
Le président ivoirien Laurent Gbagbo a lancé un appel au retour des entrepreneurs français en Côte d'Ivoire après le départ de milliers d'expatriés suite aux violences du début du mois de novembre à Abidjan.
"Je comprends qu'ils aient eu peur. Quand un pays a des convulsions, chacun se met à l'abri et met surtout ses enfants à l'abri", a-t-il déclaré sur France Info.
"Les écoles françaises ont été brûlées à Abidjan. Par conséquent, je comprends parfaitement que les parents, soucieux que leurs enfants passent l'année scolaire normalement, partent, je l'aurais fait", a-t-il ajouté dans cet entretien réalisé mercredi soir dans sa résidence à Abidjan.
"Mais pour les autres, les entrepreneurs, non seulement je leur demande de revenir mais je pense même que l'intérêt réciproque pour eux-mêmes et la Côte d'Ivoire est de revenir", a souligné Laurent Gbagbo.
"Que voulez vous que ceux-là fassent aujourd'hui en France après avoir exercé toute leur vie en Côte d'Ivoire ?" a-t-il ajouté.
L'armée française a détruit l'aviation ivoirienne après la mort de neuf soldats de l'opération Licorne dans l'attaque par deux Sukhoï d'un camp militaire de Bouaké, dans le centre du pays. Ces représailles ont provoqué des émeutes antifrançaises à Abidjan, qui ont poussé des milliers d'expatriés à quitter la Côte d'Ivoire.
Les autorités françaises ont dénoncé des exactions contre leurs ressortissants. Des plaintes pour agressions et viols ont été enregistrées à Paris.
Le Conseil de sécurité de l'Onu a par la suite adopté un embargo sur les ventes d'armes à la Côte d'Ivoire.
"L'embargo nous arrange si l'embargo signifie qu'aucune des parties ne doit posséder des armes", a affirmé Laurent Gbagbo sur France Info.
"Je ne veux pas croire que l'Onu a pris cette résolution et ne soit pas prête à faire le désarmement", a-t-il dit en réclamant une nouvelle fois le désarmement des rebelles du Nord.
Laurent Gbagbo, qui dit avoir limogé les militaires responsables de la mort des neuf soldats français, souligne que la France n'est pas son ennemi.
"La France a ses intérêts mais mon problème n'est pas Paris mais la guerre civile dans mon pays", a-t-il déclaré.
Il ajoute vouloir reconstruire à terme une armée ivoirienne.
"Si l'embargo signifie que nos adversaires n'auront plus d'armes, nous, on n'a pas besoin d'armes nouvelles mais à terme, après tout ça, il faudra que la Côte d'Ivoire reconstitue toutes ses forces, crée une véritable armée et donc recrée une aviation", a-t-il souligné.
D'après Reuters |