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So Kalmery, chanteur-compositeur de brakka
15/11/2004
 

Le Congolais So Kalmery est chanteur-compositeur de brakka. « Parcours » d’un enfant enlevé par un chef d’orchestre, qui devenu grand, chante au monde sa philosophie.
 
Par Laure Gnagbé
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So Kalmery  
So Kalmery
© dapper.com.fr
 

Pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?

Oh la la, c’est difficile ça ! Que dire ? Je ne suis pas obligé de donner mon âge au moins ? Bon, je me lance.
Je m’appelle So Kalmery. Je suis artiste. Chanteur-compositeur. Je joue ce que l’on appelle de la ‘brakka music’*1.
Le brakka c’est à la fois une philosophie et une musique. Une musique indissociable de la danse et qui se pratique en compétition, exactement comme le rap, avec ses ‘battles’. Le brakka c’est peut-être même l’ancêtre du rap, on tourne aussi sur sa tête et ça depuis des siècles ! C’est une musique de rythmes et danse ancestraux à laquelle sont intégrées des influences urbaines.
Le mot brakka est la contraction de plusieurs mots. Il signifie ‘l’esprit de Dieu est infini’.
Il y a ‘bra’ qui est le commencement et ‘ka’, l’infini. Et puis ‘bar’ c’est l’esprit.
C’est une musique que partagent beaucoup de tribus. Une musique qui rassemble toutes les musiques africaines.

Depuis quand jouez-vous de la musique ?

Ca aussi c’est difficile à dire !
Je chantais déjà sur le dos de ma Maman. Quand j’étais tout petit, ma mère allait voir ses copines et, grâce à moi, on lui donnait beaucoup de choses. Les gens aimaient entendre ma voix.
A neuf ans déjà, je composais, je participais à des compétitions le dimanche après-midi.
Mais on peut dire que c’est à l’âge de onze ans que j’ai commencé à chanter professionnellement, à jouer dans des orchestres.
En fait, tout a commencé avec mon … enlèvement ! A quatorze ans, j’ai été kidnappé. Un chef d’orchestre m'a dit : "Eh petit tu veux venir jouer dans un groupe ? Tu vas essayer seulement une journée…" Tu parles, il m’a emmené à l’étranger !
Tout s’est passé après le mort de mon père pendant la répression anti-lumumbiste. Il y avait toutes ces affaires au Congo… Plein de gens étaient perdus et j’avais moi-même perdu mon père…c’était douloureux tout ça. Je me suis retrouvé à l’étranger et j’en ai profité.

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La couverture du dernier album de So Kalmery  
La couverture du dernier album de So Kalmery
© Amazon
 

Comment en êtes-vous arrivé à enregistrer votre premier disque ?

Oh, il s’est passé du temps. Pendant deux ans, j’ai joué dans différents groupes, voyagé, et c'est au Kenya que j’ai rencontré la maison de disques EMI.
J’avais seize ans, et je jouais dans un groupe avec des personnes plus âgées que moi. Je leur expliquais qu’on pouvait faire un disque, mais pour eux c’était de la magie : si la voix ‘partait’ sur ‘un truc qui tourne’ alors une fois chez toi, tu n’auras plus de voix !
Ils disaient ‘le petit veut nous faire faire un truc de féticheurs ! Nous on veut seulement faire des interprétations, de la scène’.

Pour eux faire un disque était inconcevable: certains ont même quitté le groupe, car ils refusaient de perdre leur voix !
Finalement, alors que les autres n’étaient pas d’accord, je me suis débrouillé pour nous enregistrer en ‘live’. La maison de disque a été très emballée, ils nous ont trouvé très très bien et m’ont dit ‘on vous veut’.
Ce fut un combat mais ça s’est bien terminé. Et c’est devenu mon passeport ! J’ai pu gagner un peu de d'argent, passer de quelqu’un d’inconnu à quelqu’un de connu. Et après c’était parti !

Bob Marley  
Bob Marley
 

Justement, c’était le début de votre vie d’artiste. Comment vivez-vous votre musique ?

Les gens ont trop souvent l’impression que la musique est juste faite pour danser et oublier. Le brakka, c’est tout autre chose. C’est une musique d’éducation. Moi je la conçois comme une musique nécessaire, au véritable sens du terme. Pour moi, les paroles viennent avant l’action. Les mots, sont importants.
Bien sûr, ils ne peuvent pas à eux seuls changer le monde. Si les mots avaient ce pouvoir, y’a longtemps que tout aurait changé… mais si déjà on fait changer une seule personne, c’est une victoire.
J’écoute beaucoup de musique, mais c’est par période. Parfois je n’écoute rien, je fais que lire, voyager. A d’autres moments, je suis tout le temps dedans. J’écoute quasiment tous les styles de musique.
Il y a de très grands musiciens africains qui m’ont marqué. Un homme comme Fela, c’était un grand frère, on ne pourra jamais l’oublier. J’écoute beaucoup de musque du monde, indienne par exemple. Evidemment, il y a aussi Bob Marley, lui c’est une étoile. Ce type de personne ne vient pas par hasard. Il y en a un par siècle ! Il y a tellement d’artistes que j’adore, mais je n’aime pas citer parce qu’après on en oublie et d’autres pensent que parce que je ne les ai pas cités je n’aime pas leur musique.

