
L'Union européenne et son homologue africaine ont scellé un partenariat stratégique qui devrait se traduire par une augmentation considérable de l'aide au développement de l'Afrique.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, et celui de la commission de l'Union africaine, l'ancien président du Mali Alpha Oumar Konaré, se sont rencontrés pour célébrer la publication de la stratégie de Bruxelles pour parvenir à l'objectif que l'UE s'est fixé.
En juin dernier, les dirigeants européens ont décidé que leur aide publique au développement (APD) atteindrait 0,56% du Revenu national brut (RNB) d'ici à 2010, une étape vers le but final, qui est d'atteindre le seuil de 0,7% en 2015.
Dans le même temps, l'UE, qui fournit déjà 60% de l'APD mondiale à l'Afrique, prévoit de consacrer au moins 50% de l'aide nouvelle à l'Afrique. L'enveloppe passerait de 17 milliards d'euros aujourd'hui à 25 milliards en 2010.
Cette décision s'inscrit dans les "objectifs du Millénaire" de l'Onu, qui prévoit de réduire la pauvreté de moitié dans le monde et de lutter contre des pandémies comme le sida.
"Il faut maintenant avoir des résultats concrets", a déclaré Barroso lors d'une conférence de presse commune avec Konaré. "Ce partenariat doit bénéficier d'un financement adéquat."
Son homologue africain s'est montré plus sceptique.
LES "DOUTES" DE L'AFRIQUE
"Permettez-moi, tant que je ne le verrai pas en oeuvre, d'en douter", a expliqué le président de la commission de l'Union africaine, qui compte 53 pays, en évoquant "le discours qui dure depuis 30 ans" sur une APD qui atteindrait 0,7% du RNB.
Du côté européen, on y croit cependant.
La stratégie proposée par la Commission aux gouvernements de l'UE est en effet le résultat de longues consultations avec l'Union africaine, qui s'est engagée à respecter certaines exigences dont la violation fait jusqu'à présent hésiter les donateurs étatiques tout comme les investisseurs privés.
Développement durable, bonne gouvernance, coopération entre les pays africains, règlement pacifique des différends, respect des minorités : l'aide européenne est conditionnée.
Les Africains, de leur côté, acceptent cette contrainte.
"En face, vous avez un partenaire qui entend se prendre en charge", a expliqué Konaré en reconnaissant la responsabilité des dirigeants africains dans les conflits et la corruption.
L'Union africaine, a-t-il dit, est consciente de la nécessité de réaliser un marché unique en Afrique avant d'espérer pouvoir pénétrer les marchés européens.
Mais ces derniers, a-t-il plaidé, doivent être plus ouverts et moins subventionnés par l'UE si les Européens veulent que cesse l'afflux d'immigration clandestine en provenance d'Afrique sub-saharienne, qui provient surtout des zones rurales.
Source : Reuters |