
Voilà une affaire qui va faire du bruit. Maître Alex Ursulet, ténor du barreau de Paris, a annoncé, vendredi, par l'intermédiaire du Figaro, qu'il portait plainte contre la police pour "arrestation et séquestration arbitraire, violences, discrimination et injures". Cet avocat pénaliste réputé, d’origine martiniquaise, a raconté dans le quotidien le "cauchemar" qu'il a enduré le 6 janvier dernier à Paris lors d’un contrôle de police. Et de résumer : "Ma mésaventure pourrait se situer entre Kafka et Costa Gavras".
Selon le quotidien, l'avocat, qui plaide dans l'affaire des écoutes de l'Élysée, a été contrôlé par des policiers alors qu'il se rendait en scooter à son domicile en milieu de journée, pour aller chercher sa robe d'avocat. Parce qu'il demandait aux fonctionnaires de ne pas le tutoyer, l'avocat, qui n'a pu produire sur le moment les papiers de son véhicule, a été conduit au commissariat où il aurait été rudoyé et menotté à un radiateur pendant 30 minutes, explique le journal. Le Figaro a précisé que Me Ursulet a été victime de remarques "sarcastiques et humiliantes" avant d'être remis en liberté après son audition par un officier de police.
Le parquet de Paris contredit Synergie
La préfecture de police, citée par Le Figaro, a assuré que l'avocat "a franchi quatre carrefours aux feux rouges (...), n'avait pas ses papiers en règle (...) a insulté les fonctionnaires et n'a pas voulu les suivre de son plein gré". Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix, et Synergie-Officiers ont démenti vendredi toute bavure et apporté leur soutien aux policiers.
Pour sa part, le bâtonnier de l'ordre des avocats, Me Jean-Marie Burguburu, a écrit au ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, pour dénoncer "les excès de pouvoir" des policiers. "Je crains que cette qualité (d'avocat) et ses origines martiniquaises (...) n'aient conduit les policiers (...) à se comporter de cette manière", a-t-il écrit.
Le parquet de Paris a ouvert vendredi une enquête préliminaire pour "arrestation arbitraire" afin d'éclaircir les conditions de l'arrestation. L'enquête a été confiée à l'Inspection générale des services (IGS), la police des polices. D'ores et déjà, le parquet indique n'avoir pas été informé de l'arrestation de l'avocat au moment des faits. Il n'a donc pas pu s'opposer à son placement en garde à vue. Une version qui contredit celle de Synergie, qui a affirmé vendredi dans un communiqué que le parquet avait refusé "le placement en garde à vue qui s'imposait" de Maître Ursulet le jour des faits, ce qui, selon le syndicat, avait "renforcé l'attitude provocante" de l'avocat.
D'après LCI |