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Claude Ribbe présente "Le chevalier de Saint-George"
06/06/2005
 

L'écrivain d'origine guadeloupéenne revient sur son livre sorti il y a quelques mois sur un personnage emblématique et romanesque sur lequel au fond pas grand chose n'était connu, le Chevalier de Saint-George, et sur l'éviction d'Aristide de la présidence haïtienne
 
Par Hervé Mbouguen
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Claude Ribbe  
Claude Ribbe
© claude-ribbe.com
 

Pouvez-vous rappeler aux internautes qui était le chevalier de Saint-George ?

Le chevalier de Saint-George était le fils d’une esclave de la Guadeloupe et d’un colon propriétaire de cette esclave. Il est né esclave en 1745, est venu en France à l’âge de 7 ans, est devenu un très grand compositeur de musique, un de ceux que j’appelle « afro-classiques », il c’est-à-dire des musiciens d’origine africaine ayant marqué par leurs compositions l’histoire de la musique classique, même si c’est complètement nié.
Il est devenu par ses aventures un personnage de légende ayant inspiré plusieurs romans, il a notamment inspiré Alexandre Dumas, et a été l’un des premiers officiers supérieurs de l’armée française en Septembre 1792. Il a levé un régiment composé quasi-exclusivement de ce qu’on appelait des « hommes de couleur », grosso modo des antillais et des africains. Ce régiment s’est formé à Laon en Janvier 1793.
J’ai eu l’honneur et le plaisir de rappeler aux autorités de l’Aine cet épisode qui avait été complètement occulté, dans un pays où le vote extrémiste de droite est si fort. Ils ont tellement été touchés qu’ils ont participé financièrement au spectacle de BARTABAS sur le chevalier de Saint-George, en coproduisant deux disques consacrés au Chevalier de Saint-George, et en me délivrant la médaille du département que je n’avais pas demandée.

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Le livre de Claude Ribbe  
Le livre de Claude Ribbe
 

Doit-on considérer votre livre comme un roman ou une biographie ?

C’est une biographie tout simplement, le roman est à paraître. J’ai découvert le chevalier de Saint-George par sa musique en 1976 en écoutant France Musique, je ne l’ai donc pas aimé pour de mauvaises raisons : la musique n’a pas de couleur. J’ai naturellement été touché quand j’ai su par la suite que l’auteur était né à la Guadeloupe dont je suis originaire.
Quand j’ai appris qu’il avait eu une vie aussi romanesque, aussi difficile, dans cette France esclavagiste du 18è siècle, j’ai cherché à en savoir plus. Je n’ai pas trouvé de biographie, uniquement des romans.
J’ai écrit quelques années plus tard la biographie que je cherchais.

Comment expliquez-vous que le chevalier ait pu connaître l’ascension qui fut la sienne dans une société qui était quand même esclavagiste ?

La société du 18è était fondamentalement esclavagiste mais foncièrement anti-esclavagiste, c’est toute la spécificité de ce siècle. Autrement dit, tout le monde en France vit de l’esclavage, y compris ceux qui le critiquaient, mais tout le monde était persuadé même les anti-esclavagiste (qui critiquaient plutôt les abus) ou les philosophes des lumières, que le nègre était une bête, à tel point que la déclaration des droits de l’Homme du 6 Août 1789 ne concernait pas les esclaves mais uniquement les blancs mâles.
Saint-George a donc été une exception et a probablement été considéré comme une curiosité, en même temps comme un blanc, mais sa réussite était possible dans la mesure où cette société schizophrène du 18è siècle critiquait en métropole ce qui la faisait vivre en dehors de métropole. C’est bien là tout le sel de cette histoire : Saint-George arrive à se faire accepter à la Cour à une période où les mariages mixtes étaient interdits, mais passons ! comme dirait M. Finkielkraut à propos des antillais.

La société esclavagiste du 18è siècle était d’une certaine manière plus tolérante en ce qui concerne l’accès à certaines responsabilités, même s’il y aurait beaucoup à dire dans d’autres domaines.

