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Les dictatures africaines, ou les derniers soubresauts d’un système inique
08/08/2005
 

Un grioonaute se penche cette semaine sur les systèmes dictatoriaux africains. Vous pouvez vous aussi proposer vos articles en les envoyant à l'adresse articles@grioo.com. Pour rappel, les avis exprimés dans la rubrique "Opinions" n'engagent que leurs auteurs
 
Par Marcel-Duclos Efoudebe, PhD
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Paul Biya  
Paul Biya
© un.org
 

Le Cameroun de Paul Biya, le Gabon d’Omar Bongo, le Congo de Sassou Nguesso, l’autre Congo de Joseph Kabila. Mais aussi le Tchad de Idris Deby, la Guinée Equatoriale de Obiang Nguema, le Burkina Faso de Blaise Compaoré.... La liste serait longue et fastidieuse, tellement le continent africain regorge de ces personnages étranges, qui y font la pluie et le beau temps, qui ont un droit de vie ou de mort sur des millions de citoyens dont le seul tort est d’être né de l’autre coté, du « mauvais » coté de l’Atlantique. Ils sont, pour la plupart, arrivés au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat. Et, pour certains de leurs prédécesseurs (Houphouët-Boigny, Gnassigbé Eyadéma,...) seule la mort est venue mettre un terme à un règne sans partage et sans fin.
Mais depuis la chute du mur le plus célèbre du monde, il souffle comme un vent de changement, un vent de liberté qui, bien que de façon irrégulière, est bien décidé à balayer un système vieux de plusieurs décennies.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les Africains se sont très tôt trouvés devant une vérité bien amère. Eux qui venaient de témoigner d’un effort de guerre considérable, eux qui avaient donné leur vie pour combattre aux cotés du colonisateur, avaient du mal à comprendre. Quand il a fallu affronter un système réputé féroce et horrible comme le fascisme, les grandes puissances occidentales (France, Angleterre...) avaient axé la bataille, sur plusieurs plans : politique, économique et, surtout, idéologique. Il s’agissait, principalement, de se poser comme contrepoids au mal, comme force alternative à la force brutale des SS. On ne fit donc aucun mystère sur la volonté de rendre à l’homme sa dignité. De lui reconnaître tous ses droits. D’affirmer la prééminence du bien sur le mal, de la liberté sur le droit du plus fort. Le droit des peuples de disposer d’eux-mêmes.

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Denis Sassou Nguesso  
Denis Sassou Nguesso
© un.org
 

L’exercice était délicat. Comment ceux-là même qui opprimaient des millions de personnes pouvaient-ils se poser en défenseurs de la liberté des peuples ? Comment parler de droits de l’homme, de liberté des peuples quand on a, pendant des siècles, pratiqué l’honteux trafic que l’on sait ? Comment être crédible quand on est en pleine activité colonisatrice ?
L’avancée fulgurante de l’ennemi, la force de frappe de ses moyens militaires et humains, sa détermination, ne laissèrent que très peu de temps aux cogitations d’ordre moral. L’ennemi avançait, et il fallait l’arrêter. Les grands empires coloniaux appelèrent en renfort leurs colonies, pour un effort de guerre considérable.

Il suffisait de pousser un peu plus loin le raisonnement, pour comprendre que la conséquence logique de la victoire du « bien » sur le « mal » devait avoir des répercussions en Afrique. Il était, en effet, inconcevable que ce qui était valable pour les peuples européens ne le soit pour les Africains. Il fallait, si les colons voulaient être un tant soit peu logiques, qu’ils concèdent aux Africains plus de liberté, plus de dignité, plus de justice. Les Africains n’attendaient de leurs bourreaux qu’une seule chose : l’Indépendance. Ce fut, dès lors, la revendication principale des principaux leaders politiques Africains.

La revendication des élites africaines était audacieuse. Se rendait-on compte que l’on demandait aux colons, par ce seul mot, de renoncer à une main d’oeuvre importante et gratuite, à des avantages faramineux, à des gains colossaux, bref, à un empire immense qui garantissait prestige et bien-être ? Il n’est pas difficile d’imaginer que ce n’est pas de cette façon que les Ruben Um Nyobé, Barthélémy Boganda, Patrice Lumumba, Kwame Nkrumah, Sylvanus Olympio et autres voyaient la question. Pour eux, il importait seulement que les peuples africains puissent enfin bénéficier de leurs richesses naturelles ; que l’Afrique puisse enfin tirer profit du fruit du travail de ses fils ; que les Africains puissent enfin décider eux-mêmes de ce qui est bien pour eux.

