
Les syndicats nigérians ont poursuivi mercredi leur démonstration de force au troisième jour de la grève générale visant à demander une baisse des prix des carburants à la pompe.
"Nous allons continuer notre mobilisation aujourd'hui, la lutte est dans l'intérêt du peuple", a déclaré Owei Lakemfa, principal porte-parole du Congrès national du travail (NLC - principale centrale syndicale du pays) à l'origine de la grève. "Le NLC est satisfait des progrès effectués jusqu'à présent. Les Nigérians coopèrent malgré l'intimidation et le harcèlement du gouvernement".
De son côté, le gouvernement a déclenché une nouvelle action en justice devant la Haute cour fédérale à Abuja pour que la grève soit déclarée illégale.
A la suite d'une décision de justice le 23 septembre, les carburants ont augmenté brutalement d'environ 25%, créant une situation difficilement supportable pour les 130 millions de Nigérians, dont 80% vivent selon l'Onu avec moins d'un dollar par jour.
Le puissant patron du NLC, Adams Oshiomhole, a fait savoir mardi que la grève pourrait être prolongée si les forces de sécurité continuent de menacer les grèvistes.
Il a également accusé la police d'avoir tué un jeune garçon de 12 ans, lundi au premier jour de la grève, à Kaduna (nord), alors que les policiers tentaient de démanteler une barricade de grévistes.
Mercredi, la vie économique du Nigeria était toujours en bonne partie paralysée. Des petits vendeurs de rue avaient cependant repris leur place aux principaux carrefour de Lagos, la capitale économique, et les supermarchés restaient ouverts.
En revanche, dans les banques et les administrations, la grève semblait toujours très suivie.
Le président Olusegun Obasanjo qui tente d'apaiser la crise, a mis en place un comité ad hoc chargé de trouver des mesures pour amortir l'augmentation des prix des carburants, et annoncé en présentant mardi son budget 2005 une augmentation de 24% des dépenses publiques et prédit une croissance de 7%.
Il a annoncé également que grâce au niveau élevé du prix du baril de pétrole brut, son gouvernement aura un surplus budgétaire de 4,6 milliards de dollars à la fin de l'année, une somme qui sera surtout mise de côté en cas de chute des cours, selon lui.
Le Nigeria est le premier producteur de pétrole brut d'Afrique avec 2,5 millions de barils par jour, le sixième exportateur mondial et le cinquième fournisseur des Etats Unis.
Source : AP |