|
 |
  |

Pouvez-vous vous présenter aux internautes ?
Je suis antillais de mère martiniquaise et père guadeloupéen. Je vis en Guadeloupe. A part ma profession de comédien, je suis directeur des affaires culturelles de la ville de Basse-terre.
Comment êtes vous passé d'un rôle de directeur des affaires culturelles à celui d'un comique qui se produit sur scène ?
La comédie fait aussi partie de la culture. Ma formation universitaire avait un volet théâtre et animation. J'ai toujours fait du théâtre, puis je suis devenu président du prix Carbet de la Caraïbe. Ce prix est un prix regroupant les écrivains. Nous essayons d'avoir une analyse et undécryptage des sociétés noires qui sont actuellement en choc avec les autres sociétés.
Pouvez-vous nous présenter votre spectacle ?
Le point de départ de ce spectacle est un drame qui s'est déroulé aux Antilles et dans cette petite communauté, un jeune noir antillais assassine un prêtre blanc de la paroisse.
Toutes les communautés de Guadeloupe et de Martinique sont choquées, et personne ne comprend pas comment on a pu en arriver là. Je profite de ces circonstances pour décrire notre condition de Noirs vivants sous les « cendres » d'anciennes plantations, notre condition de Noirs emmenés d'Afrique. J'essaie de voir comment nous nous débrouillons actuellement avec cette modernité qui nous chahute et nous ballote. Qui nous assassine en somme. |
|

Votre spectacle est entièrement en créole. Pourquoi ce choix d'une part et est-ce que cela signifie que ceux qui ne parlent pas créole sont d'emblée exclus de votre spectacle ?
Ce que je veux dire c'est que la langue créole est une langue de combat, forgée par les africains déportés. Cette langue créole est une langue assez violente, mais qui recèle en même temps beaucoup de poésie et est chargée d'histoire. Le rôle de ceux qui veulent défendre cette langue doit être de la revaloriser et de la remettre sur scène.
C'est une langue multilingue, c'est-à-dire qu'elle recèle en elle de l'anglais, du français, des langues africaines, etc..., donc c'est une arme interessante pour échanger avec le monde et se confronter avec lui. Mais en même temps, pour ceux qui ne la comprennent pas, nous avons prévu un sous-titrage. Chacun de mes spectacles est sous-titré en français, on peut donc lire les sous-titres pendant le spectacle.
Les DVD du spectacle seront également sous-titrés. Il y aura également un DVD traduit en français et en anglais.
Pouvez vous nous décrire un ou deux sketchs composant le spectacle ?
L'histoire que je raconte n'est pas à proprement parler celle du jeune nègre. J'essaie de parler de son environnement, et de son environnement parental. Le père antillais par exemple a un rôle très complexe. On dit beaucoup de choses de lui, on dit parfois qu'il est absent. Il ressemble un peu au « bon français »., avec plus de dérives, d'extrême, mais plus de beauté et de créativité.
Et c'est aussi quelqu'un haut en couleur. Donc je dresse le portrait du papa et j'essaye d'expliquer par quelle femme négresse il a été élevé, comment il réagissait lorsqu'il était petit, quel était son rapport avec les femmes, avec les filles.
J'essaie de montrer comment il s'est débrouillé pour avoir une femme, quelles sont les attitudes qu'il adoptait. |

C'est le jeune homme qui fait appel à une technique divine durant un sketche?
Exactement. Il implore Dieu pour trouver sa femme. Les antillais pensent que dans les groupements religieux qui prolifèrent chez nous, on trouve de meilleures femmes que celles qui existent dans le monde, plus saines, plus « propres ». Et c'est cette attitude qu'adopte notre personnage.
Il commence à être un fidèle membre de l'église jusqu'à se qu'il rencontre une femme dans cette église. Mais il y a d'immenses déconvenues qui font éclater de rire, mais qui sont aussi très criantes de réalité.
Au-delà de ça, qu'aimeriez-vous que les gens retiennent de votre spectacle ?
Je ne fais pas de militantisme. Ce que je voudrais que les gens voient c'est nous-mêmes. Toute communauté appartient au monde, et toute personne qui appartient à une communauté doit pouvoir se forger une identité. Il faut que nous arrivions à nous voir tels que nous sommes, c'est pour ça qu'il y a des passages difficiles à supporter. C'est pour ça aussi qu'il y a des passages qui nous font éclater de rire, mais de rire jaune. Il faut que ces communautés noires arrivent à bien comprendre comment elles sont, et ce qu'elles sont entrain de vivre. Quels sont leurs travers, leurs défauts, mais aussi leurs immenses qualités que souvent elles n'arrivent pas à exploiter. Donc c'est cela que je veux montrer au fond. Je veux faire une sorte de photographie du déroulé de nos vies et à partir du moment où la pièce plaît, que les gens rient et qu'en même temps ils en comprennent le sens, alors le tour sera joué. |

Avez-vous un message à passer à ceux qui viendront vous voir (ou ne viendront pas ?)
Je voudrais leur dire que nous devons arriver à remplir des salles comme l'Olympia, le théâtre Mogador et autres, tel est mon objectif.
Si j'ai cette ambition c'est que le nombre de spectateurs cumulés des représentations que nous avons effectuées en Guadeloupe est supérieur à dix mille. Je pense que le « bouche à oreille antillais » peut porter cette pièce jusque là où on ne l'attend pas.
La "rue Zabym" a rempli le Palais des Congrès récemment. Donc il y a de l'espoir.
Tout à fait. Mais je ne prendrai pas comme exemple La Rue Zabym, ce que réalisent ici Doc Gynéco, Passi, je trouve que c'est extraordinaire. Ce sont des jeunes de la communauté qui sont des précurseurs. Qui ont compris qu'il y a une manière intelligente de se comporter dans ce pays.
Pour finir, tout un symbole, après Sarcelles, vous l'antillais, vous jouerez à la Main d'Or, un théâtre appartenant à un africain ?
De toutes les manières, pour moi il est évident que je suis d'origine africaine. L'antillais que je suis est un antillais de culture créole, mais où la part africaine prévaut. Donc je sais d'oùje viens et j'ai la chance de pouvoir également dire que je sais où je vais.
Informations pratiques
Gérard Delver jouera "L'incroyable destinée de Monsieur Byennémé":
le Samedi 12 Novembre à Sarcelles, Rue taillepied 95200 Sarcelles village Gare de sarcelles-saint-brice
Infos/Réservations : 01 48 22 14 92 // 06 24 55 69 89 et 06 12 18 52 25
Théâtre de la Main d'Or, les 14, 20, 21 et 27 Novembre, 15 Passage de la Main d’Or - 75011 Paris |
 |
|
 |
 |
 |
 |
|
|
Donnez
votre opinion ou lisez les 6 réaction(s) déjà écrites
Version
imprimable de l'article
Envoyer
l'article par mail à une connaissance
Partager sur:
Facebook
Google
Yahoo
Digg
Delicious
|
|
|
Les dernières photos publiées sur Grioo Village |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Top |
|
|
|
|
|
|
  |
 |
|
|