
"Nous appuyons la résolution sur la Côte-d'Ivoire [proposée par la France] actuellement en discussion au Conseil de sécurité des Nations unies, en particulier l'embargo complet sur les ventes d'armes à l'un ou l'autre des belligérants. Nous savons en effet que les deux camps cherchent actuellement à se renforcer. Nous appelons aussi toutes les parties concernées à se conformer aux accords signés." Telle est la position officielle de l'Union africaine – le groupe qui réunit 53 pays d'Afrique – sur la crise ivoirienne. Position énoncée par l'actuel président de l'UA, Olusegun Obasanjo, le président nigérian, comme le rapporte The Guardian.
Le quotidien nigérian signale que "la réunion extraordinaire d'urgence des dirigeants africains a amené à Abuja, dimanche 14 novembre, outre Olusegun Obasanjo, John Kuffour, président du Ghana et de la Communauté économique d'Afrique de l'Ouest, Blaise Campaoré, président du Burkina Faso, Abdoulaye Wade, président du Sénégal, Omar Bongo, président du Gabon, Gnassingbé Eyadéma, président du Togo, et le secrétaire général de l'UA, l'ancien président malien Alpha Konaré. Etaient également présents les représentants des dirigeants libyen Muammar Kadhafi et ivoirien Laurent Gbagbo, ainsi que le président sud-africain Thabo Mbeki, en tant qu'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, comme médiateur dans cette crise."
Un Thabo Mbeki dont les bons offices "devraient être décisifs si le syndicat des chefs d'Etat africains le veut", estime Le Pays. Le quotidien burkinabé note toutefois que lesdits chefs d'Etat "sont divisés en pro- et anti-Gbagbo". La prochaine étape sera la rencontre entre le chef d'Etat sud-africain et les représentants des Forces nouvelles, les ex-rebelles, à Pretoria jeudi 18 novembre.
En attendant, considère l'Addis Tribune, "laisser les Africains régler leurs problèmes entre eux, ce qui est l'un des objectifs prioritaires de la diplomatie mondiale, reste manifestement quelque chose de difficile à comprendre pour la France, ancienne puissance coloniale". D'ailleurs, affirme le quotidien éthiopien, "l'un des points de la mission de Thabo Mbeki est de faire en sorte que Paris ne chasse pas le président ivoirien Laurent Gbagbo du pouvoir, alors que beaucoup suspectent la France d'être parvenue à la conclusion que c'est là la seule solution".
Certes, estime l'Addis Tribune, "les intentions de la France en Côte-d'Ivoire sont bonnes, mais cela n'empêche pas Paris d'être pris dans un engrenage compliqué. L'ancienne puissance coloniale doit résoudre cette crise de la manière douce, même si elle sait qu'elle a le soutien des Nations unies."
Une opinion que partage Le Pays, avec toutefois quelques réserves. "Paris doit choisir entre le parti de la paix négociée et la force militaire", convient le quotidien burkinabé. Mais la France doit aussi cesser "d'être un arbitre qui ne sanctionne pas les mauvais joueurs et réagit dès qu'on touche à ses soldats."
Le Pays reconnaît que la situation est cependant difficile parce que "le chef de l'Etat ivoirien s'empêtre de plus en plus dans des contradictions politiques qui non seulement l'isolent, mais risquent d'embarrasser son sauveur d'hier : la France". Car, rappelle le quotidien, "au lendemain du déclenchement de la rébellion, il a fallu l'interposition des forces françaises pour sauver le fauteuil présidentiel de Laurent Gbagbo".
Pour l'Addis Tribune, un phénomène ajoute encore à la déjà complexe situation ivoirienne : "la tendance à des conflits religieux entre chrétiens et musulmans radicaux de plus en plus évidente dans le nord de l'Afrique". Une analyse que fait aussi Le Pays, en remarquant que tout le monde semble oublier "les souffrances et les intérêts du peuple ivoirien". Or, s'inquiète le quotidien burkinabé, "les deux communautés religieuses (musulmane et chrétienne) ne parlent pas le même langage de paix depuis l'intervention musclée. Le saccage des mosquées au début de la crise est encore dans toutes les mémoires. Le pire est donc à craindre, par la faute des hésitations complices des uns et de l'irresponsabilité politique des autres."
D'après Courrier International |