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Spike Lee
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fadeinmag.com |
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Né le 20mars 1957 à Atlanta en Georgie, d’un père musicien de jazz et d’une mère enseignante en art et en histoire Afro-Américaine, le jeune Shelton Jackson Lee (de son vrai nom) était prédestiné au monde artistique.
Il a coutume de dire qu’il n’a pas voulu être réalisateur depuis son plus jeune âge comme aiment l’affirmer beaucoup de cinéastes. C’est une option audiovisuelle choisie à Morehouse (une prestigieuse université « Afro-Américaine ») qui le séduit définitivement. Quelques temps plus tard, c’est l’entrée à la très célèbre Tisch School of Art de l’université NYU qui fournit à Spike la formation qui saura transformer sa sensibilité en génie narratif. Son film de fin d’étude reçoit d’ailleurs un accueil laissant soupçonner la sensibilité du jeune Lee : le film s’appelle « Joe's Bed-Stuy Barbershop: We Cut Heads », et c’est un film en noir et blanc traduisant l’ambiance désormais légendaire d’un salon de coiffure Afro-Américain. |
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Spike Lee et Michael Jordan
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Nike |
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Une carrière très fournie
En sortant de NYU, le jeune Lee veut confirmer son talent, et avec l’aide de sa grand-mère qui lui prête un pécule significatif, il écrit, réalise, et joue dans « Nola Darling n’en fait qu’à sa tête » (« She’s gotta have it »), un film qui met en scène une jeune Afro-Américaine qui à trois amants, chacun caricatural par ses traits de caractère. Le film séduit, car il ose y décrire avec une franchise insolente les méandres de la vie sexuelle d’une femme… il remporte le prix de jeunesse à Cannes, et rompt avec une longue image négative du noir dans le cinéma américain: de pimp (proxénète) le noir « devient » cultivé amateur de théâtre et sujet à des états d’âme. Spike Lee y joue le rôle d’un des amants de Nola, et y campe Mars, un personnage immature, très drôle, et fan inconditionnel de Michael Jordan. Ce dernier fait se révélât d’ailleurs très important pour la suite de la carrière de Spike, puisque Michael Jordan en personne, séduit par Mars et désireux d’aider ce talentueux jeune réalisateur noir, lui donne la charge d’une campagne publicitaire entière pour ses « Air Jordan », ce qui représente un coup de pouce colossal dans la carrière de Spike Lee.
Le film suivant est une comédie musicale qui prend place dans une université Afro-Américaine. Spike témoigne ici de sa propre expérience dans ce genre d’établissement, en montrant les rivalités entre deux groupes d’étudiants : les Wanabees, (voulant réussir dans la société américaine, mais en s’intégrant et en méprisant tout ce qui fait référence à leur négritude), et les Jigaboos, (qui visent eux aussi le succès, mais pas au sacrifice de leur identité noire qu’ils revendiquent de toutes leurs forces). On découvre dans ce film Samuel L. Jackson et Laurence Fishburn dans un de leurs premiers rôles sur le grand écran. |

Mais le degré supérieur est atteint en 1989, où Spike réalise « Do The Right Thing », un film qui traîte de façon ambiguë de la cohabitation entre les peuples à Brooklyn, dans un climat suintant un racisme omniprésent. Les personnages vivent le racisme au quotidien, et la chaleur aidant se déchaînent à la fin de l’histoire dans une violence thérapeutique, nous laissant plus ou moins incertain sur l’opinion du réalisateur comme aime tant le faire ce complexe Lee. Considéré comme un chef d’œuvre par certains, ce film symbolise aussi la rupture de Spike avec une grande partie de la presse spécialisée.
Après ce grand remue ménage, il retourne à son grand amour, la musique, en réalisant « Mo’ Better Blues »(1990), où Denzel Washinghton y campe un trompettiste aimé de deux femme, mais qui reste insensible, absorbé tout entier qu’il est par sa passion, la musique. L’année suivante, est celle du retour de Spike dans les problématiques « raciales » avec « Jungle Fever »(1991), Wesley Snipes y joue Flipper, un jeune architecte marié et père de famille, qui trompe sa femme avec sa secrétaire blanche. Les différences « raciales », sexuelles et sociales forment ce qui est nommé par le film la « Jungle Fever ». Spike Lee n’y porte pas de jugement sur les couples mixtes, le but de ce film n’est pas de dire oui ou non à ce genre d’union, Spike se contente de la dépeindre, avec toutes les difficultés qu’elles peuvent amener. |

Et ainsi arrive Malcolm X, dont le tournage est une telle aventure qu’il inspire à Spike Lee un livre entier : « The trials and tribulations of the making of Malcolm X ». Tout y est décrit, depuis les menaces de mort qu’il reçoit, jusqu’aux difficultés pour boucler le budget. Une des anecdotes : les tout-puissants studios américains ne voulaient pas entendre parler d’un tournage à la Mecque, et se proposaient de tout reconstituer dans un désert américain, en fabriquant des dunes de sables ! Spike ne se laisse pas faire, insiste jusqu’au bout, et devient ainsi le premier américain à obtenir le droit de tourner un film à la Mecque. Le film fait plus de trois heures, durée inconçevable à l’époque, et Spike appelle à sa rescousse des personnalités afro-américaines pour terminer le film tel qu’il le voulait (cf précédent article de grioo.com sur le financement de MalcolmX). Les années suivantes voient un Lee quelque peu assagi. Les films se succèdent, mais génèrent beaucoup moins de polémique que les précédents : Spike tourne Crooklyn, une autobiographie co-écrite avec plusieurs membres de sa famille, Crooklyn, un film policier qui révèle le jeune Mekhi Phifer (Urgence, 8mile). |

