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Jean-Christophe Despres, PDG de SOPI Communication
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Face à la persistance de la discrimination à l’embauche visant principalement les populations noires et arabes, l’entreprenariat est souvent présenté comme une solution alternative qui serait fondée sur une solidarité intra-communautaire.
Face à ce constat, il convient avant tout de rappeler que la discrimination au travail n’est qu’une facette du mécanisme général d’assignation identitaire (à des fonctions subalternes) que subissent les populations noires en France. Dès lors, la recherche de fonds propres, indispensables pour le développement d’une entreprise, par le biais de crédits bancaires semble être une course d’obstacles encore plus périlleuse que la recherche d’emploi.
En outre, les mécanismes de solidarité traditionnels comme les tontines sont principalement utilisés par les migrants et servent donc généralement à financer des projets dans le pays d’origine ou parfois des circuits d’économie parallèle. Il semble à ce jour que seule la communauté Mouride originaire du Sénégal finance des projets commerciaux à grande échelle, sur un mode qui est fort similaire à celui de la communauté chinoise, solidarité régionale ou culturelle et non raciale, celle-ci semblant néanmoins investir plus fortement dans le pays d’accueil.
Malgré toutes ces difficultés, un grand nombre de noirs réussissent en France dans la création d’entreprise selon la typologie suivante : |
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La vente de produits à destination de la communauté |

Il est à noter, en terme de business, que la notion de produit communautaire Noir possède un périmètre assez réduit ; seule la cosmétique répond en effet à cette définition. Pour le reste, les habitudes alimentaires, les pratiques culturelles se définissent le plus souvent par pays ou région : il est moins probable qu’un Congolais consomme de l’attiéké qu’un Ivoirien tout comme ces derniers achèteront moins de disques de Jahmikal qu’un martiniquais…
Cela dit, les circuits de magasins « ethniques » visent souvent plusieurs communautés au sein de la communauté noire et ont pour point commun d’être souvent détenus par des personnes extérieures à cette communauté. Comme le démontrent les réactions au lancement des Minutes Grioo.com ou les multiples débats, sur ces forums, sur les magasins de Château Rouge, la solidarité communautaire s’arrête souvent à la frontière de l’intérêt économique.
S’il semble donc périlleux de créer une entreprise en se fondant sur cette affinité, on peut observer que les jeunes fondateurs de Jallow and Sow, distributeurs de matériel hifi et vidéo, ont su conquérir la clientèle de footballeurs noirs grâce à leur professionnalisme et leur efficacité.
Les médias communautaires, même si peu en France revendiquent cette appellation, illustrent également cette appropriation de la parole Noire par elle-même. On ne doit pourtant pas ignorer qu’aux USA, BET appartient désormais à Viacom et Softsheen et Carson à L’Oréal ; les principaux labels rap et R&B jouissant eux d’une relative autonomie au sein des majors du disque. Le « for us by us » reste donc un concept à développer en France même s’il ne faut pas en mésestimer les limites. D’autres pistes peuvent se dessiner. |
La valorisation des cultures Noires auprès du grand public |

Sortant du ghetto du divertissement dans lequel ils étaient confinés, de jeunes entrepreneurs noirs ont ces dernières années influencé les modes vestimentaires par delà leur communauté ; on pense naturellement à Dia et à Airness mais on peut aussi citer l’anglais Ozwald Boateng, devenu directeur de la collection hommes de Givenchy.
Cette tendance se développe aussi dans le secteur alimentaire où la marque Moriba, créée par un jeune chef d’entreprise d’origine Malienne, vient de pénétrer les rayons des grandes surfaces avec des jus de bissap ou de gingembre et des plats cuisinés (mafé, sauce graine, sauce gombos…).
L’exposition Africa Remix au centre Pompidou illustre également cette trop lente reconnaissance d’une Afrique en mouvement par nos décideurs.
Sur un autre plan, le cabinet AfricSearch est une entreprise qui vise à valoriser le potentiel d’individus capables de jongler avec plusieurs cultures et sortent de la logique purement humanitaire (malheureusement encore nécessaire) qui prévaut encore quand on parle de l’Afrique.
Ainsi, lors d’une récente mission au Bénin, nous avons pu constater la formidable attente des entrepreneurs locaux vis-à-vis des jeunes de la diaspora. Un mouvement comme Africa 2005 contribue à populariser cette nouvelle approche et dépasse la fausse alternative entre pillage et charité.
On peut aussi citer une entreprise comme Black Up qui parvient à vendre ses produits de maquillage à des femmes de toutes origines tout en affichant son identité.
Indépendamment de ce mouvement, des hommes et des femmes noirs réussissent à créer des entreprises généralistes sans que les médias en rendent jamais compte. |
Ces noirs qui entreprennent |

Vous les connaissez à travers la rubrique parcours de grioo.com ou, plus exceptionnellement par la télévision grâce à l’émission que Claudy Siar et Basile Boli sont parvenus à produire ; ce sont des avocats, des commerçants, des informaticiens qui se sont installés à leur compte et sont parvenus à franchir les obstacles.
Doit-on les mettre en avant au risque de s’entendre dire « vous voyez bien qu’il n’y a pas de discrimination puisque eux y arrivent ! » ?
C’est à vous d’en juger. En revanche, il est tout à fait évident qu’il est nécessaire d’apporter à ces entrepreneurs une aide spécifique visant à compenser les difficultés qui leur sont propres notamment en matière de financement. L’Union Européenne est en train de mettre en place un annuaire de tous les dispositifs d’aide aux entrepreneurs issus des minorités, dans les 25 pays de l’Union.
Alors que dans la tranche 25-34 ans, les Noirs sont à 40% diplômés du supérieur et représentent un pouvoir d’achat croissant, les entreprises doivent réaliser qu’ils sont des partenaires, des clients, des collègues et qu’il convient de changer radicalement les représentations les concernant.
C’est ce qu’a compris une banque américaine comme Goldman Sachs en finançant Trace TV via son Urban Investment Group ; c’est ce que n’a pas compris le CSA en refusant la candidature de cette chaîne à la TNT à cause de la présence de ces capitaux américains.
Pour finir, toutes nos études montrent que les besoins de la communauté noire sont loin d’être satisfaits, ces besoins étant méconnus voire méprisés par le « big business » à la française, les opportunités sont énormes pour ceux qui sauront les saisir. |
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