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Incendie du Boulevard Auriol: Grioo.com s'y est rendu
29/08/2005
 

Les riverains n'ont pas la même version que les officiels
 
Par Hervé Mbouguen
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Note de Grioo.com: exceptionnellement cet article sera sans illustration, toutes les photos étant placées dans la galerie photos jointe à l'article.

A en croire la version officielle, les pompiers sont arrivés en à peine neuf minutes, ont été très professionnels, et le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy a été prompt à stigmatiser la surpopulation et les familles qui n'avaient rien à faire là.

Deux jours après le drame, nous nous sommes rendus sur les lieux de l'incendie pour aller à la rencontre des rescapés et des riverains, qui nous ont permis de reconstituer une partie des fils de la tragédie.

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Autour de minuit: les flammes

Autour de minuit, l'incendie éclate, non pas au troisième étage comme l'a annoncé le procureur initialement, mais bien en dessous, voire au rez-de-chaussée à en croire un jeune homme que nous avons rencontré. Immédiatement, des dizaines de personnes appellent les sapeur-pompiers au secours.
Malheureusement, quelques fausses alertes, à en croire certains, les auraient conduit à se déplacer inutilement par le passé, et les appels au secours n'ont pas été immédiatement pris au sérieux. Une rescapé du 4è étage de l'immeuble nous a ainsi affirmé que les pompiers leur ont tranquillement dit "ne vous inquiétez pas, nous arrivons" pendant plusieurs minutes.

Des pompiers pas très pressées

Quoi qu'il en soit, les premiers à se rendre sur place furent les membres de la BAC, Brigage Anti-Criminalité, autrement dit la police de proximité d'ordinaire chargée des trafics divers. En d'autres termes, vous êtes noirs, vous appelez les pompiers au secours, et c'est la police qui vient vérifier qu'il ne s'agit pas de "conneries".

Selon les témoignages, les pompiers auraient mis au minimum de 20 à 30 minutes pour se rendre sur les lieux. Nous l'avons entendu de la rescapée du 4è (qui préfère rester anonyme) et de plusieurs riverains qui ont assisté impuissants à l'incendie. Riverains mis en alerte par les cris et les flammes. Comme cette béninoise assez âgée qui confie qu'il est "impossible de dormir quand on a vu ce qu'elle a vu de ses yeux".

Gamins, jeunes et moins jeunes, tous ont des mots relativement sévères à l'égard des pompiers qui, outre leur délai de mise en action excessivement long, ont adopté une stratégie que tous jugent discutable: ils ont commencé par évacuer les étages inférieurs, le 3è notamment, alors que le danger était plus grand dans les étages supérieurs. Comme nous le verrons plus loin, le plus lourd tribut a été payé par les habitants du 5è étage.

"Ils ont été cons en résumé" nous a déclaré cette gamine de 6 ans environ avant que sa copine de 8 ans environ lui emboîte le pas : "tout ça ne serait pas arrivé s'ils nous avaient pris au sérieux". Un proche de victime nous confie: "les pompiers ont le plan, ils ont pensé que c'était un squatt. Découragés par les squatts ils ont pris tout leur temps".

Certains "privilégiés" comme cette jeune fille du 4è ont eu la vie sauve parce qu'ils avaient une porte blindée qui a résisté plus longtemps aux flammes, les familles tentant tant bien que mal de ralentir la progression de l'incendie en utilisant des draps mouillés.

Même si les pompiers, initialement arrivés avec un seul camion "ont rapidement été très efficaces" d'après la béninoise citée plus haut, on ne peut que fustiger le fait que le principe de précaution n'ait pas été appliqué, les conduisant à arriver avec beaucoup trop de retard sur les lieux, et surtout qu'ils n'aient pas commencé par les étages supérieurs où l'essentiel des victimes est concentré.

Le lourd tribut payé par les familles Cissé et Diarra

C'est un père de famille, meurtri, abattu, mais désireux de se faire entendre que nous avons rencontré samedi au gymnase Kellerman où les familles ont été provisoirement relogées.
M. Cissé était connu des médias puisque France 2 était venu faire un reportage chez lui après l'incendie de l'Hotel Opéra qui, déjà, avait fait 24 victimes. Il occupait son appartement depuis 9 ans, et s'était plaint de son insalubrité à de multiples reprises. Il s'est fait balader par les maires successifs, et se souvient avec émotion du fait que "le soir, les rats mordaient ses enfants".
Il a échappé au drame parce qu'il était allé chercher des cigarettes. Mamou, sa femme, ainsi que quatre de ses enfants ont perdu la vie dans le drame, ainsi que des proches de passage, comme cette femme enceinte, ainsi qu'une cousine et une jeune fille qui avait choisi de passer la nuit chez eux. Son cinquième enfant est dans un état critique.

Amer, il demande "Qu'avons-nous fait à la France?" avant de fustiger le fait que les pouvoirs publics "ne tirent pas de leçon", et de donner un conseil aux africains vivant en France "ça va être dur pour tous".

