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Une autre vision du rap 1/4: The Notorious B.I.G. ou le mal de vivre des quartiers.
14/11/2004
 

Le rap est-il victime de clichés ou au contraire mérite-il les vives critiques qui s'abattent sur lui? Un fidèle grioonaute, Jean-Loup Carrénard penche pour la première option et entend le montrer, plume à la main, en se penchant, rime par rime sur le premier album de Notorious BIG, "Ready to Die"
 
Par Jean-Loup Carrénard
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Finissons-en avec les clichés sur le rap américain.
C’est dans cette optique que j’ai débuté cet article, fatigué d’entendre critiquer ce moyen d’expression populaire dont je suis un fervent défenseur depuis mon plus jeune âge.


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Notorious BIG  
Notorious BIG
© Bad Boy Record
 

Je ne commencerai pas par une historique qui n’intéresse que ceux qui la connaissent, je rentrerai directement dans le vif du sujet en vous décrivant régulièrement et avec des mots simples ces personnages que sont les rappeurs, en essayant de vous donner toutes les références que j’ai pu relever afin de témoigner de la diversité de ces artistes.
Afin de commencer en beauté je prendrai pour première référence celui que beaucoup considèrent comme le meilleur rappeur de tous les temps : Christopher Wallace aka The Notorious B.I.G. Son nom de scène tout d’abord fait référence à cet ego dont les rappeurs sont censés ne jamais se défaire : en effet, il s’appelle littéralement « Grande Notoriété »… mais ce nom cache aussi par le choix des lettres B.I.G. l’autodérision dont Christopher Wallace n’avait jamais peur : c’est un clin d’œil évident à tous ceux qui en le voyant commenceront par ne voir que son poids excessif, mais qui l’oublieront à ses premières rimes.
Christopher Wallace est aussi appelé Franck White, en référence au film mafieux « The King of New York », titre qu’il s’attribua dès son arrivée dans le paysage du rap américain et que personne ne contesta de son vivant.
Pour le découvrir de façon plus approfondie, j’ai sélectionné quelques morceaux de son premier album « Ready to Die » (Prêt à Mourir), qui selon mon avis aident vraiment à cerner le personnage et contribueront à montrer un pan de la diversité des rappeurs en général et des rappeurs afro-américains en particulier.

"Ready to Die", le premier album de Notorious BIG  
"Ready to Die", le premier album de Notorious BIG
© Amazon
 

Christopher Wallace recrée son univers sur disque… il ne s’agit pas ici de valoriser la violence ou même la vie dans les quartiers défavorisés, il s’agit juste de remplacer le monde de son auditeur par cet enfer que Biggie vit au quotidien, se faisant ainsi la voix des déshérités dont il a longtemps partagé le sort.
Le morceau qui introduit le mieux cette vision est Things Done Changed, « Les temps ont changé », Christopher annonce tout de suite la couleur dans cette chanson violente qui choque plus par la réalité qu’elle exprime que par les phrases employées : Il nous parle d’une époque qui est très lointaine de cette année 1993 où il enregistre son premier album. L’aspect effrayant c’est que cette époque n’est éloignée que d’une dizaine d’année ! « Biggie » nous décrit la différence entre son époque et cette « lointaine » époque des années 80 qui lui semble si paisible… Il avertit pendant ce morceau ceux qui garderaient les codes des années 80 qu'à présent la vie humaine n’a plus d’importance. On pourrait prendre ce premier morceau pour une apologie de la violence et de la vie de gangster, par mépris pour l’époque pacifique qu’il semble décrire avec dédain, mais B.I.G. conclut le morceau en disant que même sa mère est en sursis car elle a un cancer du sein, pour nous exprimer que cette violence même revendiquée n’est pas un choix.