Concerto de violon de Saint-George  
Concerto de violon de Saint-George
 

On lui a par exemple refusé la direction musicale de l’Opéra. Comment l’interprétez-vous ?

Il y a eu une pétition raciste émanant de danseuses et chanteuses de base, mais pas de la Cour, qui ne toléraient pas qu’un « mulâtre », mot contre lequel je m’insurge mais qui était une insulte à l’époque, dirige l’Opéra. La Cour s’est inclinée, mais n’a désigné personne d’autre que Saint-George: autrement dit, on n’a pas pris Saint-George, mais on n’a pris personne d’autre, c’était lui ou rien, on a préféré rien.

Vous êtes persuadé que Saint-George a eu de l’influence sur Mozart ?

C’est indiscutable. Saint-George, né en 1745, est un musicien confirmé à l’époque où Mozart, né en 1756, est un jeune homme arrivant à Paris en 1778. A ce moment Saint-George est une des figures du temps, le plus grand violoniste français, et ses concertos pour violon, Mozart les feuillette. Pour ceux que ça intéresse, je les renvoie dans mon livre à une composition de Mozart qui est une copie d’un concerto de violon de Saint-George.
Je ne les mets pas en concurrence, Mozart était un génie, une éponge s’inspirant de tout ce qui lui plaisait, dont Saint-George, et les transformant par son génie propre.

Précédent livre de Claude Ribbe sur le général Dumas  
Précédent livre de Claude Ribbe sur le général Dumas
© Amazon
 

Vous avez consacré une biographie au général Dumas, à Saint-George, des personnages emblématiques de l’histoire française, vous verra-t-on encore vous pencher sur des personnages ayant des origines nègres ?

Sûrement. J’apprécie que vous employiez le mot « emblématique » parce que sur une lettre à en-tête de France 2 il m’a été répondu que Saint-George n’était pas suffisamment « emblématique » pour que France Télévision puisse lui consacrer une fiction de prestige. C’est vous qui dites qu’il est emblématique, je vous approuve, et je constate que c’est une idée qui n’est pas assez répandue, et c’est pour cela que je n’écrirai jamais assez sur Saint-George.
Y aura-t-il d’autres personnages ? Bien sûr, j’ai des ouvrages à paraître, sur Toussaint Louverture, Delgrès et bien d’autres dont on ne sait pas bien qui ils étaient. Ainsi qu’à d’autres musiciens qui ont eu le parcours de Saint-George comme le chevalier de Meude-Monbas dont on a gardé la musique et dont on sait qu’il était d’origine africaine, mais personne ne sait qui ils étaient.

Plaque en mémoire du chevalier de Saint-George à Paris  
Plaque en mémoire du chevalier de Saint-George à Paris
 

Saint-George est un « mulâtre ». La question de l’esclavage revient sur les devants de l’actualité, comment appréhendez-vous l’effervescence sur le sujet ?

On dit un peu tout et n’importe quoi sur l’esclavage, mais ce qui est bien c’est qu’on en parle, mais en France ça paraît nouveau, même s’il y a d’autres pays où on en parle, et où on en parle bien. J’entends surtout un discours de gens qui se prétendent historiens et qui disent que la traite négrière transatlantique n’était « pas très grave ». Je trouve que c’est grave tout ça, surtout quand les gens s’appellent Sylvie Brunnel ou Pétré-Grenouilleau, et que des personnes de bonne ou mauvaise foi s’appuient sur leurs écrits pour essayer de démontrer des choses. Ecrits qui n’ont aucune valeur scientifique et qui sont franchement révisionnistes.

Christiane Taubira  
Christiane Taubira
 

Ceci prouve qu’il reste à faire beaucoup de choses dans l’application dans les faits de la loi Taubira

La loi Taubira part d’une initiative généreuse, mais a été votée par des somnambules qui n’ont pas très bien compris ce qu’ils faisaient. Sinon ils se seraient aperçus que le principal coupable en France est aux Invalides et s’appelle Napoléon. Maintenant il va falloir qu’ils s’en rendent compte, et pour ma part je vais m’y employer. J’ai créé un comité avec le regretté professeur Choron le 2 Décembre dernier, ulcéré d’entendre les propos de Max Gallo et consorts pour glorifier Napoléon. J’ai demandé à Mme Alliot-Marie par lettre, si elle se rendait compte qu’elle célébrait quelqu’un qui avait rétabli l’esclavage, donc coupable de crimes contre l’humanité aux termes de la loi française. Je lui ai proposé de mettre une plaque aux Invalides, pour rappeler que l’homme que la France glorifie tombait sous le coup de la loi Taubira : « Ci-git l’homme glorieux qui a rétabli l’esclavage en France ».

