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Meles Zenawi a certes renversé Mengistu Selassié, mais son régime n'en est pas moins autoritaire
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Les Ethiopiens se sont déplacés en nombre aux urnes, dimanche, pour des élections législatives qui devraient permettre à la coalition dirigée par le Premier ministre Meles Zenawi de remporter un troisième mandat de cinq ans.
Ces législatives, la seconde confrontation électorale véritablement multipartite, sont un test sur les progrès de la démocratie dans le pays depuis le renversement par Meles du dictateur Mengistu Haïlé Mariam en 1991 après 17 années de régime marxiste.
Les bureaux de vote dans les régions rurales ont fermé à 18h00 (15h00 GMT) mais certains sont restés ouverts dans la capitale Addis Abeba pour faire face à la "participation massive", selon les dires du ministre de l'Information Bereket Simon.
Les résultats provisoires seront annoncés le 21 mai et les résultats officiels le 8 juin.
"Nous sommes heureux. C'est une grande première pour la démocratie en Ethiopie et nous votons pour le changement", se réjouissait Tirsit Kaffa, étudiant, avant de voter dans le quartier de Gullele, à Addis-Abeba.
L'opposition, qui ne dispose que de 20 sièges sur 547 au Conseil des représentants du peuple, espère cette fois être mieux représentée. Oubliant leurs différences ethniques, ses dirigeants ont promis de faire alliance si cela leur permettait d'obtenir la majorité à l'issue du scrutin.
Mais la plupart des analystes prédisent une nouvelle victoire du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) de Meles, à la machine électorale bien huilée.
Dans ses discours, le Premier ministre, ancien chef de la guérilla, n'hésite pas à comparer l'opposition aux milices hutues rwandaises Interahamwe et à agiter le spectre d'un bain de sang ethnique.
Les partis d'opposition avaient boycotté les premières législatives éthiopiennes en 1995, offrant au FDRPE une large victoire, confortée lors du scrutin multipartite de 2000.
Dimanche, les observateurs de l'Union européenne n'ont fait état d'aucune irrégularité majeure mais l'opposition a rejeté ce constat, évoquant des fraudes dans des zones reculées du pays.
"La situation est calme et la participation massive", a déclaré Ana Gomes, qui dirige l'équipe d'observateurs de l'UE. "Ce que j'ai vu jusqu'à présent me satisfait."
Beyene Petros, chef des Forces démocratiques éthiopiennes unies (FDEU, opposition) a catégoriquement rejeté ces conclusions: "Les observateurs de l'Onu ne sont pas allés dans les régions pour constater les fraudes et les irrégularités perpétrées par les partisans du gouvernement".
Hailu Shawel, président de la Coalition pour l'unité et la démocratie, abondait dans le même sens: "La situation est totalement désastreuse. Une fraude massive a lieu dans de nombreux bureaux de vote d'Addis Abeba et des régions. Nous ne sommes pas satisfaits de l'évaluation des obervateurs de l'UE".
Ana Gomes a toutefois signalé que, dans la ville d'Harar (Est), des électeurs s'étaient plaints d'intimidation en affirmant que le président de leur bureau de vote leur avait ordonné de voter pour "l'abeille", l'emblème du FDRPE.
Plus de 300 observateurs internationaux ont surveillé le déroulement du scrutin, dont 50 membres du centre fondé par l'ancien président américain Jimmy Carter, qui a estimé vendredi que l'Ethiopie avait réalisé "d'énormes progrès" sur la voie de la démocratie.
La campagne a été cette année plus ouverte qu'en 2000, selon les observateurs. Le FDRPE a ainsi autorisé l'accès de ses opposants aux médias d'Etat et leur participation à des débats télévisés retransmis en direct.
"Je suis sûr que les Ethiopiens auront eu la possibilité de s'exprimer. Le débat a été plus libre et beaucoup plus animé (que lors des précédents scrutins)", a déclaré Meles à Reuters alors qu'il votait dans sa circonscription d'Adwa, dans la province du Tigré (nord).
"La vitesse du développement a rendu certaines personnes malheureuses. L'opposition a su tirer parti de cette situation. Il est vrai que nous n'avons pas créé autant d'emplois que nous l'espérions (...). Mais nous affichons une croissance à deux chiffres sur les deux dernières années et espérons maintenir ce taux de croissance sur les cinq prochaines années", a-t-il ajouté.
L'opposition accuse le pouvoir en place de ne pas être parvenu à réduire la pauvreté dans ce pays de la Corne de l'Afrique peuplé de 72 millions d'habitants, qui reste l'un des moins développés de la planète.
Elle réclame la libéralisation de l'économie par le biais de privatisations, notamment de la terre, ce qui permettrait, dit-elle, de créer des emplois.
Mais le gouvernement rétorque que l'Etat doit posséder la terre, au motif que cela donne une plus grande sécurité aux agriculteurs.
En outre, estime l'opposition, la constitution qui divise l'Ethiopie fédérale en neuf Etats sur une base ethnique est un facteur d'érosion de l'unité nationale.
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