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« Safia, un conte de fée républicain » de Safia Otokoré
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Née femme, noire, et musulmane, elle aura bâti sa vie tant sur, que contre ces propositions.
Femme, dans un pays musulman aux traditions strictes envers la gente féminine elle devra apprendre la soumission, l’obéissance et le silence.
Noire dans le pays où elle choisira de faire sa vie elle devra sans cesse prouver sa valeur.
Musulmane dans le monde de l’après 11 Septembre il lui faudra touours s’imposer sans pour autant se justifier ou se renier.
Au fil des pages on se dit que décidément Safia a eu un destin extra-ordinaire au sens strict du terme. Car rien ne la prédestinait à la vie qui est la sienne. Il faut dire qu’elle ne sont pas nombreuses les petites djiboutiennes de la génération de Safia qui ont pu aller à l’école, française de surcroît, obtenir leur baccalauréat et décrocher ainsi une bourse pour étudier à l’université. Surtout lorsque l’on est fille de tailleur, issue d’une famille de dix enfants et que l’on a grandi dans le quartier 3 de Djibouti-ville.
Safia qui s’appelle encore Ibrahim saura aller au delà de ces barrières. D’abord parce qu’elle a un caractère bien trempé, une soif d’apprendre et de découvrir mais aussi parce que la vie a mis sur son chemin des personnes qui lui ont ouvert la voie. C’est l’union de ces rencontres et du tempérament de cette jeune somalienne qui a permis d’écrire l’histoire racontée dans son livre.
Grâce à sa mère qui a très tôt compris que sa fille n’était pas comme toutes les autres Safia ira à l’école française. L’école étant loin de chez elle et n’aimant pas se lever tôt elle prendra très vite l’habitude de faire le trajet en courant. Ce qui lui vaudra le surnom de « Serpent ». Peu intéressée par les tâches domestiques la jeune somalienne se consacre à ce qu’elle appelle son « vice » : la lecture. Sa jeune sœur Nadjahia née avec une malformation du cœur sera à l’origine de la première rencontre décisive de sa vie. Nicole Lambron femme d’expatrié travaillant pour la Croix- Rouge. Nicole prendra Safia sous son aile et lui permettra de continuer sa scolarité.
En classe de sixième le petit « Serpent » remporte un cross.Repérée par un instructeur jeunesse et sport détaché par la France elle commence sa carrière d’athlète.C’est la porte vers la liberté et les voyages. Safia véritable garçon manqué a compris qu’elle tient là un moyen d’échapper à son destin. |
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Safio Otokoré posant avec Mohamed Dia pour "Technikart"
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Technikart |
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Il y a une chose à laquelle elle n’échappera malheureusement pas, c’est la mutilation. En vacances en Somalie dans sa famille maternelle elle sera excisée et infibulée contre la volonté de son père. Pour assurer aux futurs maris la virginité de leurs promises on « coud » le vagin des petites filles laissant juste de quoi permettre aux menstruations de s’écouler. Pour priver la femme de plaisir on l’ampute d’une partie de son clitoris. Voilà ce que subissent encore de trop nombreuses petites filles au nom des traditions et de la religion.
La carrière politique de Safia n’aura pas attendu son arrivée à Auxerre pour démarrer. Déjà dans les rues de son quartier elle joue les écrivains publics et conseille qui a besoin d’écrire une lettre ou d’accomplir une démarche administrative. L’année du Bac elle sera l’une des leaders d’une grève des lycéens pour le maintien des bourses.
Son excellent niveau scolaire sera son passeport pour la liberté, elle rêve d’obtenir une bourse pour la Côte d’Ivoire découverte lors d’une compétition. La Côte d’Ivoire symbolise pour elle la liberté avec grand L, l’égalité entre hommes et femmes, la vie tout simplement. Malheureusement ce sera le Sénégal mais à force de persévérer elle finira par aller vivre à Abidjan.
Elle y débarque le 18 Octobre 1991. Là-bas elle vivra l’insouciance de la vie estudiantine et se découvrira une passion pour la chose politique, elle apprendra le panafricanisme, le socialisme, se passionnera pour Nkrumah, Lumumba et autres visionnaires. |
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Didier Otokoré
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http://www.histoaja.free.fr |
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A Abidjan elle rencontrera aussi l’amour. En la personne de Didier Otokoré joueur de l’AJ Auxerre. Déjà marié il ne peut rien lui promettre. C’est alors qu’un inconnu lui fait une proposition inattendue, il lui offre un séjour en France pour une soi-disant manifestation sportive. Méfiante elle préviendra Didier qui viendra la chercher à Roissy le 26 Mai 1993, elle comprendra plus tard qu’elle a échappé à un piège de proxénètes.