Vous n’avez pas eu de réponse naturellement ?

Non. Mais ce n’est pas surprenant si on se souvient que Mme Alliot-Marie a envoyé en Haïti une expédition en 2004 Rochambeau du nom de celui qui donnait des nègres à manger à ses chiens. Il y a dû y avoir une confusion avec l’autre Rochambeau, mais les haïtiens ne s’y sont pas trompés.

Le président Aristide  
Le président Aristide
© http://www.haiti.org/
 

Comment avez-vous vécu justement en observateur privilégié le bicentenaire de l’avènement d’Haïti et la destitution d’Aristide ?

Je l’ai vécu douloureusement. Pour la première fois de ma vie j’ai eu honte d’être français en voyant agir Régis Debré, la sœur de Dominique de Villepin venus menacer de mort le président d’Haïti s’il ne démissionnait pas alors qu’il est le premier à avoir été élu depuis 200 ans dans le pays.
J’ai vécu ça en direct, et même si c’est nié il y a des documents officiels qui attestent qu’il y a eu des menaces de mort, je pèse bien mes mots.
J’étais triste de voir qu’un certain nombre de pays, dont la France, ont boycotté la cérémonie. Certains sont venus mais ne sont pas présentés aux cérémonies parce que la France les a menacés de sanctions, notamment des pays africains. Un seul pays ne s’est pas laissé intimider c’était l’Afrique du Sud, et j’ai eu le plaisir de rencontrer personnellement le président Thabo Mbecki. Ca l’a marqué de me voir puisque j’étais le seul français.

Documentaire « Haïti, la fin des chimères ? »  
Documentaire « Haïti, la fin des chimères ? »
© allocine.fr
 

Il y a des gens qu’on attendait, comme Mme Taubira, qui ne sont pas venus, je le regrette, et je vois beaucoup de gens qui nous parlent aujourd’hui de l’esclavage, mais que je n’ai pas vus ce jour-là à commencer par Dieudonné. On les attendait pourtant.
Les haïtiens les attendaient pourtant. Pas Aristide, mais ceux qui se font tabasser, et qui se font assassiner parce qu’ils ont élu un président pour 5 ans et qu’ils demandent que la constitution d’Haïti soit respectée. Les sans-grades, les illettrés, les analphabètes, les « chimères » comme on dit, ceux qu’on voit sur nos antennes la morve au nez et menaçants, comme on voyait dans les années 30 les nègres avec le couteau entre les dents. On a vu une nouvelle forme de nègre apparaître, le « chimère », et personne n’a rien dit.

Puis on s’est rendu compte récemment que le « chimère » était dans nos banlieues agressant les pauvres blancs, le « chimère » français.

Autrement dit il y a une nouvelle forme de nègre qui est apparue, le « chimère », il y en partout. C’était ceux de 1802, c’était ceux qui étaient au côté du général Dumas et du chevalier de Saint-George, c’était aussi des chimères.

Bibliographie

Livres de Claude Ribbe à paraître :
Saint-George ou le chevalier de Marie-Antoinette, roman, Le Serpent à Plumes, septembre 2005,
Le crime de Napoléon, essai, éditions du Rocher, octobre 2005.

Déjà parus :
Le cri du centaure, roman, Plon, 2001 (épuisé)
Alexandre Dumas, le dragon de la Reine, biographie, éditions du Rocher, 2002
L'Expédition, roman, éditions du Rocher, 2003
Le chevalier de Saint-George, biographie, 2004

       
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claude ribbe   toussaint louverture   
 
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