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Les manifestants ce Mardi à Lomé
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Les affrontements entre manifestants et force de l'ordre ont repris mercredi à Lomé, où au moins onze personnes ont été tuées depuis mardi alors que le candidat de la coalition de l'opposition à la présidentielle Emmanuel Akitani Bob se proclamait président de la République du Togo au lendemain de la victoire du candidat du parti au pouvoir Faure Gnassingbé.
"Togolais, togolaises, votre président vous parle, oui votre président, car nous n'avons pas perdu les élections présidentielles. Cette élection présidentielle du 24 avril 2005. Vous devez le savoir pour rester mobilisés", a déclaré M. Akitani Bob devant des journalistes à Lomé.
Pour la deuxième journée consécutive, les manifestants dénonçaient la "victoire" du candidat du pouvoir, Faure Gnassingbé déclaré mardi vainqueur de la présidentielle par la commission électorale avec 60,22 % des suffrages devant le candidat de la coalition de l'opposition radicale Emmanuel Akitani Bob (38,19%).
Le secrétaire général de l'Union des forces de changement (UFC, de l'opposant historique Gilchrist Olympio) Jean-Pierre Fabre a affirmé mercredi à Lomé que la "mobilisation populaire" va se développer contre le pouvoir. "Nous n'avons pas d'autres stratégies, pour le moment, que la mobilisation populaire. La mobilisation va se développer et se propager dans tout le pays", a-t-il dit.
Il a, par ailleurs, mis en cause la CEDEAO (Communauté des Etats de l'Afrique de l'ouest) l'accusant d'avoir servi "les intérêts de la France", sans donner d'autres précisions.
De son coté, la France "appelle à la réconciliation entre tous les Togolais et à l'amorce d'un dialogue indispensable pour l'avenir du pays. Elle appuie l'engagement de l'Union africaine et de la CEDEAO pour encourager désormais la formation d'un gouvernement d'union nationale", selon le Quai d'Orsay.
L'annonce de la victoire de Faure Gnassingbé mardi a provoqué une flambée de violence dans plusieurs quartiers de la capitale togolaise, où des centaines de jeunes opposants favorables à Emmanuel Akitani Bob sont descendus dans les rues aux cris de: "on nous a volé notre victoire!".
"Tout le monde a vu qu'il y avait eu des violences, des confiscations d'urnes par les militaires. Comment peut-on dire maintenant que le scrutin s'est bien déroulé?", s'est interrogé M. Fabre.
Rassemblés sur de nombreuses barricades de pneus, d'ordures et d'arbres, les partisans de l'opposition, en majorité des jeunes, sont à nouveau descendus dans les rues du quartier populaire de Bé mercredi pour y défier les forces de l'ordre qui ont fait usage de grenades lacrymogènes.
Le bilan officiel de ces violences n'a pas encore été établie, mais au moins onze personnes sont décédées au CHU de Tokoin, principal hôpital de la capitale, selon des sources hospitalières. Sur 95 blessés hospitalisés, 90% le sont par balles, et deux sont dans un état grave.
Les émeutes de mardi étaient principalement concentrées dans les bastions de l'opposition à Bé et Dékon, où des manifestants, parfois munis de cocktails molotov, ont affronté les forces de l'ordre.
Dans ces quartiers, de nombreux pillages ont été commis et des boutiques mises à sac, notamment celles appartenant à des commerçants libanais. Plusieurs familles françaises, une trentaine de personnes, ont été exfiltrées par la police togolaise, avant que leurs habitations ne soient pillées.
Dans les quartiers nord de la capitale, favorables au pouvoir, l'annonce de la victoire du candidat du RPT a été saluée par des milliers de personnes en liesse, qui ont fêté, pour certains toute la nuit, la "victoire de Faure".
L'animation mercredi matin dans ces secteurs de Ramco, Forever, Casablanca, était quasi normale, ainsi que la circulation et les magasins ouverts.
Quelques barricades restaient visibles dans le centre-ville où l'accès au grand marché est paralysé, ainsi que dans les quartiers de l'ouest comme Kodjoviakope et Nykonapoe, vers la frontière ghanéenne, qui jouxte la capitale togolaise.
Dans tous ces secteurs, rares étaient les magasins ouverts. Toutefois, ce mercredi est férié au Togo qui commémore la fête de l'Indépendance, acquise le 27 avril 1960.
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