La critique boude Girl6 en 1996 que beaucoup considèrent comme le moins bon film de Spike Lee, le film met en scène une jeune actrice noire qui fait face au monde du cinéma qu’elle veut pénétrer en gardant sa dignité… durant cette quête, elle travaille parallèlement dans une agence de téléphone rose. Ce film comporte de nombreuses stars en figuration témoignant de la popularité de Spike Lee qui était déjà devenu un réalisateur incontournable du paysage cinématographique hollywoodien (Madonna, Naomi Campbell, Quentin Tarentino, Halle Berry…).
Suivent « Get on the Bus », qui traite de la fameuse « Million Man March », où par une belle journée de 1995, plusieurs centaines de milliers de noirs affluèrent vers la capitale américaine sur un appel à l’unification de Louis Farrakhan, le porte parole de la Nation of Islam. Puis « He Got Game », qui est une expression de l’amour inconditionnel de Spike pour le basket, avec un Denzel Washington convaincant dans un film qui montre aussi une relation père-fils complexe. |

Avec « Summer of Sam », les détracteur de Lee changent de camp, l’action se déroule dans un quartier italien de New-York, tous les protagonistes principaux sont blancs… C’est au tour d’une part du public de Spike de se demander si l’artiste ne les aurait pas abandonné en consacrant un film entier sur des italiens.
Puis arrive « Bamboozled », véritable électrochoc cinématographique où Spike prend le contrôle d’une formidable satire où tout le monde en prend pour son grade : ainsi, tout en dénonçant l’image que les noirs ont eu et continuent d’avoir dans les médias, il critique aussi l’attitude du noir, qui au début du siècle était pure victime de la machine divertissante et avilissante occidentale, mais qui de nos jours est plutôt victime consentante. En effet, son héros fait des compromis qui le conduiront à vendre son âme par ambition. |

C’est ensuite la consécration avec « La 25ème heure » film réalisé en 2002 avec Edward Northon dans le rôle principal. Le film qui relate les dernières 24 heures d’un dealeur avant de rentrer en prison est ovationné par la critique et le public, et Spike renoue ainsi avec la candide époque de son premier film où les médias ne voyaient pas encore en lui le trublion qu’il allait rester toute sa carrière.
Nous retrouvons Spike cette année 2004, avec son dernier film en date, « She Hate Me ». Le film a un scénario choquant comme ce farceur de Lee nous a désormais habitués : un salarié en biotechnique voit sa vie basculer le jour où il découvre les malversations de ses supérieurs. Il se retrouve donc sans job et sans le sou, ce qui le précipite tout droit dans les multiples bras de lesbiennes New-yorkaises qui lui proposent de le rémunérer fortement contre un accouplement procréant. Ce sont véritablement deux films qui se déroulent en parallèle, et Spike gère admirablement le passage du sérieux de la situation professionnelle au cocasse de sa vie sexuelle. |

Spike et ses amours
Un survol de la carrière de Spike permet de voir un amour de la musique omniprésent, qui se traduit dans des Bandes Originales très soignées, prises en charge tantôt par son propre père (She’s Gotta Have It) tantôt par Stevie Wonder (Bamboozled), par Prince (Girl6) ou Public Enemy dans Do The Right Thing et He Got Game. A part l’amour de la musique, Spike exprime aussi son amour de sa communauté Afro-Américaine. Sa communauté, il lui rend tout d’abord hommage avec le nom de sa compagnie, « 40Acres And A Mule Filmworks », qui fait référence à la promesse faite par le gouvernement américain post-esclavage de dédommager les noirs de leur asservissement en leur accordant 40acres de terre, et une mule… le nom est ici utilisé par Spike pour montrer que si insultant et ridicule que soit cette promesse face à quatre siècles de servitude, elle n’a jamais été tenue. |

Le désir de représenter sa communauté reste présent dans la sélection des titres de la plupart de ses film : en effet, des titres comme « She’s gotta have it », « Mo’ Better Blues » ou encore « He got game » sont représentatifs de l’argot parlé par la classe populaire afro-américaine. Et ainsi nous mettons le doigt sur les vraies préoccupations de Spike, loin d’être l’obsédé de la revendication, il est en réalité porté par un amour plus récurent, celui de la ville de New-York, où tous ses films prennent place. Il est d’ailleurs un fan inconditionnel de la célèbre équipe des Knicks de New-York, ce qui lui inspira un mémoire sur le basket (« Best seat in the house »). Spike s’est beaucoup exprimé, et même si il s’est apparemment assagi, il continue de discourir dans un style très fluide et très esthétique qui lui valut d’ailleurs un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 2003.
Conclusion
Nous pouvons voir à travers cette étude que Spike Lee n’est probablement pas aussi obsédé par la problématique raciale américaine par laquelle les médias essaient trop souvent de le dépeindre (c’est le sujet de moins de la moitié à peine de ses films).
Le simple fait d’être noir, de narrer le passé et le présent de ses semblables peut en effet être interprété comme une attitude de « discrimination inversée » et effrayer. C’est probablement la raison qui fit de Spike le réalisateur mal-aimé de Hollywood et de la presse spécialisée, par exemple, son film « Do the Right Thing » ne reçut pas la Palme d’Or au festival de Cannes, car le jury trouva qu’il n’y avait pas de morale dans l’histoire… |
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