
« Le droit du sol ne doit plus être un tabou », a lancé François Baroin, ministre de l’Outre-Mer dans les colonnes du Figaro Magazine. Et le ministre de proposer de restreindre l’accession à la nationalité française à la naissance sur le territoire dans « certaines collectivités d’outre-mer »....
« À Mayotte, dit-il, j’étudie la possibilité de limiter à un délai d’un an après la naissance de l’enfant la période pendant laquelle un Français peut reconnaître un enfant naturel dont la mère est étrangère... On peut également poser la règle de régularité du séjour des parents comme condition pour l’accès ultérieur des enfants à la nationalité française... »
La France donne son avis.
Quant à Christiane Taubira, députée PRG de Guyane, elle, a estimé que mobiliser les « moyens de l’État pour faire la chasse à l’homme, reconnaissable au faciès et à la pauvreté, ne fera pas baisser le chômage, n’augmentera pas les places manquantes dans les établissements scolaires, ne redonnera pas espoir à une jeunesse privée de perspectives, ne résoudra pas les problèmes de santé publique, ne stimulera pas les économies abandonnées à la spéculation ou à des concurrences déloyales ».
SOS Racisme a pour sa part rappelé que « le droit du sol fait partie intégrante du pacte républicain et invoquer sa remise en cause à des fins de lutte contre l’immigration clandestine ne saurait faire oublier cette réalité ».
Le MRAP a accusé le ministre de « prendre les populations d’outre-mer comme cobayes pour expérimenter cette offense contre le principe fondamental du droit du sol, comme si la couleur de la peau de ces populations pouvait permettre cette entreprise. Cela illustre une fois de plus jusqu’où l’obsession de la lutte contre l’immigration peut conduire : jusqu’à la remise en cause du fondement de notre République ».
Autre réaction, celle du PS pour qui « cette proposition n’apporte aucune réponse réelle au problème migratoire dans les territoires d’outre-mer, mais sera la porte d’entrée d’une remise en cause du droit du sol partout en France, visant clairement tous les étrangers et leurs enfants, remettant en cause le modèle républicain français ». Pour les Verts, le gouvernement semble « vouloir recycler les idées frontistes ».
Fernanda Marrucchelli, pour le PCF, précise : « François Barouin se comporte en épicier en se servant des immigrés pour faire son marché de voix aux élections. Il ne connaît pas la loi. Les enfants nés sur le territoire, de parents étrangers, ont seulement vocation à devenir Français, il faut en confirmer cette volonté à treize ans, et, pour les enfants nés d’un parent français marié à un étranger, ce n’est pas le droit du sol qui s’applique mais la filiation. En s’attaquant au coeur de la Constitution, il flatte les instincts xénophobes, attise les fantasmes d’invasion, stigmatise des populations qui ont profondément besoin de considération et de droit. C’est indécent. »
L’une des rares réactions en faveur de cette idée est venue de Jean Marie Le Pen.
Le président du FN, a jugé mardi "un peu tardives" les déclarations du ministre de l'Outre-Mer François Baroin sur le droit du sol, estimant que la réforme du code de la nationalité française est une "nécessité absolue".
Dans son projet pour la présidentielle de 2002, le FN proposait que le droit du sang remplace le droit du sol pour l'acquisition de la nationalité française, en vertu du principe: "Etre Français, cela s'hérite ou se mérite".
Un débat à suivre dans les jours à venir sur grioo.com |