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Cinéma noir: la "blaxploitation"
26/04/2005
 

Contraction de "Black" et "Exploitation", la "blaxploitation" a permis l'émergence, sur quelques années, d'un cinéma noir aux Etats-Unis. Grioo.com vous plonge dans les origines de ce mouvement
 
Par Yasmina Yacou
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Sydney Poitier dans « Devine qui vient dîner ce soir »  
Sydney Poitier dans « Devine qui vient dîner ce soir »
 

Au début des années 70, la condition sociale des Noirs aux Etats-Unis n’a guère évolué depuis les victoires symboliques de la lutte pour leurs droits civiques. Ils restent victimes de leur statut de descendants d’esclaves et de la couleur de leur peau. En effet, la discrimination raciale a volontiers pris la place de la ségrégation qui sévissait dans les années 60.
De plus, de nouveaux fléaux apparaissent. La drogue envahit peu à peu les quartiers, ainsi que la criminalité et le chômage.
La communauté noire se sent exclue de la société américaine. Elle essaie de s’imposer et de se faire entendre par tous les moyens mis à sa disposition.

A cette époque, le seul acteur noir célèbre est Sidney Poitiers. Il apparaît dès 1965 dans un thriller de Sidney Pollack The Slender Thread puis devient une star grâce aux films Devine qui vient dîner et Dans la chaleur de la nuit. Ces fictions montraient au public un Poitiers bien sous tous rapports, présentable, issu de la classe moyenne mais davantage toléré qu’accepté par la société blanche dans laquelle il évolue.
Les films dans lesquels apparaissait Sidney Poitiers laissaient entendre qu’il était possible pour les Noirs d’être acceptés dans la société américaine. La réalité était pourtant était extrêmement différente pour beaucoup. Après les émeutes raciales qui avaient secoué les Etats-Unis, le parti des Black Panthers incita ses nombreux partisans issus des quartiers défavorisés à passer à l’action militante. Il semblait clair que les films de Poitiers, même s’ils avaient une influence positive sur la société, ne reflétaient pas la vie d’une grande majorité d’Afro-américains de cette époque.
Ceux-ci ne souhaitaient plus voir les acteurs noirs cantonnés à des rôles de serviteurs. Ils commençaient à exiger un cinéma plus proche de leur réalité, qui leur ressemblait. Un cinéma fait pour eux, fait par eux.

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Dans la musique, justement, de nombreux artistes Afro-américains tels The Impressions, Funkadelic et James Brown, notamment, le plus célèbre de l’époque, offraient une musique qui comportait des messages forts que comprenait la communauté. Tous les hits-parades de l’époque prouvèrent que la demande d’une musique avec un message était considérable. II en était de même pour le cinéma.

La première réponse à cette attente de la communauté noire fut « Sweet Sweetback’s Baadasssss Song » de Melvin Van Peebles en 1971. Ce réalisateur de talent avait été projeté sur le devant de la scène hollywoodienne après le succès de son film « Watermelon Man » en 1970. Toutefois, il caressait l’espoir de réaliser un film conçu et pensé par le public noir. Il dût mener à bien son projet à bien sans le support et l’aide financière des grands studios. Le public noir ne représentait pas pour eux une cible rentable, ce qui remit en avant l’exclusion des Noirs du cinéma populaire.

Auteur, réalisateur, producteur et acteur de son propre film, Melvin Van Peebles incarne Sweetback, antihéros noir qui assiste au passage à tabac du leader d’un groupe de manifestants par deux policiers blancs. Prenant alors la défense du militant, il finit par assommer les deux policiers et devient la cible de toute la police de Los Angeles. Commence alors une fuite soutenue par la population noire qui le mènera au Mexique.

Melvin Van Peebles  
Melvin Van Peebles
 

A sa sortie, ce film fut classé X. Il débutait ainsi : « This film is dedicated to all the Brothers and Sisters who had enough of the Man ». Il s’agit de l’une des oeuvres les plus politiquement engagée dans la défense du Noir contre le Blanc. Bien que peu de cinémas acceptèrent de le projeter, le film connut un engouement populaire et critique considérable. Van Peebles déclara qu’il voulait « faire un film victorieux. Un film dont les Noirs pourraient sortir la tête haute au lieu de s’éviter du regard. »
Il venait de créer la Blaxploitation, contraction des mots « black » et « exploitation ». Un genre où les héros évoluent dans un univers fait de violence, de trafics, de justice privée et de sexe bien sûr.
Un genre spécifiquement destiné au public Afro-américain et où la musique noire va tenir un rôle primordial et complémentaire aux films.
Ce genre cinématographique va permettre à certains compositeurs de créer une musique avant-gardiste mélangeant le jazz, la soul, le funk, et ainsi sonner naissance à des bandes- originales remarquables. Van Peebles composa lui-même la bande –originale de son film.

