
L'ancien président bissau-guinéen, Kumba Yala, renversé en septembre 2003 par un coup d'Etat militaire, a déclaré dimanche qu'il se considère comme président de la Guinée-Bissau et a annoncé le report de l'élection présidentielle prévue le 19 juin.
"J'ai été renversé par un coup d'Etat militaire et obligé à renoncer au pouvoir, ce qui signifie que mon mandat n'est pas terminé. Donc, il est légitime de toujours me considérer comme président", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse tenue dans sa résidence privée en banlieue nord de Bissau.
M. Yala a affirmé qu'il voulait accomplir le reste de son mandat de cinq ans, interrompu trois et demi après son élection, en révoquant une lettre de démission qu'il avait signée trois jours après avoir été renversé.
Au sujet du processus électoral en cours, M. Yala a annoncé que "ce processus est interrompu. Nous déciderons plus tard de la tenue des élections".
Cette déclaration de M. Yala, qui bénéficie de nombreux soutiens au sein de l'armée, est susceptible de troubler le processus de normalisation entamé depuis son renversement dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'ouest, où les coups d'Etat militaires se sont succédés à intervalles réguliers depuis 15 ans sur fond d'instabilité sociale, économique et institutionnelle.
Début avril, M. Yala avait menacé de "s'emparer du pouvoir de la même manière qu'il en a été chassé en 2003", alors qu'une incertitude pesait sur la validation de sa candidature à la présidentielle, officialisée le 10 mai par la Cour suprême.
"Une fois le problème réglé par la cour, j'ai décidé de m'adresser au peuple de Guinée-Bissau pour révoquer publiquement ma lettre de démission et par conséquent d'assumer à nouveau le poste de président de la république", a déclaré M. Yala, assurant avoir signé cette lettre trois jours après le coup d'Etat "sous la contrainte".
M. Yala a été renversé le 14 septembre 2003, sans violence, par des militaires qui ont installé Henrique Rosa comme président et des institutions de transition jusqu'à la prochaine élection présidentielle prévue le 19 juin dans ce pays où, depuis quinze ans, aucun président n'a pu achever un seul mandat.
Le comité militaire bissau-guinéen qui a renversé l'ancien président Kumba Yalla en 2003, reste fidèle au chef de l'Etat par intérim, Henrique Rosa, a déclaré lundi son chef, le général Bitchofela, au cours d'une conférence de presse. |