Notorious BIG  
Notorious BIG
© mtv.com
 

Ce premier morceau aide à comprendre Gimme The Loot (« passe moi le fric »), morceau très controversé de B.I.G., où il nous entraîne dans une série de braquages à main armée sur des passants… Le morceau est choquant car il est un dialogue entre deux braqueurs qui se motivent mutuellement tout en agressant hommes ou femmes qui deviennent des proies. La phrase à retenir est « …you ain’t got to explain (…) I’ve been robbin (…) since the slave ship » : (Inutile de m’expliquer comment faire, je braque depuis les négriers). Il exprime ici crûment cette violence afro-américaine quotidienne, qui a son origine dans cette situation infernale du négrier, où l’entraide est vitale mais impossible.

Notorious BIG  
Notorious BIG
© Bad Boy Record
 

C’est dans ce contexte de violence un peu légitimée ou excusée qu’arrive à point Everyday Struggle, une des chansons mémorables de cet artiste. Littéralement, « Combat quotidien », commence avec ce refrain choc : « Je n’ai plus envie de vivre, parfois j’entends la mort frapper à ma porte, je vis chaque jour comme une arnaque de plus, une dose de plus à fourguer, un jour de plus, un combat de plus ». Ce morceau est une véritable immersion dans la réalité crue du « ghetto » : B.IG. nous raconte sa vie quotidienne faite de violence et de deals de drogue, mais il nous parle aussi du regard des autres sur son mode de vie, qu’il qualifie lui-même de « démoniaque ». Le regard et l’avis des gens vivant honnêtement est étrangement important pour Christopher, qui aimerait qu’ils connaissent sa vie faite de préoccupations identiques aux leurs : une fille à nourrir, des factures à payer, aucun diplôme pour s’en sortir, mais une source d’argent rapide mise à disposition par de hautes autorités (voir l’ introduction de drogues comme le crack pour venir à bout de mouvements révolutionnaires tels que les Black Panthers).

Notorious BIG  
Notorious BIG
© http://206.45.16.36/vmc/
 

Christopher Wallace continue à nous décrire sa vie dans le Bedford-Stuyvesan, quartier chaud de New-York, de façon complète, mais en abordant le thème des relations amoureuses dans Me & My Bitch. J’ai pour habitude de dire que cette chanson est une des plus belles chansons d’amour que je connaisse… ce qui a pour effet la plupart du temps d’en faire sourire plus d’un qui s’arrêtent au titre de ce rap.

Je vais tenter de vous l’expliquer. Tout d’abord, cette femme qui compte pour lui au point qu’il consacre une chanson à leur relation, pourquoi l’appelle t’il sa « bitch » ? Christopher nous décrit un monde hostile où malgré son bon fond il est obligé d’avoir une conduite répréhensible pour survivre, logiquement la compagne parfaite pour lui est une femme qui va avec ce paysage agressif, et qui est un soutien dans cette jungle quotidienne.

Notorious BIG en concert  
Notorious BIG en concert
© http://members.tripod.com/~eastsideryders/
 

Il décrit une relation houleuse, faites de conflits où ils en viennent souvent aux mains, mais elle possède lA qualité qui se révèle hors de prix dans une vie où chacun est en permanence sur ses gardes : elle est la seule à qui il peut faire confiance. Elle le suit sans le juger dans ce qu’il fait pour subvenir à ses besoins, et elle sera toujours à ses côtés, même dans l’adversité financière. C’est là un des plus grands facteurs de lien affectif pour tous ceux qui ont connu la pauvreté : les bons amis ou compagnons sont ceux qui resteront présents quand les malheurs arriveront. Cette femme que décrit B.I.G. n’a rien de la compagne passive qui subit son voyou de mari… elle le suit car elle partage sa vision des choses, mais il nous raconte qu’elle n’hésite pas en cas d’infidélité ou de désaccord à entrer en conflit ouvert avec lui : il insiste pour nous montrer que sa relation avec elle n’est absolument pas basée sur une peur du mâle ; ils sont égaux.
Dans le dernier couplet, il reçoit un appel d’urgence de sa « bitch », et quand il accourt à son appel, il la trouve morte, victime de gangsters rivaux qui l’ont tuée uniquement pour le briser. Il nous dit que des larmes se mettent à couler, et il conclut avec cette phrase qui, placée tout à la fin du morceau, surprend, et nous fixe définitivement sur ses sentiments pour cette femme : « They killed my best friend » (ils ont tué mon meilleur ami). La phrase « Me & my Bitch » est répétée jusqu’à la fin du morceau, mais on n’entend plus le mot tel qu’on le connaissait.

