
Le livre de l'urbaniste Gaston Kelman sur le racisme ordinaire, "Je suis noir et je n'aime pas le manioc", vient d'atteindre la barre des 100.000 exemplaires vendus, a annoncé mardi la jeune maison d'édition Max Milo, fondée en 2000.
"Après une modeste mise en place de 1.200 exemplaires en février, le livre a atteint en septembre le chiffre rare des 100.000 ventes", a-t-elle précisé.
L'ouvrage, qui dénonce avec humour les clichés sur les Noirs, est resté plus de 30 semaines dans les 10 premières ventes Essai de la liste de L'Express et la couverture médiatique qui lui a été consacrée a été "exceptionnelle". La presse étrangère, notamment américaine, a évoqué l'ouvrage, se demandant "qui est cet homme noir qui revendique une appartenance à un milieu socio-culturel en faisant fi de ses origines africaines?", explique l'éditeur.
Sur Internet, des forums lui sont exclusivement consacrés, les organisateurs de salons et de festivals et les libraires se le disputent et des écoles inscrivent le livre au programme de concours, selon l'éditeur.
Gaston Kelman est né au Cameroun il y a 50 ans. Titulaire d'une licence bilingue de l'université de Yaoundé, il a continué une partie de ses études en Grande-Bretagne, puis en France en obtenant un 3ème cycle d'urbanisme. Il a exercé pendant 10 ans des fonctions de directeur au SAN (syndicat d'agglomération nouvelle) et à l'Observatoire urbain de la ville d'Evry. Aujourd'hui, il est consultant au sein d'une association qui milite pour l'intégration des migrants noirs.
"Un Noir, n'est-ce pas, ce n'est pas très intelligent ni très cultivé. Il a certes de bons côtés: il se nourrit de manioc, il est rieur, enfantin, doué pour la musique (sauvage et rythmée, pas classique), mais c'est surtout un sous-développé qui compense par un membre surdimensionné. Tout le monde le sait", écrit l'auteur.
Or, la France compte un nombre incalculable de ces individus qui, comme lui, font partie intégrante de la nation. L'auteur vit en effet en France depuis vingt ans et se définit avant tout comme bourguignon.
Fort de son expérience, il reprend les lieux communs qui pèsent sur sa communauté, alternant le sérieux de son propos avec de petites anecdotes drolatiques: "Alors mon brave, dit un officiel français à un émigré convalescent dans un hôpital de Bamako : Alors, toi content repartir en France regagner sous ! Toi faire quoi en France ? Je suis Professeur de littérature à la Sorbonne, monsieur".
Des histoires qui sont, selon l'auteur, "révélatrices du climat réservé en France aux personnes de couleur, aux basanés, aux présumés étrangers, coupables de ne pas avoir le bon faciès". Comme un sociologue, il n'omet pas enfin de porter un regard lucide sur les Noirs "qui se complaisent trop souvent dans le rôle tout trouvé de victimes".
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