Nous avons également pu parler à Fatouma Diarra dont la mère, pourtant prête à répondre à nos questions, n'avait plus de voix ayant visiblement trop pleuré dans les heures précédentes.
Le bilan pour cette famille est terrible: 9 victimes. Mademoiselle Diarra a ainsi perdu sa fille, qui aurait bientôt eu 4 ans, ses 3 frères, ses 4 soeurs ainsi qu'un cousin.
La famille occupait initialement un appartement au 5è étage et avait demandé un appartement plus grand. D'ordinaire le propriétaire fusionne deux appartements mitoyens pour en faire un plus grand. Dans leur cas le voisin n'ayant pas souhaité déménager, il leur avait été octroyé un second appartement au troisième étage. Appartement où se trouvait le salon familial. Le soir du drame les enfants étaient tous seuls, sans adulte avec eux, dans l'appartement du cinquième, les adultes se trouvant au troisième.
Il est impossible pour elle que le feu soit parti du troisème étage. Du palier du troisième elle sentait la fumée.
Comme l'a expliqué le procureur de la République, elle confirme que l'ouverture de portes et fenêtres a créé un gigantesque appel d'air qui a fait comme une explosion suivie d'une épaisse fumée. La lumière s'est coupée à ce moment.
Les quatre garçons qui étaient dans l'appartement sont descendus par leurs propres moyens, passant du troisième étage au second, puis au premier, et enfin au rez-de-chaussée. Elle-même ashmatique, elle a eu le réflexe de s'accroupir, ce qui lui a permis de tenir, le temps que "les garçons" descendent et qu'elle puisse prendre place à la fenêtre.
Dans la panique sa cousine voulait jeter sa fille par la fenêtre mais s'est abstenue, pendant que son père perdait connaissance.
Au final ils ont eu la vie sauve, mais ils n'ont pas pu retrouver la fillette, qui a donc perdu la vie.

Les enfants du cinquième étaient tous seuls, sans adulte avec eux, et la violence des flammes a empêché ceux qui voulaient leur porter secours de monter les aider.
Ils ont tous perdu la vie. Ils étaient 8. Les 3 frères, les 4 soeurs et le cousin.

Pas de soutien officiel

Les médias ont annoncé la création d'une cellule d'aide psychologique, mais les personnes que nous avons interrogées disent ne pas être soutenues du tout. Même Mlle Diarra qui a perdu sa fille et 7 frères et soeurs avoue être soutenue "par la famille et les amis", pendant que d'autres fustigent l'absence de psychologues et d'assistantes sociales pour ces familles entassées dans le gymnase Kellerman avec l'assistance des bénévoles de la Croix-Rouge.

Des voisins blessés par les médias et les officiels

Malgré une méfiance initiale envers les journalistes, des membres de l'association ASQG, Association Socio-Culturelle du Quai de la Gare ont accepté de partager avec nous leur vision du drame, vision qui rejoint celle exprimée par des proches des rescapés.
En premier lieu, ils insistent sur le fait qu'il ne s'agissait nullement d'un "squatt". Toutes les familles qui y étaient présentes étaient en situation régulière. La plupart des familles travaillaient dur, plusieurs parents quittant leur domicile à l'aube pour y revenir la nuit tombée.
Les familles n'étaient pas logées gracieusement mais s'aquittaient d'un loyer. Plusieurs enfants de familles différentes nous ont déclaré que le tarif était de 1.000 euros environ pour des appartements de type F5. La misère était bien rentable pour certains...

Les propos du ministre de l'intérieur n'ont pas été non plus du goût de tous. "Il faut que ça crame pour qu'ils s'intéressent à nous" déclarait cette gamine de 8 ans, tandis qu'une adulte déclarait "ce n'est ni la surpopulation ni la polygamie qui sont la cause de cet incendie mais l'insalubrité de l'immeuble" s'élevant ainsi contre les insinuations faites ça et là contre le mode de vie des habitants de cet immeuble.

L'ASQG, qui avait prévu une sortie avec les gamins au Parc Astérix ce lundi estime que le quartier aura du mal à se remettre de la disparition de ceux qui étaient "le sel du quartier" et dont les familles étaient "humbles et ne voulant pas se faire remarquer".
Les membres de cette association nous ont montré (voir la galerie photos), le terrain de football qu'ils ont obtenu avec beaucoup d'insistance de la municipalité. Les enfants ont écrit sur le terrain le nom de leurs camarades disparus ainsi que des messages de condoléance. Le nom des filles en rose, le nom des garçons en bleu.
Parfois, toujours d'après les membres de l'ASQG, des enfants ne sachant pas encore lire demandaient à des plus grands de leur lire si untel ou untelle faisait partie des victimes, et éclataient en sanglots à l'annonce de la mauvaise nouvelle.

Pour eux, même si certains voisins africains avaient un regard plus sévère sur ces gamins, le paysage du quartier est durablement changé, et ce sont plusieurs années de travail de proximité avec ces enfants qui sont parties en fumée ce triste 26 Août 2005.



Grioo.com s'associe à tous les grioonautes pour présenter ses condoléances à la famille, et relaiera les différentes initiatives qui seront prises par rapport à ce drame.

       
Voir la galerie de photos associée: Incendie de la rue Auriol

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