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Maison Banche : les votes noirs dans la course
13/09/2004
 

Bush ou Kerry, les Afro-Américains ont choisi : pour eux le président républicain doit partir. Mais Son concurrent démocrate ne fait pas encore le plein des voix…
 
Par Laure Gnagbé
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Etre blackboulé au sein de la communauté noire semble inévitable pour George W. Bush. Selon un sondage CNN réalisé cet été, le président des Etats-Unis qui souhaite être réélu en novembre n’emporterait que 12% des suffrages des Afro-Américains qui représentent près de 13%*1 de la population américaine. Contre 81% pour son principal opposant, le démocrate John Kerry
Une broutille pour un homme déjà élu sans ces voix (Toutes les consultations post-électorales ont établi que les Noirs avaient voté Al Gore à 90%)? Pas si sûr.

Car si début septembre, les derniers sondages*2 le créditaient de 11 points d’avance, tout l’été les résultats ont été beaucoup plus serrés*3, voire négatifs*4, pour George W. Bush. Et le 2 novembre est encore loin pour ce candidat d’un parti généralement assimilé à la défense des intérêts des WASP (White Anglo Saxon protestants).

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John Kerry  
John Kerry
 

De son côté, John Kerry n’a même pas à montrer patte blanche pour engranger des voix « noires ». Tout comme Whoopi Goldberg, Wyclef Jean ou Mary J Blige, les Afro-Américains ont toujours été plus nombreux à faire le choix du parti démocrate – 63% d’entre eux l’ont revendiqué, en 2002, dans une enquête nationale du Centre d’études politiques et économiques, un groupe de réflexion noir.
Mais John Kerry a décidé de ne pas se contenter de ces votes acquis d’avance. Pour faire le plein - et assurer ses arrières - il a préféré séduire un peu plus cet électorat, en égratignant son adversaire au passage.

Mi-Juillet, il s’est rendu à la convention annuelle de la plus importante association de défense des droits des Noirs, la NAACP (Association nationale pour le progrès des gens de couleur). « Je crois comprendre que vous avez eu des problèmes à trouver un orateur » a-t-il ironisé pendant son discours, pour rappeler le refus de George Bush d’intervenir devant un groupe qu’il juge trop critique. « Je serai un président qui sera un rassembleur », a-t-il poursuivi.

Barrack Obama  
Barrack Obama
 

Et pour le montrer, John Kerry a propulsé Barack Obama « orateur principal » de la Convention démocrate.
Cinquième africain de toute l’histoire des Etats-Unis à siéger à la Chambre haute du Congrès, l’avocat a défendu à la fin du mois de juillet, son rêve d’une Amérique plus égalitaire. Un argument fort pour une communauté qui connaît un taux de chômage deux fois plus élevé que la moyenne nationale.

George W. Bush a déjà misé sur la présence de Noirs au sein de son équipe gouvernementale, pourrait-on rétorquer. Mais les positions pro guerre en Irak du secrétaire d’Etat Colin Powell et de la conseillère pour la sécurité nationale de la Maison Blanche Condolezza Rice sont éloignées de celles de leur communauté. Surreprésentés au sien de l’armée, les Noirs l’ont également été parmi les victimes. Beaucoup d’entre eux sont revenus sur la nécessité de participer à un conflit trop coûteux en vies.

Colin Powell  
Colin Powell
© reuters
 

En politique intérieure, George W. Bush fait plutôt l’unanimité… contre lui.
Les Afro-Américains n’ont pas pardonné au Texan qu’il veuille porter un coup dur à la discrimination positive. Lors de sa campagne de 2000, il avait déjà contesté la légalité de cette politique consistant à promouvoir les membres de minorités. Mais le pire était à venir.
En janvier 2003, George W. Bush a soutenu les plaintes de trois étudiants contre l’université publique de Michigan qui contestaient le fait que l’appartenance aux minorités africaine, hispanique ou amérindienne apporte 20 points sur un total possible de 150, lors de l’inscription.

Alors que la gauche américaine défend une pratique qui vise à rétablir l’égalité des droits et faire reculer les discriminations dont sont victimes les minorités, George W. Bush a déposé un mémoire contre une méthode qui « créé un vice ». La Cour a finalement réaffirmé l’année dernière la légalité de la discrimination positive. Inacceptable, pour des Noirs qui placent l’éducation au deuxième rang de leurs préoccupations pour le choix de leur président.

Oui mais voilà, ce choix même, l’élection, ne mobilise pas au sein de la communauté. La participation reste un problème même si la loi « Help America to vote » (« Aide l’Amérique à voter ») devrait faire ressentir ses effets.

Condoleeza Rice  
Condoleeza Rice
 

Les Noirs se sont d’ailleurs eux-mêmes organisés pour tenter d’enrayer ce problème. « Black youth Vote », branche de l’association « National Coalition on black civic participation » espère pousser les jeunes à se déplacer jusqu’aux bureaux de vote.

« D’une manière générale, le vote des jeunes noirs va être important parce qu’il représente environ 40% de l’électorat noir » expliquait déjà il y a quelques mois le directeur de l’ « African-American leadership institute », Ron Walters.
« On a fait de gros efforts pour accroître le taux de participation des jeunes parce qu’il se situe autour des 35%, contre plus de 50% pour les plus âgés », indiquait-il.

Des Afro-Américains plus âgés qui ont encore en mémoire l’affaire des voix passées à la trappe en 2000. Beaucoup de bulletins de la communauté n’ont pas été pris en compte avec l’annulation des votes de Floride. Cette frustration pourrait les motiver pour se faire entendre. Ou décourager d’avance une communauté dont seuls 27% des membres se sont déclarés enthousiastes à l’idée de voter John Kerry*4.


*1 D’après les chiffres de l’ambassade des Etats-Unis en France.
*2 Selon un sondage diffusé le 4 septembre par l’hebdomadaire Newsweek, George W. Bush devançait largement John Kerry, avec 54% des votes favorables contre 43% pour son adversaire.
Pour le Time, George W. Bush faisait un bond dans un sondage le 3 septembre, dépassant John Kerry de 11 points dans les intentions de vote. Il remportait 52% des suffrages, contre 41% pour John Kerry.
*3 Début juillet, George W. Bush a légèrement l’avantage sur John Kerry, selon un sondage Associated Press-Ipsos qui accorde 49% de votes au président sortant, contre 45% à son challenger démocrate.
*4 Trois mois avant l’élection, John Kerry bénéficie du soutien de 50% des électeurs, soit six points de plus que le président républicain, selon un sondage Washington Post-ABC rendu public début août.
*4 Sondage BET-CBS News du 22 juillet.

       
Pour en savoir plus
 Le site de la Maison Blanche
 Le site de l’ambassade des Etats-Unis en France
 Le site de campagne de George W. Bush
 Le site de campagne de John Kerry
 Le site de la NAACP
 
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