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La forte mobilisation de la communauté internationale avec des promesses financières importantes (8 milliards de dollars), l’engouement des humanitaires-Etat, organisations non-gouvernementales (ONG) et entreprises-, l’organisation d’une conférence internationale (le Sommet de Djakarta, en Indonésie, le 6 janvier 2005) et d’une conférence des donateurs (à Genève, en Suisse, le 11 janvier 2005) pour venir en aide à l’Asie dévastée par le tsunami du 26 décembre 2004 contrastent avec la faible mobilisation face aux drames humanitaires (déplacements forcés de populations, errance de milliers de réfugiés, décès de milliers de personnes) résultant des conflits internes en Afrique subsaharienne.
L’action humanitaire d’urgence est définie comme une action de solidarité et d’assistance, désintéressée, menée sans discrimination, de nature politique, religieuse ou autre en faveur de populations civiles en détresse dont l’existence est menacée du fait de guerre, famine, catastrophes naturelles. Elle doit être repenser par les dirigeants africains et la communauté internationale pour faire face à la grave crise humanitaire qui frappe la province du Darfour au Soudan et à des nombreuses autres crises humanitaires chroniques et oubliées engendrées par des conflits ouverts ou larvés, la famine, le sida, les expulsions arbitraires, les répressions brutales et massives en Afrique. |
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Angélina Jolie en voyage humanitaire
©
nccusa.org |
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Bien que l’Afrique soit devenue le champ d’application par excellence de cette action humanitaire, qu’elle soit étatique ou d’ONG, dont la mise en œuvre est tributaire des acteurs issus pour l’essentiel des pays du Nord, la mobilisation de la communauté internationale dans les crises humanitaires africaines reste mitigée. Pis, on a pu déplorer des dysfonctionnements ou des dérives dans la gestion de l’action humanitaire.
C’est le cas, notamment, du désintérêt des humanitaires pour certaines crises (par exemple, celle qui touche le Nord de l’Ouganda en proie à un conflit interne sanglant depuis 17 ans) au profit d’autres crises plus médiatisées donc plus « rentables » diplomatiquement et financièrement.
On note une instrumentalisation diplomatique des ONG et de l’aide humanitaire, la partialité de certaines ONG, le manque de coordination entre les différentes formes de l’action humanitaire (humanitaire d’Etat et humanitaire non-gouvernemental), le détournement de l’aide ou de l’argent de l’aide pour financer le fonctionnement des ONG. Sans oublier l’aggravation des conflits par l’aide humanitaire, la concurrence entre les ONG sur le terrain, leur manipulation ou leur racket par les parties en conflit pour se constituer des stocks de nourriture et de médicaments au détriment de la population en détresse… |

Il est fort à parier que la forte mobilisation pour assister l’Asie conduise à la marginalisation des crises humanitaires en Afrique (Nord-Ouganda, Somalie, Darfour, République démocratique du Congo) alors que, comme l’a dit le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu) chargé des affaires humanitaires : « il y a un tsunami qui menace le Congo tous les quatre mois. »
Dans ces conditions, ne faudrait–il pas instituer un envoyé spécial pour l’action humanitaire d’urgence chargé de prévenir les crises humanitaires et, au cas où ces crises surviennent, d’attirer l’attention de la communauté internationale, des médias et des opinions publiques pour une mondialisation de la solidarité comme ce fut le cas pour les victimes asiatiques du tsunami et de veiller à ce que l’action humanitaire soit profitable aux populations en évitant ou en jugulant les dysfonctionnements et les dérives ? |

Contrairement à d’autres organisations internationales, l’Union africaine n’a pas procédé à la restructuration de l’humanitaire d’Etat qui a consisté ces dernières années en l’implication dans des actions de solidarité en faveur des populations en détresse, soit en finançant en grande partie des ONG, soit en mettant en œuvre des actions militaro-humanitaires. Ainsi, l’Onu a mis en place le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), dirigé par l’un des secrétaires généraux adjoints chargé des affaires humanitaires. En Europe, outre l’European Community Humanitarian Office (ECHO) créé en 1992, un poste de commissaire européen à l’action humanitaire a été institué au sein de la Commission européenne. L’absence d’une telle structure sur le plan africain, terre de prédilection de l’action humanitaire, est déplorable.
Il convient, pour l’Union Africaine, de se doter d’un organe pour ses affaires humanitaires en nommant un envoyé spécial pour l’action humanitaire d’urgence. Il ne s’agit pas de faire doublon avec le travail du Commissaire de l’Union africaine aux affaires politiques en charge, en autre, des affaires humanitaires ni celui de Jan Egeland, le secrétaire général adjoint de l’Onu chargé des actions humanitaires, mais d’avoir une véritable valeur ajoutée. |

L’envoyé spécial pour l’action humanitaire en Afrique disposant d’un droit d’alerte devra veiller sur l’aide humanitaire et saisir les ONG, les structures étatiques humanitaires (certes dotées de capacités à déployer d’énormes moyens logistiques ou à planifier des opérations à grande échelle mais agissant davantage par rapport à des critères d’efficacité politique et à des intérêts géopolitiques) et, également, les bailleurs de fond, pour un déploiement de moyens et d’acteurs dans des crises humanitaires, garantissant ainsi un droit à l’aide humanitaire et à la protection aux populations vulnérables en Afrique pour faire perdurer la mondialisation de la solidarité observée dans la crise asiatique.
Il pourra intervenir également dans les différends entre les ONG et les autorités étatiques ou les factions armées qui n’acceptent pas toujours la présence de ces acteurs humanitaires ou cherchent à les contrôler voire à les racketter, à les manipuler, à les harceler ou à nier carrément l’urgence et la nécessité de soutenir des populations sous leur contrôle ou sous leur administration. |

Il sera à même de tenter, par la médiation d’endiguer les limites liées à la dégradation des conditions de sécurité auxquelles l’action humanitaire doit faire face dans les conflits africains opposant des groupes rivaux qui ont tendance à exercer des exactions contre les populations civiles ou des pressions sur les humanitaires conduisant parfois à leur expulsion ou leur évacuation. Le déploiement humanitaire dans certaines zones étant soumis à des contraintes administratives de la part des acteurs en conflit, notamment le gouvernement et parfois les rebelles (enregistrement des ONG, obtention des autorisations d’accès ou de visas aux zones sinistrées…), une telle personnalité tentera d’amener ces acteurs à assouplir les procédures administratives pour permettre aux acteurs humanitaires d’avoir accès rapidement aux populations en détresse en vue contenir la crise humanitaire. A cet effet, il pourra négocier des garanties sérieuses de sécurité durable pour les personnels humanitaires et pour la pérennité de leurs programmes et projets, mais aussi pour les populations en détresse dans les camps afin que le travail humanitaire se fasse dans la sérénité.
En raison de l’impécuniosité qui caractérise l’Union africaine, de l’ampleur des difficultés économiques et politiques à surmonter, l’organisation panafricaine devra solliciter la solidarité de la communauté internationale. Il est, à cet égard, souhaitable d’établir un partenariat financier entre l’Organisation internationale de la francophonie, l’Union européenne et l’Onu, pour la mise en place d’un envoyé spécial chargé de l’action humanitaire d’urgence en Afrique. |
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