
L'égalité homme-femme et la santé en matière de procréation sont essentiels pour tenir les objectifs du Millénaire pour le développement, qui visent à réduire de moitié l'extrême pauvreté dans le monde d'ici 2015, affirme le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) dans une étude publiée mercredi.
Le rapport de l'organisation sur l'"Etat de la population mondiale 2005" souligne que c'est dans les pays pauvres que la discrimination sexuelle pèse le plus lourdement. Sans ce handicap, les femmes "voient augmenter leurs capacités et leurs gains potentiels" et peuvent ainsi davantage contribuer au bien-être de leurs enfants et de leur famille.
L'égalité des sexes fait partie des huit objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et est "indispensable à la réalisation des sept autres", affirme le rapport. Mais "la santé en matière de procréation est la clef de la réalisation des OMD, y compris (...) de l'égalité des sexes". Les investissements dans ces deux domaines "offrent des bénéfices multiples qui peuvent accélérer le progrès économique et social", selon le FNUAP.
Le rapport évoque plusieurs priorités, notamment l'éducation des femmes, alors que l'on compte près de deux fois plus d'analphabètes chez celles-ci que chez les hommes. Les gouvernements doivent également lutter davantage contre les problèmes de santé en matière de procréation, qui sont "la cause majeure de décès et d'invalidité des femmes dans le monde" et peuvent être prévenus pour la plupart.
Facteur crucial, la santé en matière de procréation influe directement sur trois objectifs fixés lors du sommet du Millénaire en 2000: réduire la mortalité des enfants de moins de cinq ans, améliorer la santé maternelle et combattre le VIH/SIDA.
Le FNUAP appelle également à offrir des perspectives économiques aux femmes, qui font face à "de nombreuses formes de discrimination" dans le monde du travail, surtout dans les pays pauvres.
Le rapport dénonce aussi les violences sexistes: "au niveau mondial, une femme sur trois a été battue, contrainte à avoir des rapports sexuels contre son gré ou victime de sévices." Viols, mutilations génitales, "crimes d'honneur"... ce fléau prend de nombreuses formes et tue ou blesse autant de femmes âgées de 15 à 44 ans que le cancer.
"Les conclusions des experts sont claires: l'investissement dans l'égalité des sexes, la santé en matière de procréation et le développement des jeunes a des effets économiques et sociaux multiplicateurs à court et long terme", souligne le rapport.
Beaucoup d'autres facteurs handicapent le développement des pays pauvres, notamment les guerres et les catastrophes naturelles. Les crises humanitaires débouchent souvent sur une insécurité économique et sociale sur le long terme, note le FNUAP. "Sur les 34 pays les plus éloignés d'atteindre les OMD, 22 sont plongés dans un conflit ou en sortent."
Une plus grande implication des pays riches serait également la bienvenue. D'après le rapport, l'ensemble des OMD, qui vont de l'élimination de l'extrême pauvreté et de la faim à l'éducation primaire pour tous en passant par la lutte contre le SIDA, pourraient être financés si les pays industrialisés respectaient enfin leur promesse faite il y a 35 ans de verser 0,7% de leur revenu national brut (RNB) à l'aide publique au développement (APD).
Source : AP |