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Nous devons cesser de nous réfugier derrière notre couleur pour ne rien faire ou pour nous croire incapables, surtout dans l’art, ou notre potentiel est énorme ! |
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Negassi |
Bisrat Negassi est la créatrice de la ligne de vêtement Negassi. Maman tailleur, sœur peintre et frère musicien, l’art semble s’imposer comme une évidence dans cette famille native d’Erytrée que la guerre força à l’exil. Installée en Allemagne dès l’âge de 8 ans, Bisrat y grandit et poursuit des études d’architecture, lorsqu’elle est présentée à Xuly-Bët. Une rencontre déterminante qui la mènera vers ce qu’elle appelle simplement son chemin, et qui aboutira au lancement de sa marque,après 4 ans d’études et de stages entre la Jack Fashion Academy et la Funkin Fashion Factory de Xuly-Bët. Mais lorsqu’on lui demande si finalement elle a trouvé sa voie, elle répond, déterminée : « Oui, mais je ne serai pleinement comblée que lorsque je trouverai le moyen de restituer la chance que la vie m’a donné à ceux qui en ont moins ». Entretien avec une styliste au grand cœur. |
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Une des premières choses qui frappe lorsque l’on s’immisce dans votre univers, c’est ce sentiment que vous pourriez aussi bien être chanteuse, danseuse ou peintre, tant l’art à une place importante dans votre vie, dans vos propos…
C’est tout à fait juste ! Pendant 10 ans, j’ai chanté et ai pratiqué la danse traditionnelle d’Erytrée, j’aime l’art sous toutes ses formes et même s’il m’a fallu un peu de temps pour trouver ma voie et me lancer, il fait partie de ma vie depuis toujours.
Allemagne, France ou Etats-Unis, vous avez beaucoup voyagé. Une source incroyable d’inspiration j’imagine…
Il est évident que chaque contact avec une culture différente est à la fois, une nouvelle ouverture sur le monde, et un apport qui pour mon cas se matérialise dans mes modèles. Mon vécu en général et mes origines m’inspirent aussi beaucoup.
Et parmi les autres créateurs, lesquels sont des références pour vous ?
Je dois admettre que je suis particulièrement sensible à la créativité des stylistes japonais en général, d’Issey Miyake en particulier qui se renouvelle sans arrêt, expérimente inlassablement et compte parmi les plus innovants au monde selon moi. Il est aussi un des premiers à avoir présenté des mannequins noirs. |

Vos créations sont très féminines et en même temps très urbaines, mais vous, comment définissez-vous votre style et à quel genre de femmes dédiez-vous vos vêtements ?
Je dirais que mes créations sont plutôt classiques et élégantes, et à la fois, les coupes particulières permettent de transformer certains vêtements au gré de ses humeurs, ainsi, un pantalon jupe peut se transformer en veste cape .Ma collection s’adresse à des femmes qui osent et aiment jouer de cette part d’enfance que nous avons tous en nous. Je n’aime pas enfermer les choses ou les gens dans des cases, mais je pense que mes vêtements s’adressent plutôt à des femmes de 28 et plus. Les femmes qui aiment mes vêtements sont plutôt spontanées et ouvertes d’esprit.
Lorsque l’on regarde exclusivement vos créations, les influences africaines ne sont pas flagrantes, pourtant, dans la mise en scène ou la mise en valeur de vos vêtements (mannequins, accessoires, musiques…), la culture noire est très présente…
Lorsque je crée, je ne me dis pas « attention je suis africaine, alors dans mes vêtements, il faut que cela se voit à tout prix». Je ne ressens pas le besoin d’avoir cette démarche car je suis africaine, l’Afrique est en moi et dans tous les aspect de ma vie, quoique je fasse et où que je sois, cette africanité inhérente à ma personnalité s’exprime, d’une manière ou d’une autre. |

Que pensez-vous d’évènements comme le Nigerian Fashion Show qui permet aux designers africains de s’exporter et de montrer leur travail dans le monde entier ?
Je trouve ce genre d’initiatives très positives et extrêmement importantes pour les designers africains. Il est urgent que nous ouvrions nos portes nous même car comme on devrait l’avoir compris depuis longtemps, personne d’autre ne le fera pour nous.
Depuis longtemps et de plus en plus, les créateurs occidentaux s’inspirent de l’Afrique et de la culture qui en est issue pour créer et lancer de nouvelles tendances. Pourtant, les représentants de cette culture noire sont assez peu nombreux dans l’industrie mondiale de la mode. Quel regard portez-vous sur cette réalité ?
Les africains manquent de solidarité et le lobby noir est pour ainsi dire inexistant. Dans ces conditions, il est aisé de comprendre un certain manque de confiance, néanmoins, nous devons cesser de nous réfugier derrière notre couleur pour ne rien faire ou pour nous croire incapables, surtout dans l’art, où notre potentiel est énorme ! Sans revenir sur l’histoire, je pense qu’en général, dans tous les milieux et partout dans le monde, il est souvent plus difficile pour les membres de la communauté noire de s’accomplir. |

Mais, je pense aussi que l’industrie de la mode est une sphère quasi hermétique dont l’accès est très difficile, pour les occidentaux de souche y compris. En tant que styliste noire, je rencontre les mêmes difficultés que n’importe quel autre styliste. Selon moi,il s’agit donc surtout de détermination et de confiance en cet énorme potentiel qui est le notre, à l’instar de Xuly-Bët (voir encadré) qui est désormais une référence dans le milieu de la mode.
Pour finir, dans votre discours, on perçoit aisément que votre vécu a fait de vous quelqu’un d’engagée, de quelle manière cela se traduit-il dans votre travail ?
Mon choix professionnel relève d’une satisfaction strictement personnelle, j’aime ce que je fais et suis persuadée que la voie que j’ai choisie me correspond. Mais la notion de partage est omniprésente dans ma vie et je ne m’accomplirai pleinement que lorsque je mènerai des actions utiles pour les autres. J’ai eu une première expérience professionnelle enrichissante en Afrique ou les artisans d’un village ont assuré la production d’accessoires, aujourd’hui, je sais que la mode pourrait être un de mes outils pour œuvrer de façon utile pour les gens. |
Les bons plans de Negassi |

Web
Cinéma - tarnation-lefilm.com, sortie en novembre
Musique - ayosmusic.com, la chanteuse Ayo sort son maxi en novembre
Contre le racisme - emeka-ist-tot.com
Et aussi…
Le meilleur chocolat chaud de Paris au Fumoir – rue de l’Amiral Coligny 75001 Paris
Point de vente – Billito 12, rue du Roi de Sicile 75004 Paris
Site – negassi.com |
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Voir la galerie de photos associée:
Le travail de Negassi
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