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Pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?
Je m’appelle Yvonne KOULOUFOUA née HOUNSOU-VE, je suis d'origine béninoise.
Je suis avocat près la Cour d’Appel d’Abidjan et membre du Barreau de Côte d’Ivoire.
Je suis mariée et mère de deux adorables jeunes filles .
Qu’est-ce qui vous a poussée vers le droit ?
J’ai eu la chance d’avoir des parents qui étaient fonctionnaires à l’époque de la colonisation
et ma mère, en particulier, était attachée des greffes et parquets au Tribunal et ensuite à la Cour d’appel de Dakar où je suis née , puis, après les indépendances, à la Cour d’Appel de Cotonou.
J’ai donc entendu parler très tôt dans mon environnement familial de droit, de justice (et d’injustice).
Malgré tout, mon rêve lorsque j’étais enfant, était de devenir journaliste ou diplomate. Le droit était une des filières pour accéder à l’un ou l’autre de ces métiers. En définitive, j’ai opté pour la profession d’avocat. |
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Mme Kouloufoua est diplômée de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne
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univ-paris1.fr |
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Après un DEA de droit commercial en France, qu’est-ce qui vous pousse à retourner en Afrique, dans un autre pays que le votre ?
J’ai effectivement obtenu à l’Université Paris XI une maîtrise en droit privé, option droit des affaires, puis à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne un DEA de droit commercial ;
Alors que j’avais amorcé une thèse de doctorat d’Etat en droit comparé des sociétés à Paris I, mon époux qui était ingénieur en organisation et informatique chez Arthur Andersen et exerçait es qualité, depuis trois ans, dans cette société, s’est vu proposer une affectation à Abidjan, ville dans laquelle la firme avait un bureau.
Il a tout naturellement accepté l’offre, car cela faisait de nombreuses années qu’il vivait en France et il éprouvait un vif désir de retourner en Afrique.
C’est ainsi qu’il s’est rendu en Côte d’Ivoire dans le courant de l’année 1979. Les filles et moi l’y avons rejoint quelques mois plus tard et c’est de cette façon que nous nous sommes installés dans un pays autre que les nôtres et nous y sommes demeurés jusqu’à ce jour. |
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Yvonne KOULOUFOUA lors de sa prestation de serment
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Quelles activités exercez-vous à votre retour, et est-ce que votre adaptation a été difficile, notamment le passage du droit français au droit ivoirien?
A notre arrivée à Abidjan, j’ai d’abord passé environ neuf mois à des travaux de recherches dans le cadre de la thèse que je préparais.
J’avançais peu car je n’arrivais pas à obtenir sur place les informations dont j’avais besoin, les bibliothèques étant peu fournies en ouvrages de référence, même à l’Université.
J’ai donc écrit à divers cabinets d’avocats et quelques uns m’ont répondu, parmi lesquels le cabinet de Maîtres Charles Dogue et Eliette Elghozi qui jouissait d’une excellente réputation et était considéré comme le plus important cabinet d’avocats tant en chiffre d’affaires qu’en volume d’affaires dans toute la sous-région.
Après un entretien, j’ai été recrutée par ce cabinet dans lequel j’ai exercé pendant 20 années, d’abord comme collaboratrice non avocat, ensuite comme avocat stagiaire, puis comme avocat collaborateur.
J’ai préparé et obtenu à l’université d’ Abidjan, pendant que j’étais en collaboration au sein du cabinet susnommé, le Certificat d’aptitude à la Profession d’Avocat.
L’adaptation n’a pas été trop difficile car il existait en Côte d’Ivoire dans certaines matières une législation spécifique (exemple : en droit de la famille, en droit du travail, en droit foncier…) tandis que pour les autres, les textes étaient très proches de la législation française ou étaient tout simplement ceux de la législation française d’avant l’indépendance
Naturellement, il m’a fallu beaucoup travailler pour intégrer ces textes, nouveaux pour moi, afin d’ être rapidement opérationnelle et tout s’est bien passé. |
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Le logo du cabinet de Mme KOULOUFOUA
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En 2000 vous créez votre propre cabinet. Qu’est-ce qui vous a poussée à vous mettre à votre compte, et quelles sont vos spécialités aujourd’hui ?
