
Jacques Chirac a rejeté les accusations de "guerre coloniale" lancées par des partisans du président ivoirien Laurent Gbagbo.
Il est hors de question de retirer les troupes françaises qui exercent un mandat international en Côte-d'Ivoire avec le soutien unanime de l'Afrique. Tel etait le message du président Jacques Chirac, lors d'un débat sur les "nouvelles frontières" avec des jeunes à Marseille.
Le chef de l'Etat a critiqué le "régime contestable" du président Laurent Gbagbo, affirmant qu'il ne laisserait pas se développer dans cet ancien "pays modèle" un système conduisant à "l'anarchie" ou au "fascisme".
"Nous ne l'aurons pas (ce mouvement d'humeur) dans la mesure où nous avons un mandat international appuyé par la totalité des Africains", a-t-il déclaré.
"Nous ne voulons pas laisser se développer un système qui ne pourrait conduire qu'à l'anarchie ou à un régime de nature fasciste", a-t-il ajouté.
Jacques Chirac a rejeté les accusations de "guerre coloniale" lancées la semaine dernière par des partisans du président ivoirien lors de manifestations anti-françaises.
"Je n'ai entendu ça que de la part d'une minorité agissante d'un régime contestable, car, si vous écoutez l'ensemble de l'Afrique, vous n'avez pas du tout ce sentiment", a-t-il assuré.
Le président français a dénoncé "l'ambiance désastreuse" qui règne en Côte-d'Ivoire, pays autrefois considéré comme un modèle et où s'est créé "un système d'affrontements, de tensions".
"Le Nord contre le Sud, les musulmans contre les chrétiens, et maintenant la chasse aux Blancs, aux étrangers, parce qu'il n'y a pas que les Blancs, il y a beaucoup d'Ivoiriens en ce moment qui partent", a-t-il dit.
De son côté, Laurent Gbagbo a déclaré qu'il entendait racheter de nouveaux avions de combat pour remplacer les appareils détruits par l'armée française en réponse à un raid ivoirien qui a fait neuf morts au sein de la force Licorne.
Gbagbo "regarde venir"
"Croyez-vous que je vais laisser mon pays sans défense aérienne ? Est-ce que vous croyez qu'il est sérieux de laisser mon pays sans défense ?", a déclaré le président ivoirien sur France inter.
"Si l'armée française les détruit, on en achètera encore une troisième fois", a ajouté Laurent Gbagbo lors d'un entretien diffusé hier mais enregistré samedi, avant l'annonce du remplacement de son chef d'état-major, le général Matthias Doué.
Laurent Gbagbo a précisé qu'il aviserait en cas d'embargo des Nations-unies sur les ventes d'armes à la Côte-d'Ivoire à compter du 10 décembre. "Je ne suis pas membre du Conseil de sécurité, je regarde venir", a-t-il souligné.
L'agitation a débuté en Côte-d'Ivoire la semaine dernière lorsque les forces gouvernementales du président Laurent Gbagbo ont rompu un cessez-le-feu de 18 mois en bombardant le nord du pays, dont une position française. L'offensive a cessé après la destruction des forces aériennes des troupes de Gbagbo par l'armée française.
Laurent Gbagbo a réaffirmé sur France inter qu'il ignorait qui avait donné l'ordre de bombarder les troupes françaises. "Je ne le sais pas. Si je le savais, je n'aurais pas ordonné une enquête", a-t-il dit.
Le président Laurent Gbagbo avait déjà créé la surprise en limogeant samedi le chef d'état-major des Forces armées nationales de Côte-d'Ivoire, le général Matthias Doué.
"Le général (Doué) a été limogé", a annoncé le porte-parole des Fanci, le lieutenant-colonel Jules Yao Yao, qui a précisé que cette décision avait été prise par le chef de l'Etat.
Le général Doué est remplacé par le colonel Philippe Mangou, jusqu'ici chef des opérations de l'armée ivoirienne.
Aucune raison officielle n'a été fournie pour le départ du général Doué.
D'après AllAfrica.com |