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Lettre ouverte des journalistes de Martinique à Monsieur Patrick De Carolis Président Directeur Général de France Télévision |
Monsieur le Président,
Nous avons écouté avec effarement et révolte le dialogue entre Madame Elisabeth Lévy et Monsieur Paul Nahon, Directeur de l’Information de France 3, lors de l’émission de France Culture « Premier pouvoir » du 10 septembre 2005.
Abordant le traitement de l’information par les médias à l’occasion des tragédies de l’été, Paul Nahon a tenu des propos inadmissibles.
Ainsi la cérémonie d’hommage aux victimes du crash aérien du 16 août qui a provoqué la mort de 161 personnes, dont 152 Martiniquais, est qualifié par lui de « cérémonie ridicule ».
En notre qualité de journalistes de Martinique, nous sommes blessés et honteux.
Blessés pour nos compatriotes, honteux pour notre profession.
Comment peut-on admettre qu’un journaliste, pervertisse ainsi le traitement de l’information ? Nous nous interrogeons sur la crédibilité de ce journaliste chargé de diriger l’information à France 3.
Monsieur le Président, nous journalistes de Martinique considérons que Monsieur Paul Nahon doit des excuses publiques à la population martiniquaise directement touchée par ce drame.
Monsieur le Président nous attendons de vous une réponse à la mesure de l’insulte infligée à nos populations et à notre profession.
Fort-de-France le 27 septembre 2005
Copie à nos consoeurs et confrères de la presse nationale et internationale.
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La chronologie de l’émission |
Emission "Premier pouvoir" de Elisabeth Levy du 10 Septembre 2005 sur France-Culture
Thème: "La mort nous va si bien."
L’émission n’est plus écoutable en ligne, un lien vous sera communiqué très prochainement.
Intro de Elisabeth Levy: l’explication du monde se réduit de plus en plus à un tour du monde de la souffrance...
Exemples commentés: Crash Martiniquais, Incendies Noirs Immeubles, Katrina en Lousiane (que des drames concernant quasi-excluvement que des Noirs), quasiment rien (juste panique à Bagdad) sur les autres drames de l'actualité: Palestine/Israël évacuation colons, Tsunami indonésie, etc, et aucune référence aux commémorations récentes de la Shoah et leur aspect "émotionnel" et "compassionnel" pourtant évident.
4:33
- Elisabeth Levy: "Est-ce que - peut-être que vous pensez que sur les tragédies, qui ne manquent pas dans ce monde, la télé en fait un peu trop ?"
- Paul Nahon: "Oui, en fait un peu trop sur le plan compassionnel, on pleure avec tout le monde, (...) "
5:11
- Elisabeth Levy: "Sur l'une de ces tragédies il y a eu une couverture particulièrement abondante (...) l'accident d'avion au Vénezuela (...)"
6:24
- Elisabeth Levy: "Paul Nahon vous avez répondu (...) On en a fait trop en volume et on n'a pas fait très bien (...) " (à propos des cérémonies de Martinique)
- Paul Nahon: "c'est un peu plus compliqué que ça, des gens étaient dans le malheur absolu (...)"
11:23
- Paul Nahon: "Qu'on en ait fait trop sur la Martinique ou le Vénézuela, tout à fait d'accord".
15:04
- Elisabeth Levy: "On a un peu l'impression que tout finit par se ressembler, qu'il s'agisse de l'accident d'avion, du cyclone, de l'incendie, on couvre tout un peu de la même façon."
17:28
- Elisabeth Levy: "Est-ce qu'il n'y a pas là finalement un risque de banaliser toutes les tragédies ?"
17:41
- Paul Nahon: "En 50 secondes ou une minute, vous mettez deux choses qui n'ont strictement rien à voir, la cérémonie compassionnelle un peu ridicule de la Martinique (...) et ce qui s'est passé en Louisiane, c'est pas tout à fait la même chose (...) il y a une cérémonie ridicule qui a été diffusée sur toutes les chaines (...)
(à propos d'extraits sons de journaux diffusés auparavant dans l'émission, et sur le type de traitement, reality-show ou non)
29:42
- Elisabeth Levy: "(...) sur le Vénézuéla (...) une forme de délectation (...)
On nous a parlé des corps disloqués, des bouts de membres (...)"
30:04
- Paul Nahon: "C'est pas ça qui me pose problème moi, c'est la cérémonie,
compassionnelle, avec tous les acteurs politiques qui n'ont rien dit, parce que plus personne n'a rien à dire, et que ces cérémonies sont faits pour expier, je ne sais pas quoi, mais pour expier, pour réunir tout un peuple dans une sorte de communion ridicule, où on essaye encore une fois de faire participer les gens, à une télévision (...) pour être moins seul"
38:32
- Antoine Perrault: "(...) Il faudrait peut-être que (...) la télévision cesse de faire des putsch vers la télévision cérémonielle ou compassionnelle (...)"
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