu des offres qui montaient jusqu’à 1,6 millions de dollars ! Eh ouais. Mais malgré ça j’ai pris le deal avec Shady Records/Aftermath. C’était quand même une offre d’un million de dollars, mais ceux qui proposaient plus ne pouvaient pas s’aligner en terme de créativité. Avec Em’ et Dre, c’était le dream team.
Qu’est ce qu’Eminem a aimé en vous, à votre avis ?
Il a apprécié mon flow, et aussi les mots que je choisis pour parler de certaines choses. Je ne balance pas des rimes au hasard, et je ne suis pas si créatif que ça : j’utilise ma propre vie pour écrire mes paroles. Em’ fait de même, c’est comme ça qu’on connaît sa fille Hailey d’ailleurs. Ou sa mère, ou son ex-femme, parce qu’il se sert de situations de la vraie vie. Moi, je fais pareil dans ma musique. C’est juste un peu plus gangster parce que ma vie est gangsta. Je me suis fait tiré dessus, je me suis fait poignarder, j’ai été dans tous les plans louches possibles et imaginables. Et je suis resté le même. Les gens savent que je suis dingue.
Vous n’avez jamais eu peur de mourir, ou de finir paralysé ?
Non. Je crois en la foi. Je crois que si on a peur de la mort, on vit dans le déni de la réalité. La mort est une promesse. On y passera tous. Et si on pense autre chose, on se la joue. Tout le monde doit mourir, c’est la loi. Tu peux avoir des gosses, passer ta vie à planifier ton futur, mais la seule certitude, c’est la mort. Arriveras un temps ou tu ne seras plus là. Je ne l’anticipe pas : quand ça viendra, ça viendra, mais ça ne me fait pas peur. Parfois la façon dont on crève dépend de la façon dont on vit, nos actions peuvent accélérer le processus mais quand le moment est venu c’est ton destin. Je persiste à penser que si on cane, c’est parce que c’était écrit. |

Vous avez eu beaucoup de morts violentes dans votre entourage ?
Pas mal, oui. Mais si on peur de la mort, c’est q’on a peur de la vie. J’ai des textes sur ce qui m’est arrivé, comment j’ai pris neuf balles dans la peau… Pas mal de rappers essaient d’avoir l’air parfait. Je ne suis pas parfait, j’ai vécu beaucoup de choses… Et c’est de notoriété publique. On me connaît pour ça.
Vous avez envie de changer de vie, maintenant que vous avez signé un gros contrat ?
Je ne pense pas que ma vie en dehors de la musique soit productive. Ca n’a pas de sens : j’ai vu des gens faire ce que j’ai fait avant d’être artiste, et quand ils sont morts personne ne se souvenait d’eux. Je veux accomplir quelque chose qui fasse que les gens se souviennent de moi après ma mort.
C’est quoi la liberté pour vous ?
Pour moi, c’est l’argent. Ca me donne la liberté d’aller à Hawaï demain car je peux acheter un billet d’avion tout de suite. La liberté de me dire que si je n’aime pas là ou je vis, je peux déménager. Mais en tant qu’artiste, je veux laisser une marque. Quand on pense basket, on se souvient de Michael Jordan. En boxe personne n’oublie Mohamed Ali. Même Donald Trump ou Bill Gates ! Je veux que mon fils puisse reprendre mon héritage, comme dans la famille Trump. J’ai une assurance vie de 5 millions de dollars pour mon fiston, donc si je me fais plomber il sera l’abri.
Parlez-nous de votre premier album « Get Rich Or Die Trying »…Il ne me reste plus qu’une chanson à peaufiner. Cet album a tellement de bons morceaux… C’est clairement ce que j’ai fais de mieux depuis mes débuts. Un de mes track favori est Many Men (Death Wish), dont le refrain fait (il chantonne, NDR) « beaucoup de gens veulent ma mort/il y’a du sang dans mes yeux et ça m’aveugle/J’essaie d’être fidèle à ma destinée/Les négros essaient de me buter/Mais je vais tous les fumer s’ils veulent me tester/Fais gaffe quand tu parles si tu parles de moi/Car je débarque et c’est la mort pour toi/Trop de gens souhaitent mon décès mais moi j’ai les yeux secs/Aie pitié de mon âme car mon cœur est devenu froid. » (50 Cent marque une pause, NDR) J’attends mon heure. Je fais tout ce que je peux pour booster mon disque, je sais que les bootleggers vont s’en donner à cœur joie mais je m’en fous, je veux qu’un max de personnes ait la chance d’écouter mon produit. C’est moi qui mène la danse maintenant.
Votre crew s’appelle G-Unit, pour « Gangster Unit »…
Yep. J’ai trouvé mes gars Lloyd Banks et Tony Yayo et j’ai lancé ma compagnie voilà six mois. On est en pleine négo, mais on risque de se retrouver chez Interscope vu que je suis sur Shady Records/Aftermath, qui est distribué sur Interscope.
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Quel genre d’accueil espérez-vous pour votre album ?
Je pense que ça va péter dès que ça sortira. Mais je vais bosser pour ça. Même ceux qui auront eu une copie sur Internet voudront venir me voir sur scène quand ils auront entendu mes lyrics. Et la musique est si bonne que je compte bien vendre 5 millions d’albums.
Vous parlez beaucoup de violence et de flingues. Vous pensez que les armes sont un problème aux Etats-Unis ?
Ca fait partie de la vie des gens. Entre ceux qui fabriquent les armes et les magasins qui les vendent, il y’aura toujours un marché pour ça. Légal ou illégal. Les gens ont des flingues chez eux pour se protéger, ils ont l’impression d’en avoir besoin. On peut espérer réduire le nombre d’armes à feu, mais pas les supprimer complètement. Moi je ne suis pas fasciné par les armes, mais elles me sont nécessaires. Parfois je dois me défendre face à des gars qui peuvent être armés et vouloir ma peau, donc il en faut pour éviter qu’ils n’y arrivent. Là d’où je viens, si on bute quelqu'un en légitime défense, c’est OK.
Vous pensez que Jam Master Jay aurait dû être armé ?
Oui, s’il avait les mêmes intentions que la personne qui est venue l’exécuter. Si tu es en embrouille, que quelqu’un te menace, et que tu le butes, tu trouves ça mal ? C’est de la légitime défense !
Le rapper C-Murder (actuellement en prison pour une affaire de meurtre, NDR) portait souvent un gilet pare-balles. Vous aussi ?
Ouais bien sûr, même en Europe ! J’ai un pare-balles ou que j’aille. Même ici à Barcelone. Je n’ai pas pu faire passer le mien à la douane depuis les USA, donc j’en ai acheté un dès que je suis arrivé. On s’y habitue. Parce qu’il y’a toujours un risque, ou que l’on soit, même si la situation semble paisible…
Et on imagine que le fait d’être la nouvelle sensation du rap hardcore aiguise les jalousies…
Absolument ! Les gens trippent, ils se prennent la tête, ils se font des idées sur moi…
Au fait, vous aviez votre gilet pare-balles quand on vous a flingués neuf fois ?
Non, pas ce soir là. Mais aucune balle ne m’a touché au torse donc ça n’aurait rien changé.
D’après Radikal
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