En l’an 2000 , j’ai décidé de m’installer à mon compte en créant mon cabinet d’avocat pour plusieurs raisons.
J’avais pendant de nombreuses années donné le meilleur de moi-même en mettant mes compétences au service d’autres confrères plus aguerris aux difficultés du métier, et auprès desquels j’ai été formée techniquement .
Pour des besoins d’efficacité , nos « patrons » nous avaient spécialisés, et cela avait occasionné à certains moments des grincements de dents parce que nous ne pouvions pas toujours faire ce que nous aimions ou souhaitions.
La priorité absolue était donnée au client : il fallait qu’il soit satisfait et il l’était quasiment toujours, car sur la dizaine d’avocats que comptait en permanence le cabinet, chacun d’entre nous était parfaitement formé à traiter les dossiers qui lui étaient confiés dans le secteur du droit qui était le sien, avec célérité et compétence. |

Pour ma part, j’ai eu la chance, à raison du nombre d’années passées au cabinet DOGUE et ELGHOZI, devenu plus tard DOGUE , ABBE YAO et Associés, d’intervenir dans des domaines variés du droit, mais plus spécifiquement tout de même en droit des personnes, de la famille et des biens, en droit immobilier, d’une façon plus générale, en droit civil (théorie des contrats, responsabilité ….) en droit des assurances et droit processuel car nous faisions énormément de contentieux.
A un certain moment, j’ai eu envie d’aller au bout de ce métier d’avocat en l’exerçant non plus dans l’ombre d’un confrère plus ancien , mais personnellement , en en assumant pleinement toutes les responsabilités (accepter ou refuser un dossier, choisir le système de défense, consulter, conseiller, postuler sous ma signature, gérer un cabinet sur tous les plans, prendre des risques si nécessaire…)
C’est ainsi que lorsque j’en ai eu l’opportunité et bien que la Côte d’Ivoire ait été à cette période en pleine transition militaire, je n’ai pas hésité.
Avec le recul , je ne regrette pas d’avoir fait ce choix. |

Instabililité politique, corruption ambiante, misogynie sont souvent citées par ceux qui travaillent en Occident pour refuser de retourner en Afrique. Pensez-vous que ces difficultés sont réelles, et si oui, avez-vous été confrontée à ces difficultés spécifiques ?
L’instabilité fait partie de la vie je crois, et il faut savoir s’adapter aux circonstances car rien n’est jamais définitivement acquis.
Je ne pense pas qu’en tant que femme, l’on souffre plus en Afrique qu’ailleurs de misogynie. Pour ma part, je n’en ai pas souffert, au contraire…
La corruption existe partout et à mon avis elle est plus visible en Afrique simplement parce qu’elle est pratiquée avec moins de finesse que sur d’autres continents.
Ce ne sont pas à mon sens des raisons objectives suffisantes pour renoncer au retour en Afrique.
Notre continent est jeune. Il est en pleine construction et structuration. Il a besoin de tous ses fils pour se développer. Nous devons éviter, je pense, de faire nôtres les clichés que colportent les médias étrangers (et parfois africains eux mêmes) sur l’Afrique.
En ce qui me concerne, je peux témoigner de ce que j’avais beaucoup d’appréhension à revenir vivre en Afrique après plus d’une douzaine d’années passées en Europe. Finalement, en étant sur le terrain , je me suis rendue compte de ce que, bien souvent, nous jouions à nous faire peur, craignant de modifier nos habitudes ou d’avoir à perdre le confort relatif dans lequel nous vivions
J’encourage vivement les africains de la diaspora qui le peuvent, à revenir en Afrique pour rendre à ce continent ce qu’ils ont reçu de lui et pour participer à son développement. |
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Le Zonta Club
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http://www.frauennetz.schleswig-holstein.de |
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Vous exercez également des activités associatives notamment au sein de l’association des femmes juristes. Pouvez-vous présenter cette association et le rôle que vous y jouez ?
