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Helene Carrere d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l'académie française
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crise dans les banlieues : les fantasmes reviennent
Profitant des violences urbaines, la parole commence à se débrider à droite. Il y a quelques jours l’académicienne Hélène Carrère d’Encausse, spécialiste de la Russie, était interviewée par la chaîne de télévision russe NTV. L’académicienne connaît bien la Russie, mais son ouverture d'esprit est manifestement très limitée :
"Ces gens, ils viennent directement de leurs villages africains. Or la ville de Paris et les autres villes d'Europe, ce ne sont pas des villages africains. Par exemple, tout le monde s'étonne : pourquoi les enfants africains sont dans la rue et pas à l'école ? Pourquoi leurs parents ne peuvent pas acheter un appartement ? C'est clair, pourquoi : beaucoup de ces Africains, je vous le dis, sont polygames. Dans un appartement, il y a trois ou quatre femmes et 25 enfants. Ils sont tellement bondés que ce ne sont plus des appartements, mais Dieu sait quoi ! On comprend pourquoi ces enfants courent dans les rues."
Mme Carrère d’Encausse n’est manifestement pas plus intelligente que des gens qui sont beaucoup moins "cultivés" qu’elle. A droite, c’est la surrenchère : le ministre délégué à l’emploi, Gerard Larcher, a livré le fond de sa pensée dans un entretien à bâtons rompus (tous ses propos ne devaient donc pas être repris d'où sa "franchise") avec le "Financial Times" en disant que la polygamie était responsable des dernières violences urbaines.
Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l’assemblée nationale et Nicolas Sarkozy se sont engouffrés dans la brêche, même si Nicolas Sarkozy a tout de même eu la bonne idée de rappeler "qu’il n’y avait pas à lutter contre la polygamie" parcequ’elle était "interdite en France" (depuis 1993 NDLR). Rappelons à tous ces messieurs que la très grande majorité des étrangers ou des immigrés qui vivent en France ne sont polygames (10 000 foyers polygames recensés selon "Le Figaro" alors qu'on nous explique dans le même temps que la France est "envahie" d'immigrés polygames). |
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L'éditorialiste du journal "Le Point" Claude Imbert, qui s’était déjà illustré il y a quelques années par des propos douteux sur l’islam (il s’était dit "un peu islamophobe") écrit (cf Le Point du 10 novembre 2005, Page 3) :
"Car enfin, le déferlement, depuis trente ans, d’une immigration incontrôlée si étrangère à nos croyances, à nos mœurs et à nos lois avait d’ailleurs compromis le lent travail de biologie sociale que requiert une intégration heureuse, et d’ailleurs nécessaire. Le flux- celui surtout d’Afrique noire – sans cesse grossi par le regroupement familial – voire polygame, loin d’irriguer calmement la nation, aura constitué ces poches stagnantes où grouillent de mauvaises fièvres." On ne rêve pas : c'est bien un membre (ou ex membre) du Haut Conseil à l’intégration qui s'exprime! Il peine manifestement à comprendre que le problème des "banlieues" est avant tout un problème franco-français, et appuie son argumentation sur les clichés les plus éculés. on ne peut donc que s’inquiéter de l’efficacité de cette institution.
Jean-Marie Lepen s’est félicité dans un communiqué du front national que "l’un des tabous sur le désastre de l’immigration incontrôlée" ait sauté à la faveur de la crise des banlieues.
Quelques associations ont réagi aux propos de la droite débridée. Le Mrap a exprimé sa "consternation devant l’hystérie politique". Bernard Accoyer et Gérard Larcher ethnicisent une révolte révélatrice d’une faillite du modèle français d’intégration en renonçant à prendre en compte l’exclusion, la pauvreté, le chômage dans les zones de non-droit social que sont les cités populaires" a encore ajouté l’association. |

La Ligue des Droits de l’homme à quant à elle estimé que "Ni la polygamie, dont les premières victimes sont les femmes, ni le droit de vivre en famille n’expliquent la crise sociale qui s’exprime (...) Il est nauséabond et irresponsable de faire des étrangers la cause de la situation que connaît notre pays."
Par les temps qui courent, peu d’hommes politiques résistent à la tentation d'utiliser le bouc émissaire commode que représente "l’étranger" (non européen bien évidemment), qui pourtant est déjà précarisé, harcelé, sur le territoire français et pointé du doigt à chaque fois qu’un problème "lié à l’immigration" voit le jour. De nouveaux projets de lois sont déjà dans les cartons de l’UMP pour début 2006 : allogement des délais de naturalisation suite à un mariage (quatre ans au lieu de deux actuellement), durcissement des conditions de regroupement familial etc
Malheureusement, l’incapacité des politiques français à remettre en cause des concepts aussi dépassés que le concept "d’intégration" (un jeune né français en France où il a grandi doit-il "s’intégrer" ?), ou des clichés manifestement faux comme ceux véhiculés par Nicolas Sarkozy (un suédois qui ne parle pas français serait plus proche "culturellement" de la France qu’un jeune "issu de l’immigration", né en France, où il a grandi et où il est allé à l’école) est flagrantre.
Quand enfin lire un journal de son pays d’origine est considéré comme un signe de "communautarisme" (critère utilisé par les renseignements généraux dans un de leur rapport en 2004), on comprend que l'aveuglement des hommes politiques qui dirigent la France n’est pas prêt de prendre fin. |

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