
La mère de l'adolescent qui accuse Michael Jackson d'attentat à la pudeur a expliqué au jury que le chanteur et ses hommes de main avaient multiplié les pressions sur sa famille afin qu'ils innocentent la pop star et qu'ils l'avaient terrifiée avec des histoires de mystérieux "tueurs" les pourchassant.
Dans une déposition interrompue par de fréquentes crises de larmes, la dame, toute de rose vêtue, a aussi supplié mercredi les jurés de comprendre les raisons pour lesquelles elle n'était pas intervenue lorsqu'elle a vu le chanteur lécher la tête de son fils, au cours d'un vol privé entre Miami et la propriété Neverland de Jackson, en février 2003.
"Je vous en prie, ne me jugez pas, cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas dormi", a-t-elle plaidé en racontant que tout le monde dormait dans l'avion lorsqu'elle a tourné la tête vers l'endroit où son fils de treize ans était assis, à côté de Jackson.
"C'est alors que j'ai vu Jackson lui lécher la tête. J'ai pensé que c'était moi, j'ai pensé que j'avais des hallucinations", a poursuivi la mère en larmes.
Son fils cadet a confirmé avoir assisté à la scène, mais l'hôtesse de l'air a affirmé n'avoir vu aucun geste déplacé entre Jackson et l'adolescent.
A l'ouverture de la séance, la mère avait annoncé qu'elle ne répondrait pas à des questions sur des allocations de l'aide sociale qu'elle aurait perçues.
Les avocats de la défense, cherchant à faire interdire la déposition de la mère, ont affirmé qu'elle avait fraudé en acceptant cet argent et l'ont présentée comme une menteuse qui avait déjà escroqué des célébrités.
Mais le juge Rodney Melville a estimé que la dame pouvait témoigner dans l'affaire Jackson tout en invoquant son droit constitutionnel à refuser tout sujet risquant de l'incriminer.
Elle a raconté que Jackson et ses collaborateurs avaient attiré la famille à Miami, en février 2003, afin qu'ils ne voient pas la diffusion à la télévision d'un documentaire dans lequel on voit Jackson tenir la main de son fils et affirmer qu'il n'y a rien de mal à partager son lit avec de jeunes garçons.
Jackson et deux collaborateurs allemands du chanteur lui ont fait croire à cette fin que la famille courait un grave danger, puis ils les ont ramenés à Neverland en avion.
Alors a débuté une période d'intenses pressions sur la famille pour qu'elle collabore au tournage d'une video disculpant Jackson, et d'appels téléphoniques incessants de Frank Cascio, un collaborateur de Jackson, demandant à la famille "d'apaiser les tueurs", a dit la mère.
Les jurés ont entendu l'enregistrement d'une série d'appels de Cascio, d'une voix douce similaire à celle de Jackson, l'implorer de retourner à Neverland pour la sécurité de sa famille, d'enregistrer la video et de "partir" avec le chanteur.
"Nous allons tous devoir aller quelque part, y compris Michael", dit Cascio, ajoutant que Jackson "a été blessé tant de fois" et qu'elle ne devrait pas le rejeter.
La femme répond d'une petite voix qu'elle a peur des deux Allemands mais qu'elle considère Jackson comme sa "famille".
Cet enregistrement illustre le climat entourant Jackson après la diffusion du documentaire qui a, selon le parquet, incité la star et ses collaborateurs à pratiquement retenir la famille emprisonnée à Neverland, en Californie.
D'après Reuters |