Commence alors sa vie de femme.
Femme de footballeur certes, elle épouse Didier Otokoré à Auxerre le 6 Septembre de la même année. Mais aussi femme tout court. Il lui faudra faire face à sa mutilation c’est la compréhension d’un médecin libanais qui lui permettre d’accéder à la féminité mais aussi à la maternité. Elle est la mère de deux garçons Kévin et N’ry.
Refusant la vie oisive et luxueuse de femme de footballeur elle continuera ses études puis cherchera du travail. A Auxerre elle constate combien l’Afrique est méconnue. Elle s’investit pour que les choses changent et crée une association l’AMCA (Association pour mieux connaître l’Afrique) qui deviendra plus tard Aider et Mieux Connaître l’Afrique. Ce sera l’occasion d’une autre rencontre : Sylvette, une militante avec laquelle elle se liera très vite d’amitié.
Femme de footballeur implique de vivre au gré des transferts, il lui faudra donc suivre son footballeur de mari à Guingamp, Cannes, Auxerre à nouveau, et enfin les Emirats. A trente ans Didier Otokoré met un terme à sa carrière de footballeur et rentre au pays en Côte d’Ivoire.
Safia ne se retrouve pas dans cette vie et son époux converti à l’islam et sensible aux commentaires de son entourage n’apprécie plus l’indépendance de sa femme. Ainsi se termine leur mariage.
Safia rentre seule pour Auxerre et commence un nouvelle vie : celle de mère célibataire. A trente ans, pour la première fois elle est maîtresse de son destin. |
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Safia Otokoré
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cr-bourgogne.fr |
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Professeur d’Education Physique et Sportive, elle prend sa carte au Parti Socialise convaincue par son amie Sylvette. Cruellement déçue par sa première réunion à la circonscription elle renonce, lorsqu’elle est contactée pour figurer sur la liste des municipales. Elle refuse de s’investir dans cette campagne s’il s’agit de faire des promesses qu’elle ne saurait tenir, si elle est juste un alibi.
Elle obtient gain de cause : on lui promet un siège au conseil municipale en cas de victoire de la liste PS. Le 28 Mars 2001 la liste PS l’emporte. Safia entre en politique par la grande porte.
Elle s’implique activement dans la vie des quartiers une des ses nombreuses attributions. Elle découvre aussi la difficile équation : femme active, militante politique et mère. En politique peut-être plus qu’ailleurs, les femmes doivent en faire toujours plus ! Qu’à cela ne tienne pour les régionales Safia rempile. Entre temps elle a eu l’occasion de rencontrer François Hollande et les grandes huiles du PS lors du congrès de Dijon de 2002, après la débâcle des présidentielles. Sensible aux idées de Hollande elle s’en rapproche et il la nommera plus tard chargée des sports au Secrétariat National du Parti.
La victoire du PS aux élections régionales en Bourgogne fait de Safia une double élue locale. Au conseil régional on lui confie la délégation sport jeunesse et lutte contre les discriminations.
Safia, à qui la vie ne promettait rien a réussi là où personne ne l’attendait, première adjointe au maire noire d’Auxerre, première femme noire au Secrétariat National du Parti Socialiste.
La vie ne lui promettait rien voilà pourquoi elle n’a jamais cessé de se battre et qu’elle continue de le faire pour elle mais pour toutes les autres Safia, femmes noires parfois musulmanes qui tous les jours doivent en faire toujours plus pour prouver leur valeur et se faire une place dans la société.
Parler de ce livre c’est parler de Safia, de son histoire des ses combats des ses douleurs mais surtout de ses victoires. Ici point d’analyse littéraire ou stylistique. On pourra peut être regretter une fin du livre un peu trop politisée, mais comment taire ses opinions quand on se raconte soi ?
Voilà pourquoi de ce livre il faut surtout retenir le parcours exceptionnel, d’une femme qui ne l’est pas moins. La vie de Safia c’est un peu un conte de fées. Tout simplement.
Informations pratiques
« Safia, un conte de fée républicain » de Safia Otokoré
Editions Robert Laffont
Format : Broché - 244 pages
ISBN : 2221103084
Les livres coûtant le même prix dans toutes les librairies françaises, nous pouvons recommander aux personnes intéressées par ce livre de penser à la librairie Anibwé:
52 rue Grenata 75012 Paris
Métro Etienne Marcel sur la Ligne 4
Téléphone / Fax : 01 45 08 48 33
E-mail : k2inter@voila.fr |
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