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Pour le Zimbabwe, cette semaine est un test. Le principal parti d'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) s'est lancé, depuis lundi 2 juin, dans une série d'actions, marches et appel à la grève, considérée comme "l'assaut final" contre le président Robert Mugabe. La Haute Cour de justice a jugé, samedi, illégales ces manifestations, qui visent à "renverser un président légitimement élu".
La première journée a montré la détermination du régime à empêcher toute forme de contestation. Les principales villes du pays, ont été quadrillées par la police, l'armée et les milices proches du régime. Toute la journée, un hélicoptère a tourné au-dessus d'Harare pour repérer les attroupements. Dans des quartiers périphériques, la police a repoussé les marcheurs avec des gaz lacrymogènes, et les étudiants, qui tentaient de quitter le campus pour aller manifester, ont été contenus par des canons à eau.
Banques, commerces et entreprises sont restées fermés sans que l'on puisse savoir si les rideaux de fer étaient baissés pour cause de grève ou par peur des violences. Le gouvernement avait prévenu qu'il ne tolérerait aucun débordement, même si le MDC a toujours qualifié sa contestation de "pacifique". "Nous sommes une démocratie ! On ne peut autoriser des marches qui ont pour but de renverser le gouvernement", assénait, lundi matin, un porte-parole du parti au pouvoir, la ZANU-PF (Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique), sur les ondes de la radio nationale sud-africaine. |
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SIDA, SÉCHERESSE, PÉNURIE |

Bilan de la journée, plusieurs arrestations et des manifestations avortées. Le premier à être interpellé par la police a été le chef du MDC, Morgan Tsvangirai. Il a été libéré en fin de journée après avoir été inculpé pour "outrage" à la décision de justice interdisant ces manifestations. Il a également comparu devant la Haute Cour de justice dans le cadre de son procès pour "trahison", ouvert depuis plusieurs mois. Selon le MDC, au moins une cinquantaine de ses partisans auraient été arrêtés dans la seule journée, ainsi que plusieurs dirigeants du parti dont six députés et le maire de la deuxième ville du pays, Bulawayo.
Le bras de fer entre le MDC et le chef de l'Etat dure depuis des mois. L'élection présidentielle de mars 2002, marquée par des violences et intimidations contre les membres de l'opposition, avait été remportée dans des conditions très contestées par le président Robert Mugabe au pouvoir depuis plus de vingt ans. Depuis, le MDC n'a cessé de contester le résultat du scrutin et refuse de reconnaître la légitimité du chef de l'Etat. Les premiers appels à la contestation, grèves et manifestations, n'avaient pas connu un grand engouement. Mais depuis quelques mois, les actions initiées par le MDC reçoivent un soutien de plus en plus grand.
La crise économique a nourri la contestation. Ancien grenier de l'Afrique australe, le Zimbabwe est à genoux. Sida, sécheresse, ajoutés à la réforme agraire engagée il y a bientôt deux ans, ont totalement déstructuré l'agriculture. Pénurie d'essence, des produits de premières nécessitée, comme l'huile ou le maïs, base de l'alimentation, tout manque, en tout cas aux plus pauvres, ceux qui ne peuvent s'approvisionner dans les magasins chics des grandes villes ou au marché noir. L'inflation atteint un taux record de 230 %, et le chômage touche un tiers de la population. Les organisations internationales estiment que la moitié des Zimbabwéens sont menacés de famine et dépendent de l'aide alimentaire.
Les pressions internationales, les quelques tentatives de médiations, n'ont pas fait fléchir le président Mugabe. Il avait émis l'idée qu'il se retirerait une fois la réforme agraire achevée. Il affirme maintenant qu'il ne peut "trahir le peuple qui l'a élu". |
ENLÈVEMENTS ET TORTURE |

Devant l'ampleur de la contestation, le régime répond par la répression. Un récent rapport commandé par le gouvernement australien fait état de graves violations des droits de l'homme. Il dénonce l'arrestation de 42 membres de l'opposition en dix-huit mois, dont certains ont été torturés, mais aussi des viols et violences perpétrés dans des camps par des militaires. En tout, le pouvoir serait responsable de 58 meurtres, 111 cas de détentions arbitraires, 227 enlèvements et 1 060 cas de torture. Il est aussi accusé de favoriser les sympathisants de la ZANU-PF dans la distribution alimentaire, essayant d'affamer les populations réputées proches de l'opposition.
Malgré la nouvelle démonstration de force du pouvoir, le MDC entend poursuivre sa semaine d'action.
D'après Le Monde |
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