"Juicy"  
"Juicy"
© http://allabout.co.jp
 

Juicy est la chanson de la rupture avec la rue. Il commence par dédicacer son album « à tous les profs qui avaient dit que je n’arriverais à rien, à tous les gens qui habitaient les immeubles devant lesquels je venais dealer et qui appelaient la police alors que j’essayais juste de me faire un peu d’argent pour nourrir ma fille, et à tous les noirs qui vivent ce combat… ». B.I.G. a conscience que sa vie était mauvaise, mais il veut pousser l’honnête homme à se rendre compte que cette vie n’a pas la facilité qu’on lui prête, il ne peut condamner de façon absolue ces voyous qui n’auraient pas demandé mieux que de naître dans un milieu plus favorable. Ce morceau signale sa sortie de la rue, le morceau entier étant une longue comparaison entre ce qu’il était avant et ce qu’il est devenu en réussissant dans le rap : succès avec les femmes (B.I.G. se qualifie souvent de laid et d’obèse), vie de château au quotidien… si vous voulez, ce morceau est une contradiction de 5min02sec à l’adage qui dit que l’argent ne fait pas le bonheur, car il montre à quel point cette vie d’opulence a amélioré ses rapports avec tout son entourage, par la tranquillité d’esprit qu’elle apporte.

Notorious BIG  
Notorious BIG
 

Cet album comme son titre l’annonce est un album très sombre, qui malgré les nombreux hits qu’il contenait décrivait l’environnement urbain tel que Biggie l’a connu de façon très tourmentée. En effet, malgré des morceaux tels que Juicy qui amenaient une note d’espoir, l’album se termine sur le morceau Suicidal Thoughts, littéralement, « pensées suicidaires », où B.I.G décrit l’état d’esprit qui était le sien quand il vivait illégalement… on est très loin des valorisations de la vie de voyou souvent reprochées au rap :

Un documentaire a été consacré à la mort de Notorious BIG et de Tupac Shakur  
Un documentaire a été consacré à la mort de Notorious BIG et de Tupac Shakur
© http://www.roxie.com
 

Dans ce morceau de 2min10 sans refrain, il appelle en pleine nuit un ami, et lui déverse tout en rimes son désir de mettre fin à ses jours. Durant ce morceau, il arrive au constat accablant que, en contemplant la vie qu’il a menée il veut aller au purgatoire car il s’ennuierait probablement au Paradis, sa vie lui ayant appris à apprécier l’Enfer. Il fait ensuite un long bilan de tous les gens à qui il a fait du mal, se disant que même si ils exprimeront leurs regrets à ses funérailles, ils ne peuvent être que contents qu’il parte enfin et cesse de les tourmenter … La phrase à retenir de ce titre: « Crime after crime, from drugs to extortion, I know my mother wished she got a fuckin' abortion (…) I wonder if I died, would tears come to her eyes? Forgive me for my disrespect, forgive me for my lies…» (Crime après crime, du deal aux braquages, je sais que ma mère a dû regretter de ne pas avoir avorté (…) je me demande si ma mort lui arracherait des larmes? Pardonne moi pour mon insolence pardonne moi mes mensonges…) le morceau se termine par une violente déflagration: il s‘est « suicidé ».
The Notorious B.I.G. mourut tragiquement en 1997, trois ans après cet album qui figure parmi les classiques du rap.

A venir :Kanye West, la foi torturée
Shyne, la conscience du peuple
Tupac Shakur ou le militantisme héréditaire

       
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notorious big   
 
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