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Au Stade Dillon à Fort-de-France. Des dizaines de milliers de Martiniquais vêtus de noir et de blanc, couleurs de deuil, ont rendu hommage mercredi aux victimes de l'accident de la West Caribbean lors d'une cérémonie sobre dans le plus grand stade de l'îl
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Reuters |
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Venu à Fort-de-France pour témoigner de la "solidarité profonde" de la nation avec les habitants de l'île antillaise, le chef de l'Etat français a assuré que "tout" serait accompli pour faire la lumière sur la catastrophe du vol Panama-Fort-de-France, qui a fait 160 morts, dont 152 Français de Martinique, le 16 août, près de Maracaïbo, au Venezuela.
"Au nom de toutes les Françaises, de tous les Français, je voudrais leur dire la solidarité profonde, très grande, et la compassion de la nation tout entière", a déclaré Jacques Chirac à son arrivée, à l'aube, à l'aéroport du Lamentin.
"La France est en deuil, elle est meurtrie dans sa chair", a dit le chef de l'Etat, qui a passé près de deux heures, loin des caméras, à réconforter quelque 1.500 proches des victimes avant de rejoindre, en leur compagnie, le stade de Dillon.
Protégés du soleil éclatant par une forêt de parapluies, plus de 30.000 personnes ont assisté à la cérémonie oecuménique, qui s'est ouverte sur un aria de Jean-Sébastien Bach interprété par l'orchestre symphonique de la Martinique et deux solistes, Odile Rhino et Jean-Pierre Cadignan.
Des tentes avaient été dressées sur la pelouse pour accueillir les proches des victimes et les différentes délégations.
Plusieurs milliers de Martiniquais, parfois venus de loin à bord d'autobus mis à disposition par leur mairie, ont suivi la cérémonie sur des écrans géants à l'extérieur du stade. Certains avaient revêtu un T-shirt où étaient imprimées la photo d'un disparu et l'inscription "A jamais dans nos coeurs".
Assis au premier rang, face à la scène réservée aux musiciens et aux orateurs, Jacques Chirac et Hugo Chavez étaient entourés d'élus de Guadeloupe, de Guyane et de Martinique, parmi lesquels l'ancien maire de Fort-de-France, l'écrivain et poète Aimé Césaire. Le ministre de l'Outre-Mer François Baroin et celui du Tourisme Léon Bertrand étaient également présents, tout comme le premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande.
"CET ELAN DE FERVEUR FAIT DU BIEN"
"Tous les partis politiques sont représentés. Le président (indépendantiste) du Conseil régional Alfred Marie-Jeanne a accueilli Jacques Chirac. Pour moi, ce geste d'union est un bon signe", a déclaré à Reuters Gilbert Marie-Angélique, qui a perdu deux collègues dans l'accident de Maracaïbo.
"Je me demande comment on va aider les orphelins ou les gens qui ont perdu huit membres de leurs famille mais c'est vrai qu'une cérémonie comme ça peut les aider", a expliqué de son côté la chanteuse Jocelyne Beroard.
Aucun élu ne s'est exprimé, la seule parole autorisée étant celle des représentants des différentes confessions - deux archevêques, l'un catholique et l'autre orthodoxe, un prêtre hindou, le président de la communauté juive de Martinique, un imam, un pasteur et un membre de la fédération adventiste.
"Ce moment de ferveur fait du bien, merci", a dit Julien Regis, président de la fédération adventiste de Martinique. "Puisse cet élan fraternel ne pas s'éteindre demain comme feu de paille".
Des cris de douleur se sont échappés de la foule au moment où 160 écoliers martiniquais âgés de 12 à 14 ans ont déposé des bougies à la mémoire des disparus dans la chapelle ardente installée sous une tente blanche drapée de voilages. A l'intérieur pas de cercueils mais des photos et des noms entourés d'orchidées.
Selon les autorités vénézuéliennes, seule une vingtaine de dépouilles ont été identifiées pour l'instant, un chiffre non confirmé par Paris, et aucun corps n'a été rapatrié.
Symboliquement, 160 représentants des familles des victimes ont recouvert de roses blanches une stèle de pierre claire en forme de coeur où ont été gravés des vers de l'écrivain sénégalais Birago Diop. "Les morts ne sont pas morts. Ils sont dans l'arbre qui frémit. Ils sont dans la foule. Ils sont là".
Hugo Chavez, puis Jacques Chirac, François Baroin et des élus locaux ont à leur tour déposé une gerbe de fleurs devant la stèle avant d'observer une minute de silence.
En cette journée de deuil, toutes les administrations martiniquaises et la plupart des commerces ont gardé porte close et beaucoup de Martiniquais ont accroché un ruban noir à leur voiture.
Alors que s'achevait la cérémonie à Fort-de-France, une messe pour la Martinique célébrée par Mgr Vingt-Trois commençait en la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, en présence du Premier ministre Dominique de Villepin, d'une quinzaine de ministres et de l'épouse du chef de l'Etat, Bernadette Chirac.
Jacques Chirac devait ensuite s'entretenir durant une dizaine de minutes avec Hugo Chavez avant de rencontrer, à huis-clos, des élus des Caraïbes. Il devait ensuite reprendre l'avion pour Paris, où il présidera jeudi à l'Elysée le conseil des ministres de rentrée.
D'après Reuters |