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Note de Grioo.com |

Les grioonautes ont été nombreux à réagir au communiqué publié par Serge Bilé, refusant d'être récupéré par Dieudonné.
Ayant consulté les nombreuses réactions des grioonautes, Serge Bilé a tenu à clarifier sa position et à lever ce qui lui semble être un malentendu entre les grioonautes et lui et nous a envoyé ce communiqué qui est "sa dernière intervention sur le sujet", ce qui veut dire qu'afin d'éviter un effet "ping-pong" il ne réagira plus sur le sujet... mais encourage néanmoins les grioonautes à faire connaître leurs réactions.
Grioo.com remercie le journaliste pour cet effort, et invite les grioonautes à prendre connaissance de son communiqué, et à réagir sans passion, dans cette affaire-test pour toute notre communauté. |
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Le communiqué de Serge Bilé |

Cher(e)s ami(e)s,
Je vous remercie pour vos mails, quelqu'en soit le ton. Mon livre, dès lors qu'il est publié, ne m'appartient, effectivement, plus.
Pour autant, j'avais pris soin, par l'intermédiaire d'un ami commun, de le transmettre à Dieudonné, deux mois avant sa sortie, en lui faisant clairement comprendre, que nous avions là une chance historique, alors que mon travail était boudé depuis 10 ans (!!!), de nous faire entendre sur la question de la déportation des Noirs, et, que partant, nous n'admettrions pas que "Noirs dans les camps nazis" soit impliqué dans quelque dérapage que ce soit.
Dieudonné a tenu parole jusqu'à sa conférence de presse de samedi dernier, censé justifier ses propos tenus à Alger sur la « pornographie mémorielle » concernant la commémoration de la Shoah.
Des propos, que, personnellement, je condamne, non pas en tant que Noir, mais simplement en tant qu'homme.
Mais le plus surprenant, me concernant, c'est que Dieudonné a délibérément posé, devant les photographes, avec mon livre, brandi à bout de bras, photos parues notamment, comme vous le savez, dans Le Figaro et sur le site du journal Le Monde. |

Dès lors, l'amalgame devenait, pour beaucoup de journalistes, qui m'ont sollicité, dès lundi, facile et naturel, en faisant le lien entre ses propos et moi. Je devenais le soutien implicite d’affirmations que je ne partage pas, ce qui est mon droit le plus absolu.
Dieudonné est trop intelligent, et connait trop bien les médias, pour ne pas l'avoir fait sciemment.
J'ai trop de respect pour la communauté à laquelle j'appartiens, et sur la mémoire de laquelle je travaille depuis plus de dix ans (voir mon site www.serge-bile.com), pour accepter de ne pas dire ses quatre vérités à un frère qui, sous couvert d’une bataille juste et noble pour plus de dignité pour les nôtres, se noie.
La solidarité, ce n'est pas l'aveuglement.
Le combat pour la cause noire, en France, et dans le monde, est trop impérieux et trop important, pour que nous acceptions, que l'un ou l'autre d'entre nous, fusse t-il le plus charismatique et fusse- t-il follement doué, le pollue par des dérapages inutiles.
J'avais accepté, malgré tout ce qui se disait sur Dieudonné, à la demande de son manager, de le rencontrer en mars prochain, pour lui dire, avec mes mots, qu'il ne faut pas se tromper de combat. Il n'a pas voulu attendre. Dommage! |

Pour ce qui est du livre, sachez qu’en moins d’un mois « Noirs dans les camps nazis » s’est vendu à 50.000 exemplaires, soit dix fois plus que ce que mon éditeur avait espéré. C’est dire que je n’ai pas besoin de pub et encore moins de faire la courbette devant qui que ce soit.
Ce que j’avais à dire, sur les plateaux de télévision, je l’ai dit, sans la moindre crainte et sans jamais faillir. Et je procéderai, toute ma vie, de la sorte, parce que c’est comme ça que j’ai été élevé et parce que je n’ai peur de personne. Ma liberté est plus précieuse que tout. Demandez le aux Ivoiriens qui me connaissent, et qui savent, que, pour avoir défendu, en 1993, des opposants à Houphouët-Boigny, dans un climat de terreur, à Abidjan, je les ai rejoint… en prison.
Je ne crois pas, pour finir, que c’est en s’en prenant aux autres, qu’on avance. C’est d’abord en essayant de s’organiser aussi intelligemment qu’eux, dans la diversité de nos opinions qui ne doivent pas avoir peur de s’opposer, y compris publiquement. C’est ça la démocratie ! Seule, notre capacité à débattre, à nous critiquer, nous ferons progresser. Je ne connais pas de stratégie, unique, comme ces partis uniques en Afrique, qui ait fait avancer un peuple.
Pour ce qui est, par ailleurs, de la commémoration de l’esclavage, nous devons, balayer devant notre porte, et comprendre qu’il nous faut, avec nos différentes sensibilités, mener, obstinément, un combat vers notre propre communauté autant que vers la communauté nationale. |

Jugez vous-mêmes. Nous célébrons chaque année, ici, à la Martinique, le 22 mai, l’abolition de l’esclavage. Et pourtant, chaque année, à cette même date, qui est fériée, vous ne voyez quasiment personne aux manifestations qui sont organisées !
De même, combien de pays africains, disposent, aujourd’hui, d’un jour spécifique, pour célébrer le drame de l’esclavage ? S’ils ne se sentent pas concernés, qui peut l’être à leur place ?
Si nous ne commençons pas, nous-mêmes, à travailler sur notre mémoire, à honorer nos morts, comment ferons nous pour convaincre les autres de le faire ?
Si nous ne parvenons pas à nous considérer, qu’on soit africain, antillais, guyanais, ou américain, membre d’une même fraternité noire, comment pourrons nous être forts et faire pression sur le monde ?
Croyez-vous, que si demain, 1 million de Noirs descendaient dans les rues de Paris pour manifester et revendiquer, un gouvernement, responsable, ne les écouterait pas ?
Arrêtons de nous abriter derrière Dieudonné ou quiconque, et que chacun se regarde, en face, le plus franchement possible, qu’il regarde ce qu’il pose ou a posé comme pierre ou comme acte, concret, pour nous faire avancer, au-delà des vociférations faciles ou du ministère de la parole !
Je suis, pour ma part, en perpétuelle quête de notre histoire, de ce qui nous est caché, pour moi, pour mes enfants, mais aussi pour le dire, sans haine, à la face des autres. Et ce que j’apprends tous les jours de ce passé et que je restitue dans mes livres, doit aider à nous grandir en nous restituant toute notre place dans l’Histoire, mais doit aussi contribuer à éviter, en tentant de rapprocher les uns et les autres, que ne se reproduisent les mêmes erreurs et les mêmes drames d’autrefois, dont nous avons été, nous les Noirs, les principales victimes.
Pour le reste, je ne vous empêcherai pas de croire ou d’écrire ce que bon vous semble, mais, moi, je continuerai, comme je le fais depuis toutes ces années, sans me soucier des modes, que ça plaise ou non à certains des miens ou aux autres, à garder le même cap, et surtout à… agir.
Serge Bilé |
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