 
© Amazon  

Comment organisez-vous votre vie professionnelle ?

Toutes les chansons, il faut les composer. Et pas n’importe comment.
Il faut avoir des preuves de ce que l’avance. Il ne s’agit pas simplement de dire ‘doudou je t’aime’… Il faut lire, voyager… c’est avec beaucoup d’expérience que s’écrit une chanson.
Le brakka, c’est aussi une discipline. On chante beaucoup de choses historiques, sur la dignité. Donc il faut s’instruire, vivre dans le respect, être exigeant avec soi-même.
Personnellement j’apprends l’histoire du monde, et surtout celle du peuple noir. Je ne veut pas dire celle de l’Afrique parce que c’est un peu compliqué l’Afrique maintenant… Il y a soi disant l’Afrique du Nord, celle de ceci, cela…on ne sait plus… donc je dis celle du peuple noir.

J’étudie notre passé pour essayer de mieux nous percevoir aujourd’hui. Si on ne comprend pas ça, on ne peut pas avancer. Dès que l’on n’a pas la mémoire de ce qui s’est passé, on entre dans la dérive. Tout ça c’est la base de mes compositions, de mon travail.

Pour mes chansons, c’est vrai que l’inspiration compte énormément. Pour un bon compositeur, il est impossible de s’asseoir et de se mettre à composer. Quand tu es assis, tout est mort. C’est quand tu voyages, tu marches, quand tu es en mouvement quoi que la composition arrive.
Pour mes concerts, je joue en fonction du jour. Il n’y a pas de programme. Je suis un messager, je ne fais que diffuser un message. Comme les Aborigènes avec leur didjeridoo. J’envoie le message partout, à tout le monde. Il suffit d’être réceptif pour le capter.

So Kalmery a joué avec Koffi Olomide  
So Kalmery a joué avec Koffi Olomide
 

Vous parlez beaucoup de voyages …

Je suis très attaché à l’Afrique et je suis tout le temps aux Antilles aussi. J’habite entre l’Europe et la Guadeloupe. Enfin, pour l’instant. Tant que l’Afrique sera en train de se massacrer elle-même.
J’ai grandi en Afrique du Sud. Je connais également l’Afrique de l’Est, celles des Grands lacs. Au Congo, j’étais dans « Viva la musica » avec les Papa Wemba ou Koffi Olomide

Dans les années 70, l’Afrique du Sud c’était vingt fois pire que ce que l’on vous montre à la télévision. C’était très très dur. Mais tu es sur terre donc tu profites et puis c’est tout. Lorsque tu assistais ou participais à un concert tu n’avais aucune idée de ce que tu étais sous le régime d’apartheid.
Depuis, je suis retourné en Afrique du Sud. Je ne sais pas si on peut dire qu’il y a eu une évolution. Enfin le mot évolution, en français, ça peut avoir un sens positif et négatif, je crois. Donc on peut dire qu’il y a eu une évolution, mais elle est ambiguë en tout cas...

Les voyages, ça fait partie de ma philosophie. J’ai habité dans tellement de pays ! En Australie, par exemple, à Melbourne dans les années 90. Je suis presque allé sur tous les continents.
Peut-être que la Chine et quelques autres endroits manquent à mon palmarès mais je suis vraiment allé dans beaucoup de pays, y compris dans des contrées d’Europe de l’Est que j’apprécie énormément, comme la Pologne ou la République tchèque.
Ce qui est fou, c’est que partout on retrouve l’Afrique. Dans le Pacifique aussi. En Nouvelle Guinée, en Papouasie, dans les îles Fudji, Tonga. Là-bas c’est terrible, c’est l’Afrique, vraiment. C’est étonnant.

So Kalmery  
So Kalmery
© mondomix.com
 

Et la France dans tout ça ?

La France, ça fait longtemps qu’on se fréquente elle et moi. Je suis venu à Paris pour la première fois au début des années 80, mais je partais tout le temps à Londres. J’ai quand quelque chose avec ce pays, même si je n’ai pas de point d’attache dans le monde. Rien ne m’appartient. Je ne me dis jamais ‘ça c’est à moi’. Pour les pays, c’est pareil. . Aucun n’est à moi plus qu’un autre. Je suis venu au monde, j’ai rien amené et même beaucoup de gens sont partis… et ils n’ont rien amené avec eux ! J’essaie juste de me retrouver, là où je vis. C’est ça qui est important.

Nous vous remercions.

*1 Les termes anglophones ont été conservés afin de mieux retranscrire la façon dont So Kalmery s’exprime.

So Kalmery, en concert
le samedi 20 novembre
au musée Dapper à 20h30
50 avenue Victoire Hugo
75116 Paris
Prix des places 15/13 euros

       
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