« Shaft, les nuits rouges de Harlem »  
« Shaft, les nuits rouges de Harlem »
 

Après le succès phénoménal de « Sweet Sweetback’s Baadasssss Song », la blaxploitation, ce nouveau cinéma de genre intéressa de plus en plus Hollywood. Le cinéma Noir était porteur et vendeur, les grands studios décidèrent donc de profiter de cet engouement. En effet, la même année sortit sur les écrans « Shaft, les nuits rouges de Harlem » de Gordon Parks, pur produit formaté, mais destiné au public Noir.
C’est Richard Roundtree qui y tenait le rôle principal, celui de John Shaft, un détective privé. Il était engagé par un truand notable afin de retrouver sa fille qui avait été kidnappée par la mafia. Shaft était énormément surveillé par la police qui observait de loin les agissements du détective.
Elle faisait d'ailleurs appel à ses services elle aussi quand une affaire nécessitait des moyens « spéciaux ».
Finalement, l’enquête prendra un tour inattendu et Shaft se retrouvera pris dans les bas fonds new-yorkais où la violence est parfois la seule façon de s’en sortir. Il devint le premier héros Noir de l’Histoire du cinéma.

Ce film fera de Richard Roundtree une star et le symbole d’une population noire jusque là oubliée. Le public se rendit en masse pour voir ce film qui reflétait si bien son quotidien. Ce nouveau héros issus de leur milieu, musclé, bel homme leur ressemblait.
Shaft fut aussi largement apprécié pour sa bande originale composée par Isaac Hayes, qui devint par la suite une référence en matière de musique de films. Elle fut même récompensée par un Oscar et reste encore dans les mémoires. Shaft eut deux suites Shaft’s Big Score en 1972 et Shaft in Africa en 1973 qui n’eurent pas le même succès.

Black Caesar  
Black Caesar
 

En 1973, on vît apparaître le premier parrain Noir du cinéma. Un nouveau personnage détestable et cruel. Black Caesar de Larry Cohen raconte l’histoire de Tommy Gibbs, jeune cireur de chaussures chargé par la pègre locale de récolter l’argent de flics corrompus de la ville. L’un d’eux le tabasse ce qui provoquera chez Tommy une soif de vengeance et une volonté implacable de diriger un jour la mafia de Harlem.
Bon et généreux au départ, le pouvoir et l’argent feront de Tommy un parrain craint par tous. Ce film connut également un grand succès populaire, notamment grâce à une bande originale signée James Brown.

La même année, une femme est à l’honneur. Pam Grier devient l’autre grande star du genre en tenant le rôle principal dans Coffy de Jack Hill. Ce film allait la révéler au monde. Coffy, jeune infirmière, décide de faire justice elle-même après avoir découvert qu’un dealer fournissait de la drogue à sa jeune sœur. Elle infiltre alors ce milieu pourri et se fait passer pour une prostituée. Elle devient peu à peu une justicière et ne recule devant rien pour obtenir ce qu’elle veut.
Le film devint rapidement culte et Pam Grier une idole. Elle continuera sur sa lancée en tournant l’année suivante Foxy Brown avec le même réalisateur.
On reprocha beaucoup à ce film d’être une copie de la précédente fiction de Hill. Là encore, elle y incarne une femme qui entreprend de se venger après l’assassinat de son petit ami. A nouveau une intrusion dans le milieu de la drogue et de la prostitution et de nombreuses scènes de violence.

Blacula  
Blacula
 

Petit clin d’œil, dans ce film, on retrouve Antonio Fargas, l’acteur qui interpréta le rôle inoubliable d’Huggy les Bons Tuyaux dans la série Starsky et Hutch. On la retrouvera également à l’affiche de Shaeba Baby en 1975.