Obiang Nguema  
Obiang Nguema
© UN/DPI Photo #UNE586
 

C’était trop demander. Quels impénitents, ces Africains ! Non contents de faire partie de l’Empire Français (Afrique Equatoriale ou Orientale), ils voulaient être libres. Eux, ces sauvages qui ne savaient même pas allumer du feu, voulaient maintenant se passer du maître blanc. Pareille audace méritait d’être punie. Et on déploya les grands moyens.

D’abord l’assassinat politique. Tous les leaders Africains, d’une façon ou d’une autre, furent éliminés. Fusillade, empoisonnement, décapitation, aucune méthode n’était assez horrible pour mériter le dédain de nos bourreaux. Ensuite, la terreur des populations. Enlèvements, tueries, assassinats, bombes au napalm, villages entiers détruits et rasés, tout était bon pour effrayer, terroriser les populations, anéantir toute velléité de liberté. Et puis, le vernissage politique. Par des tours de passe-passe, les colons installèrent à la tète de nos pays des « hommes politiques » n’ayant aucune qualité, si l’on excepte celle d’être de valeureux serviteurs de la puissance coloniale. Ces hommes furent choisis et imposés aux populations qui ne tardèrent pas à s’y opposer. Mais les moyens mis en oeuvre par l’oppresseur étaient impressionnants. Comme la création de parlements insignifiants, des lois ad personam et autres lois d’exception, la suppression de toutes les libertés fondamentales, le bâillonnement de la presse, la mise en place du parti unique (vite rebaptisé parti inique par les opposants).

Parallèlement, on ruina le pays, on brada ses richesses : café, cacao, coton, banane, richesses naturelles comme le diamant, la bauxite, le coltan. On a même vu un Chef d’Etat vendre toute la production de pétrole de son pays, avant d’engager celle des années à venir. Les caisses des Etats se vidèrent, en même temps que les comptes numérotés augmentaient en Suisse. Et quand il n’y a plus d’argent pour payer les fonctionnaires, la mère patrie tutrice du dictateur intervient, et évite un énième soulèvement. Et si, malgré tous les efforts, la grogne monte, on envoie des molosses, des bidasses, des mercenaires. On fournit armes et munitions, on tire sur la population. La révolte est matée. Pour fêter ça, on reçoit l’autocrate-exterminateur en grande pompe à l’Elysée : tapis rouge, honneurs militaires, grands discours dans lesquels on ne manque pas d’apprécier l’excellence des rapports d’amitiés entre les deux peuples. Le champagne coule à flots.


Mais, en sourdine, le peuple s’organise. Il lutte, se bat comme il peut. Ce n’est pas toujours facile, avec des policiers à ses trousses, des opposants qui reçoivent des fessées en public, gaz lacrymogènes, matraques, etc. Mais il tient bon, même s’il donne parfois l’impression de tâtonner. Il ne sait pas exactement dans quelle direction il va. Mais peu importe. Il a compris. Même si le dictateur local truquera les élections, la population se masse pour lui rendre la tache difficile. Même si Paris met en place des systèmes informatisés habiles à truquer les élections, le peuple manifeste son désaccord. Il a compris, et a décidé de se battre. Certains intellectuels sont à pied d’oeuvre pour soutenir, s’exprimer, expliquer, dénoncer, lever le voile qui recouvre les magouilles entre le colon hier (devenu entre temps néo-colon) et leurs complices à la tête de nos pays.

Les prisons africaines ont beau regorger de prisonniers politiques, rien n’y fait. La grogne continue de monter. Même des catégories que l’on disait amorphes et toutes acquises aux dictateurs locaux, commencent à donner de la voix. Les dictateurs qui ont osé organiser des élections, ont ainsi découvert que même dans leurs fiefs, ils étaient des mal-aimés. Comble du rejet, on a vu un peuple tout entier se réjouir de la mort annoncée de son potentat, mort qui résultera par la suite être une pure intoxication, et dont on ne connait toujours pas, à l’heure actuelle, l’identité des initiateurs. Certains esprits malins ont cru y voir la main du régime. Quand on connait la tendance de nos dirigeants à faire tout et n’importe quoi, on ne peut être surpris. Mais le message, lui, est passé. Nos dirigeants n’ont pas l’intention d’abdiquer, et il va falloir batailler pour s’en débarrasser. Et les Africains ont compris qu’ils ont un rôle important à jouer dans cette phase cruciale de l’histoire de leur continent.

