
L'organisation terroriste Al-Qaïda est active en Afrique de l'Ouest et appuie notamment des activités de déstabilisation de la région auxquelles se livre l'ex-président libérien Charles Taylor, ont affirmé mardi des membres du Tribunal spécial pour la Sierra Leone.
La principale cible de ces activités de déstabilisation est la Guinée où une tentative d'assassinat du président Lansana Conte a déjà eu lieu en janvier dernier, dans laquelle Charles Taylor était impliqué, a affirmé Al White, enquêteur principal du Tribunal, lors d'une conférence de presse au siège de l'Onu à New York.
Prédisant "une nouvelle tentative prochainement" contre la Guinée, M. White a déclaré que "tant que Charles Taylor n'aura pas été traduit en justice, il constituera un danger précis, clair et imminent pour la paix et la sécurité non seulement du Libéria mais de toute l'Afrique de l'Ouest".
M. White a églement affirmé que Charles Taylor était aussi impliqué dans les violences dans le nord de la Côte d'Ivoire.
L'ex-président libérien a été inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité par ce Tribunal spécial pour la Sierra Leone pour son implication dans la guerre civile (1991-2001) dans ce pays voisin du Liberia.
Le Nigeria lui a accordé l'asile en août 2003 lorsqu'il a été chassé du pouvoir, estimant, malgré un mandat d'arrêt international, que cette mesure permettait de favoriser le processus de paix au Liberia.
Les membres du Tribunal spécial se sont aperçus de la présence d'Al-Qaïda en Afrique de l'Ouest dès leur arrivée en Sierra Leone en 2002, a affirmé David Crane, procureur principal du Tribunal.
"Al-Qaïda s'y trouve toujours et Charles Taylor a hébergé certains de ses membres, notamment en 1998 ceux qui ont participé aux attentats contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya". "Nous avons des informations sur des activités (d'Al-Qaïda) jusqu'en avril 2005", a-t-il dit.
"En février dernier, a poursuivi M. Crane, Charles Taylor s'est rendu en avion à Ouagadougou (Burkina Faso) où il a rencontré un homme du nom de Francis Kalawalo, qui a par la suite annoncé sa candidature à l'élection présidentielle au Libéria", prévue pour octobre prochain.
"Selon nos informations, de l'argent a été fourni pour soutenir cette candidature. L'intéressant est qu'au départ, cet argent venait d'une banque à Dubaï et a été transmis à Charles Taylor par un émissaire nommé Mohamed Mustafa Fahil, qui est lié à Al-Qaïda, et cette remise d'argent a eu lieu à Calabar", la ville du sud-est du Nigeria où Taylor vit en exil, a poursuivi M. Crane.
Selon M. White, Mohamed Fadil est aussi connu sous le nom de Mohamed Fattal. Cet homme d'affaires du Proche-Orient a été repéré en Afrique de l'Ouest en avril dernier, se préparant à rendre visite à Charles Taylor à Calabar.
"Charles Taylor peut recevoir qui il veut, appeler qui il veut et il n'y a aucune restriction à ses déplacements (...), il n'est pas prisonnier au Nigeria", a souligné M. White.
L'enquêteur a ajouté que selon les informations dont dispose le Tribunal, Charles Taylor "cherche à partir bientôt" (du Nigeria) pour s'installer ailleurs. Il a indiqué que Taylor pourrait choisir la Guinée "si ce pays devait effectivement tomber".
Le Conseil de sécurité, qui a entendu mardi un rapport du président du Tribunal, le juge Emmanuel Ayoola, a fait une déclaration dans laquelle il affirme la nécessité d'assurer que toutes les personnes inculpées par le Tribunal comparaissent devant lui, "afin de renforcer la stabilité de la Sierra Leone et de la sous-région et de mettre fin à l'impunité".
La Chambre des représentants américaine avait déjà demandé le 4 mai au président du Nigeria Olusegun Obasanjo de mettre un terme à l'asile politique accordé à Charles Taylor.
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