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L'Afrique pas mure pour la démocratie?
01/11/2005
 

Retour sur un débat très en vue dans les années 90
 
Par Paul Yange
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Jacques Chirac  
Jacques Chirac
 

L’Afrique était-elle mure pour la démocratie ?

Lors de l’effondrement de l’empire soviétique à la fin des années 80, les aspirations démocratiques des peuples africains conduisirent François Mitterrand à demander aux chefs d’Etat africains de se mettre à la démocratie. Cela se passait lors du fameux sommet de La Baule (20 juin 1990).

Cependant, pour quelques personnalités, et pas des moindres, l’aspiration des africains à la démocratie n’allait pas de soi. Ainsi, en février 1990 lors d’une interview sur Europe 1, la journaliste catherine Nay demanda à Jacques Chirac, qui n’était pas encore chef de l’Etat, "s’il n’était pas un peu raciste de dénier aux africains, le droit d’avoir plusieurs partis comme n’importe quel citoyen du monde".

Et Jacques Chirac de répondre : "C’est que les pays d’Afrique ont une caractéristique, c’est d’être divisés, non pas par l’idéologie. Il n’y a pas d’affrontement idéologique entre Africains dans tel ou tels pays, mais des divisions ethniques. Il y a dans ces pays un très grand nombre de tribus qui ont leurs traditions, qui ont leur culture, qui ont leur histoire et qui se sont toujours battus. Le grand effort des dirigeants modernes de ces pays depuis les indépendances, c’est de rassembler ensemble ces gens, de les faire s’entendre et de réaliser l’unité nationale et l’effort de redressement. Dès que vous envisagez la création, comme cela, simplement parceque l’Europe considère que c’est bien, d’un certain nombres de partis, ce que je peux comprendre, que se passe t-il ?

Vous avez immédiatement un parti par tribu et au lieu d’avoir la démocratie, vous avez l’affrontement et un risque d’anarchie. Il faut tout de même réfléchir avant d’imposer à tous ses certitudes. La démocratie peut revêtir un certain nombre de formes. J’entendais tout à l’heure qu’on avait le choix entre un parti et un autre parti. Cela n’a aucun sens en Afrique où il n’y a pas de clivages idéologiques."
(1)

Jacques Chirac en faisant cette déclaration datant du début des années 90 révèle t-il ses convictions profondes ou fait-il parler ce qu'il pense être l'intérêt? Est-il réaliste ou afropessimiste? Toujours est-il que sa déclaration relève un peu (beaucoup!) de la mauvaise foi (même si personne bien évidemment ne nie l’existence et les dégâts causés par le tribalisme en Afrique).

En effet, avant même les indépendances, un bon nombre de pays d’Afrique, y compris en Afrique dite "francophone", vivaient le multipartisme, sans que cela soit lié à un clivage ethnique. Le Cameroun comptait plusieurs partis dont le plus célèbre était l’Union des Populations du Cameroun de Ruben Um Nyobé. Si Lumumba devint premier ministre, c’est parceque son parti avait gagné les élections. Idem au Ghana où le parti de Nkrumah triompha haut la main, ce qui conduisit celui-ci à devenir chef de l’Etat du Ghana lors de l’accession à l’indépendance en 1957.


On pourrait multiplier les exemples. L’avènement du parti unique en Afrique est simplement liée à l’avènement de dirigeants qualifiés de « guides » de la nation ou de "sages", mais qui étaient surtout des dictateurs ne supportant pas la contradiction et prêts à tout pour conserver leur pouvoir.



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Senghor, Mobutu, Houphouët et Ahidjo, quelques dirigeants des après-indépendances qui furent considérés à diverses époques comme des "sages". A tort ?  
Senghor, Mobutu, Houphouët et Ahidjo, quelques dirigeants des après-indépendances qui furent considérés à diverses époques comme des "sages". A tort ?
 

Jacques Chirac, toujours au cours de l’année 1990, faisant preuve de ce qu'il faut bien appeler "realpolitik" ne trouvait rien à redire au système du parti unique :

"on ne peut pas juger la démocratie d’un pays sur le fait qu’il y a ou non multipartisme. (...) Il y a des régimes à parti unique où la démocratie est parfaitement respectée : je pense à la Côte d’Ivoire". Pourtant à l’époque où il s’exprime, Jacques Chirac sait parfaitement que toute parole dissidente y était plutôt durement réprimée. (2)

Ce n’est pas une quelconque tradition ou une spécificité culturelle qui ferait des africains des individus inaptes à la démocratie et au multipartisme. Evidemment, après une bonne trentaine d’années de parti unique sous la férule de potentats locaux, il est facile de mettre en exergue l’échec de la démocratie en Afrique, encore que les situations soient assez variables selon les pays. Les transitions politiques au Ghana, au Kenya, au Sénégal, l’avènement de la démocratie sud-africaine à qui les oiseaux de mauvaises augures promettaient le pire montrent que la démocratie a sa place en Afrique. Si le multipartisme avait continué à s’appliquer après les indépendances, l’Afrique aurait gagné du temps en ce qui concerne l’enracinement de pratiques démocratiques modernes.

La tendance dans ces années 90 veut donc que les africains ne soient pas capables de prendre en main leur destinée. Stephen Smith, (déjà à l’époque), n’est pas en reste puisque dans un article intitulé le "rêve fracassé de Freetown", il voyait le Liberia comme "la tombe de quelques idées généreuses que l’Afrique laissée aux seuls africains n’est pas en mesure de défendre". (3)

Quelques individus décidément très généreux iront même jusqu’à demander la mise sous tutelle de l’Afrique. Ainsi a t-on pu lire sous la plume d’un journaliste (Jean-Louis Dufour) dans le Figaro en 1996 le paragraphe suivant :

"La prise en tutelle est une aventure. Il y faut une volonté politique aujourd’hui inexistante. N’apparaîtra t-elle pas demain indispensable ? En Afrique, l’Europe, sur incitation des Nations-Unies, pourrait se sentir concernée. L’expérience coloniale de ses Etats, mais aussi l’Histoire et la raison devraient inciter l’Union européenne à prendre en charge tel ou tel territoire décidément sans autre maître que des bouffons ; sans autre loi que celle d’un potentat d’un moment. La tutelle durerait le temps nécessaire dûment estimé par l’Assemblée générale des Nations-Unies pour que les habitants du pays considéré, soient jugés capables de gérer leurs propres affaires..." (4)

Ce qui est préconisé n’est rien moins d’autre que grosso modo la recolonisation de l’Afrique ou au moins l’idée selon laquelle les africains seraient de grands enfants incapables de se prendre en main. Une image qui a la peau dure, et que les éditoriaux à sens unique, et une certaine propagande, de même que des ouvrages du type « Négrologie » contribuent à propager.

(1) David F Junior, quand l’Afrique s’éveillera, ed Nlles du Sud, 1998 p65
(2) Cité par Sophie Bessis, l’occident et les autres, histoire d’une suprématie…p 293
(3) Cité par Sohie Bessis, l’occident et les autres, histoire d’une suprématie, p 97
(4) David F Junior, quand l’Afrique s’éveillera, Ed Nlles du Sud, 1998 p 46









       
Mots-clés
afrique   cameroun   democratie   ghana   patrice lumumba   senegal   
 
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