Mobutu  
Mobutu
 

Un autre message est apparu clairement aux Africains. Non pas que le phénomène soit nouveau. On savait déjà que Paris installait et soutenait les dictatures de nos pays. On savait aussi que les Bébé-doc du continent noir, pour la plupart d’entre eux, avaient leurs entrées à l’Elysée. Mais depuis le trop cité discours de François Mitterrand à la Baule, dans lequel l’ex-ministre des Colonies « conditionnait » l’aide de Paris à des avancées en matière de démocratie, certains ont cru voir un retrait progressif de la France en Afrique. Mieux : un intellectuel bien en vue, ancien Premier Ministre dans son pays, a cru bon de titrer un de ses ouvrages L’Afrique sans la France. Grossière erreur de jugement, doublée d’une capacité limitée de coller à la réalité. A-t-on jamais vu un homme renoncer aussi facilement à une vache à lait ? Alors, pourquoi Paris le ferait-il ? La vérité est que Paris n’est pas près de se désengager en Afrique. Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac et tutti quanti tiennent à la grandeur de la France comme le borgne à son oeil. Et cela, les Africains l’ont compris. Puisqu’ils ne veulent pas s’en aller ; puisqu’ils ne veulent pas nous laisser tranquilles ; puisqu’ils persistent à vouloir se mêler de nos affaires, nous allons leur montrer de quel bois nous nous chauffons, pour le dire comme dans les rues de Yaoundé. Et voilà resurgir le sentiment anti-français. Hier, la Cote d’Ivoire. Aujourd’hui le Togo. Demain, le Cameroun, le Gabon, le Congo, le Tchad, et les autres. Partout, ce même sentiment de trahison. Vis-à-vis de la France. Pas des français. Eux n’en savent rien, ou très peu. On leur cache tout ou presque. On ne leur montre pas le dessous des cartes. On préfère leur parler d’autre chose. Des extravagances de Berlusconi. Des dérives de Poutine. Des frasques de Mobutu. Du verbiage de Bongo. Des caprices de Kadaffi. On ne manque pas d’y ajouter tout le bien qu’on pense de la Coopération française. Comment donc cette France, qui dit à qui veut l’entendre être la patrie des droits de l’homme, peut-elle les violer aussi impunément en Afrique ? Pourquoi s’obstine t-elle à ne pas voir l’évidence ?

Félix Houphouët-Boigny  
Félix Houphouët-Boigny
© dse.de
 

Car la vraie question est là. Les Africains ont décidé d’en finir avec les dictatures qui ont mis le Continent à genou, qui ont ruiné des familles entières, affamé des millions de personnes. Ils ont décidé d’écrire une nouvelle page de l’Histoire Africaine. Une histoire faite de lutte pour la liberté et la démocratie. Une histoire faite de lutte pour une vraie Indépendance, en lieu et place de ce trompe-l’oeil des années 60. Une lutte pour leur dignité. Et à leur manière. Ceux qui voudront entraver cette nouvelle marche devront affronter des peuples entiers. Et, on le sait depuis la nuit des temps, un peuple décidé à en découdre est invincible.

Gandhi disait qu’il faut toujours laisser une ouverture pour que l’ennemi puisse s’en aller. En Afrique, ce serait purement et simplement ceci : tirer sa révérence. Organiser des élections libres et transparentes, passer la main, et se retirer. Après tant de temps passé à ruiner, voler, terroriser, tuer, et malgré toutes les atrocités qui ont caractérisé leur long séjour au trône, ils ne seront ni hais, ni lapidés. Et cela au nom de cette capacité très africaine de pardonner malgré tout. Ils pourront même, comme Senghor, avoir une place plus ou moins importante dans l’histoire. Ils pourront même, comme Kérékou, revenir –démocratiquement– aux affaires. Preuve que, même en Afrique, on peut devenir citoyen commun après avoir été Chef de l’Etat, et inversement. Mais aussi, preuve, s’il en fallait, que la démocratie, n’en déplaise à Chirac, n’est pas un luxe pour les Africains. C’est une envie. Un besoin. Une nécessité. Une réalité.

Ceux qui veulent prendre part à la rédaction de cette nouvelle page de notre Histoire, n’ont qu’une alternative : nous aider dans le sens de nos aspirations les plus profondes, ou se couvrir de ridicule en adoptant la politique de l’autruche.
La Nouvelle Afrique est en marche, et rien ne l’arrêtera.

Avis donc aux dictateurs Africains. Et à leurs protecteurs Occidentaux !

       
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