Effectivement, je suis membre depuis une quinzaine d’années de l’Association des femmes juristes de Côte d’Ivoire. Je suis la présidente en exercice de la commission droit des affaires après avoir été celle de la commission droit de la famille et de l’enfant.
Je suis également membre du ZONTA CLUB d’ABIDJAN, un club service créé en 1919 à Chicago, aux USA. J’ai été membre du conseil de l’ordre des avocats du Barreau de Côte d’Ivoire de 1999 à 2001.
Cette vie associative constitue pour moi un complément de mon activité professionnelle
Dans le cadre de l’association des femmes juristes en particulier, notre rôle est d’abord de faire connaître aux femmes leurs droits et ensuite de les aider à les faire valoir.
Nous nous sommes rendues comptes de ce que beaucoup d’entre elles, qu’elles soient du milieu rural ou urbain ne connaissent pas les lois et sont perdues dès qu’elles sont confrontées à un problème juridique de la vie courante.
Nous avons donc ouvert ce que nous appelons des « cliniques juridiques » dans les quartiers et assurons des permanences au cours desquelles nous donnons des consultations gratuites. |

Compte tenu de l’importance de la demande, et de ce que nous ne sommes pas suffisamment nombreuses pour être partout en même temps, nous avons formé des para juristes hommes et femmes qui ne sont certes pas juristes, mais qui, à partir des connaissances qu’ils ont acquises à l’occasion des formations que nous leur avons assurées informent à leur tour les personnes qui se présentent dans les quartiers.
Lorsque le problème qui leur est soumis est complexe, ces para juristes orientent les interressés vers le siège de l’association où des réponses leurs sont données par des avocats , des notaires ou autres juristes, y compris des juristes d’entreprise.
La situation de guerre qu’a connue la Côte d’Ivoire nous a amenées à faire preuve d’imagination et à être encore plus actives car beaucoup de personnes ont fui les zones assiégées dans l’urgence, sans emporter leurs pièces d’identité ni leurs diplômes.
Que faire pour reconstituer ces pièces, surtout dans les zones où les registres de l’état civil ont été détruits ? Comment assister les victimes directes et/ou indirectes de ces tragiques évènements ? C’est à toutes ces questions par exemple que nous apportons des réponses.
Il y tant de choses à faire !
Quels conseils donneriez-vous à une jeune femme souhaitant vous imiter, ou hésitant entre une carrière en Occident ou en Afrique ?
Si j’avais un conseil à donner à jeune femme originaire ou non d’Afrique, mais intéressée par l’Afrique, aujourd’hui, et quelle que soit sa formation, je lui dirais de ne pas hésiter un seul instant à s’y installer, ne serait ce que pour quelques années.
En effet et contrairement à ce que prétendent les « afro-pessimistes », le continent africain n’est ni plus triste ni plus dangereux que les autres continents .
Naturellement ce n’est pas toujours facile et les choses mettent probablement plus de temps qu’ailleurs à se mettre en place…Mais une chose est sûre : on peut être utile et servir quelle que soit sa formation et cela est très gratifiant.
Je lui dirai que l’image désuète de l’Afrique que véhiculent certains médias du Nord ne doit pas la décourager car on vit de mieux en mieux sur ce continent et, en unissant nos forces, notre savoir , nos compétences et multipliant les échanges d’expérience dans le sens Nord /Sud, mais aussi Sud/Sud, nous favoriserons un développement de celui-ci pour un mieux être du plus grand nombre.
Comment vous contacter ?
Par e-mail, à l’adresse suivante : koulyv2004@yahoo.fr |
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