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Le mandat de Konan Banny s'achève à la fin de l'année
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Nous reproduisons l'article du journal Fraternité Matin, le quotidien gouvernemental en Côte d'Ivoire :
Le mandat du gouverneur de la BCEAO prend fin le 31 décembre prochain. Charles Konan Banny a décidé depuis une semaine d’entrer officiellement en politique en déclarant sa candidature pour 2005
Le suspense a pris fin depuis environ deux semaines. Charles Konan Banny, gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), est candidat à la succession de Laurent Gbagbo, à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire. Réunissant sa famille, à Yamoussoukro, il l’a informée de son intention ferme de briguer la magistrature suprême, surtout que son mandat à la tête de l’institution arrive à terme le 31 décembre prochain.
Cette décision était prévisible. Car ces demi-aveux et ces demi- démentis coûtent à la Côte d’Ivoire une dizaine d’années de tension politique qui a débouché sur la rébellion armée. Au plus fort des rumeurs sur sa prétention à succéder à Félix Houphouët-Boigny, Alassane Ouattara, directeur général de la BCEAO et Premier ministre de Côte d’Ivoire, avait fait diversion. “Je ne sais pas vraiment quels sont tous ces bruits de succession. Mais en 1995, on verra. Si je décide que ça m’intéresse, je le dirai. Mais pour le moment, je me consacre à mon travail de Premier ministre”, se défendait-il, le 1er octobre 1992, pour noyer le poisson.
C’est le même scénario dans les mêmes termes que Charles Konan Banny, son successeur à la tête de l’institution ouest-africaine, a joué. “Si vous voulez sous-entendre que je serais candidat à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, je préfère vous répondre ceci : travaillons d’abord pour la Banque centrale, après on verra”, a-t-il déclaré pour essayer de cacher son jeu (Cf. Fraternité Matin n°11.817 du 30 mars 2004).
Aujourd’hui, M. Konan Banny, dont les partisans avaient ouvert, avant la lettre, une adresse électronique, a fini par jeter le masque. Il est en lice pour solliciter le suffrage des électeurs. Comme son prédécesseur à la tête de la BCEAO, il a des soutiens dans les milieux politiques français et des finances internationales qui avaient même demandé à Bédié de faire de lui le joker pour permettre au PDCI-RDA de revenir au pouvoir.
Mais avant, il faudra bien qu’il bénéficie de l’investiture du PDCI-RDA. La tâche ne s’annonce pas aisée. Contrairement à Alassane Ouattara, Charles Konan Banny n’est membre d’aucune instance de l’ex-parti au pouvoir et son militantisme n’est pas avéré. Surtout, Henri Konan Bédié, ancien Président de la République, chassé du pouvoir le 24 décembre 1999, veut reprendre “sa chose”. Il est postulant à la candidature pour le compte du PDCI-RDA et il déroule déjà le rouleau compresseur afin que (contrairement à 2000 où, à la convention à Yamoussoukro, il était en compétition avec plusieurs prétendants) il soit, en tant que président du PDCI, le candidat naturel du parti au prochain scrutin.
De sources concordantes et dignes de foi, le gouverneur de la BCEAO n’entend pas s’en laisser conter. Pour certains, il entend en découdre avec Bédié contre lequel il aurait deux griefs. En premier lieu, le gouverneur, à la suite de plusieurs détracteurs du prince Nambê, accuse le président du PDCI-RDA d’avoir tourné le dos à Houphouët-Boigny dès son accession au pouvoir. C’est vrai que Bédié a nommé, en la personne de Me Jean Konan Banny (frère aîné du gouverneur), un ministre-résident. Comme par acquit de conscience. Car Yamoussoukro va tomber aux oubliettes. Pépressou et Dadiékro, les villages du Sphinx de Daoukro, ont damé le pion à la capitale politique de notre pays. Plusieurs réalisations de prestige, dont certaines inachevées sont dans les broussailles depuis le putsch militaire, y sont sorties de terre. Sans compter que les deux fêtes tournantes que l’ex-Chef de l’Etat avait programmées, en 1998 et 1999, pour célébrer l’anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale, ont été purement et simplement annulées. A la surprise générale et au grand dam des populations qui en ont pris ombrage.
En second lieu, Charles Konan Banny a le sentiment que Henri Konan Bédié, soit n’a que du mépris pour lui, soit cherche à l’éviter. Par trois fois, il aurait sollicité des audiences pour le rencontrer à l’effet, peut-être, de tirer les choses au clair. En vain. Chaque fois qu’il est arrivé de Dakar, siège de la BCEAO, à cette fin, le président du PDCI-RDA aurait usé de subterfuges pour ne pas le recevoir. De guerre lasse, le gouverneur de la BCEAO a choisi de perturber les calculs politiques de l’ancien Président de la République, en sollicitant le suffrage des militants du PDCI-RDA, avant celui des Ivoiriens.
source : Le journal Fraternité Matin |