Pam Grier restera une icône du genre Black. Mais elle ne fut pas la seule à interpréter des rôles de femmes fortes, vengeresses le plus souvent, et extrêmement sexy. Dans Cleopatra Jones en 1973, on retrouve Tamara Dobson. Ici, il ne s’agissait pas d’une vendetta destinée à assouvir une vengeance personnelle car Cleopatra était une espionne au service du gouvernement américain.

Si la plupart des films issus de la blaxploitation étaient des polars, tous les genres possibles furent transposés pour les faire interpréter par des acteurs noirs : comédies romantiques, péplums, films de karaté, comédies musicales et même des films d’horreur.
En 1973, Robert Kelljan met en scène le personnage de Blacula pour la seconde fois (la première en 1971). Dans Scream, Blacula, Scream, Blacula, prince africain faisait appel à Dracula afin de se débarrasser des marchands d’esclaves qui sèment la terreur en Afrique. Il devint lui-même un esclave.
Le rôle principal était tenu par William Marchall, premier acteur Noir à avoir interprété Othello, grand héros shakespearien.

Blackenstein  
Blackenstein
 

On verra par la suite de nombreuses adaptations de grandes figures de la littérature telles Blackenstein ou encore Dr Jekyll and Mr Black.
On reconnaissait que si un acteur Noir pouvait jouer un policier, un détective privé ou un parrain de la mafia, il pouvait également incarner d’autres personnages classiques du cinéma.

La Blaxploitation restera au sommet pendant un peu plus de quatre ans. En effet, en quelques années seulement, ce cinéma n’attire plus les foules. Les réalisateurs n’arrivent plus à renouveler le genre et, à force de l’exploiter à tort et à travers, ils finiront par le faire sombrer dans le ridicule.
Les films sont des copies conformes, les scénarios sont limités ainsi que les moyens. Le cinéma Noir finit par lasser.

En 1977, la folie du début autour de ces films fait place à l’indifférence.

La Blaxploitation et les bandes sons qui accompagnaient ses films ont inspiré par la suite de nombreux réalisateurs de tous horizons comme Quentin Tarantino qui le clame avec fierté et reconnaissance. Il demandera même à une ancienne star de la Blaxploitation, Pam Grier, d’interpréter le rôle principal dans Jacky Brown.

Neg’Marrons  
Neg’Marrons
© Mars Distribution
 

Les plus grands musiciens Noirs ont participé aux bandes originales des films : Billy Paul, James Brown, Marvin Gaye, Sly Stone, Earth Wind and Fire, Curtis Mayfield, Isaac Hayes, Aaron Neville ou Bobby Womack.

Aujourd’hui, les clins d’œil à la Blaxploitation sont monnaie courante dans le milieu du hip-hop américain. De nombreux rappeurs s’habillent à la manière de ces héros Noirs. De longs manteaux, des chaînes en or, des chapeaux en tous genres ; Snoop Dogg peut être considéré comme un instigateur de cette mode. De plus, beaucoup d’entre eux glorifient les proxénètes. Le rappeur Fifty Cent qui se définit comme tel leur a même consacré une chanson, P.I.M.P.
Il semblerait que les héros de la blaxploitation continuent à marquer les esprits.

Des années après les Etats-Unis, il semblerait que les français et les africains se mettent peu à peu à vouloir mettre sur le devant de la scène des héros Noirs. En Janvier 2005, le public français a pu découvrir le premier long métrage de Jean-Claude Flamand-Barny, Neg’ Marron qui mettait en scène un jeune guadeloupéen qui se retrouve embarqué malgré lui dans une sordide affaire de meurtre et qui finira par prendre la fuite.
Un autre long-métrage, passé presqu’inaperçu, produit par une maison de production antillaise, le film Biguine a offert un agréable retour vers les Antilles d’autrefois.
En Afrique, le réalisateur Mamady Sidibé a créé une série policière Inspecteur Sori dont l’action se déroule au Gabon. Le rappeur Passi y a même fait une apparition.

La Blaxploitation aura permis aux Afro-américains de se faire une place dans le cinéma et dans la société américaine par la même occasion. Aujourd’hui, de nombreux acteurs noirs tiennent le haut de l’affiche dans des rôles valorisants et incarnent de moins en moins les rôles de dealers, de macs, et de gangsters.

Vidéo : scène d'ouverture de ''Shaft'' avec Richard Roundtree



Vidéo : bande annonce de Black Caesar



       
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Mots-clés
afrique   blaxploitation   melvin van peebles   pam grier   richard roundtree   shaft   sydney poitiers   
 
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